Le choc tant attendu entre le PSG et le Barça n'a pas eu lieu mercredi soir. Les absences d'Ibrahimovic, Verratti, Motta et les retours à la compétition de Lucas et David Luiz ont clairement handicapé les joueurs de Laurent Blanc. Mais c'est au milieu de terrain que les parisiens ont sombré. Les habituels remplaçants non pas su saisir leur chance à l'image de Rabiot et Cabaye. Retour sur deux matches totalement différents : la victoire 3-2 en Septembre dernier et l'immense déception véhiculée mercredi soir.
Nombreux sont les supporters franciliens qui ne croyaient pas en leur équipe mercredi soir avant le début du match. La composition des équipes n’y était pas pour rien. En effet, les blaugranas se sont présentés au Parc des Princes quasiment au complet. On notait l’unique absence de Dani Alvès, suspendu, qui aurait de toute manière loupé les débats pour cause de blessure. Côté parisien, en revanche, l’hécatombe : pas d’Ibrahimovic, de Verratti, de Motta ni d’Aurier. Le retour à la compétition de Lucas et celui, improbable, de David Luiz, soigné en quatrième vitesse dans la république de Vladimir Poutine, n’ont pas permis d’aligner l’équipe type rêvée par Nasser El-Khelaïfi.
Affronter un grand Barça lorsque toute une colonne vertébrale est manquante, ce n’est certainement pas le moyen le plus simple pour découvrir les demies finales. Mais pire, c’est l’état d’esprit de Stamford Bridge qui a fait défaut mercredi soir. On ne sait pas encore bien si c’est Laurent Blanc qui avait demandé à ses joueurs de jouer très bas ou si les parisiens ont attaqué le match la peur au ventre mais le constat est là : défendre à trente mètres de ses buts, sans intensité, contre une équipe qui est habituée à ce genre de confrontation tous les week-end, et ce depuis plus de dix ans maintenant, ne pouvait être un gage de réussite. Pourtant, lorsqu’on y regarde de plus près, le onze titulaire de cette semaine n’était pas si différent de l’équipe alignée d’entrée en Septembre dernier. Un unique gros chantier : le milieu de terrain.
Les compositions
Composition du PSG mercredi soir :
Sirigu ; Van der Wiel-Silva-Marquinhos-Maxwell ; Cabaye-Rabiot-Matuidi ; Cavani-Pastore-Lavezzi
Composition du PSG en Septembre dernier :
Sirigu ; Van der Wiel-David Luiz-Marquinhos-Maxwell ; Motta-Verratti-Matuidi ; Cavani-Pastore-Lucas
Avec la sortie prématurée de Thiago Silva mercredi soir, remplacé par David Luiz, on s’aperçoit que seul Lavezzi vient modifier l’équipe titulaire (exception faite du milieu de terrain, objet de l’analyse). Alors bien sûr, vous me direz qu’un David Luiz des grands soirs n’a rien à voir avec celui de cette semaine, mais les lacunes les plus flagrantes ont été celles de l’entrejeu. Les habituels remplaçants que sont Cabaye et Rabiot avaient l’opportunité de démontrer leurs talents. Ils ont étalé leurs faiblesses.
Le manque d’aggressivité défensive
Les différents consultant télévisuels ou journalistiques ont pris pour habitude de regarder le nombre de fautes commises pour justifier l’intensité ou la passivité défensive d’une équipe. Prenons plutôt deux critères “de jeu” (le nombre de tacles et le nombre de récupération du ballon) et observons les joueurs les plus influents dans ces secteurs :
15 Avril 2015 :
Dans un cas, comme dans l’autre, on se rend compte que les milieux de terrain parisiens n’ont pas brillé dans ces deux secteurs. En terme de récupération du ballon, la présence des 4 défenseurs parisiens est une évidence. Cependant, l’exemple le plus marquant est peut-être celui de Javier Pastore, qui apparaît dans ce top 7. On sait que Laurent Blanc a travaillé depuis des mois sur le repli défensif de l’international argentin, mais de là à faire oublier le travail de Cabaye et Rabiot, il y a un monde.
Du côté des tacles, les deux français apparaissent, selon Opta, en 16e et 17e position. Rabiot a tenté et réussi un unique tacle, Cabaye en a tenté trois mais est rentré bredouille. Sacrée influence… Au final, Paris a réalisé 10 tacles de moins qu’en match de poule quand le Barça de Lucho (Luis Enrique, ndlr) en effectuait 11 de plus. Voici un premier indice qui permet d’expliquer comment le PSG a littéralement laissé l’entrejeu aux blaugranas. Busquet, Iniesta, Xavi et consort n’avaient pas besoin d’autant de largesse et de passivité pour prouver leur entente et leur intelligence de jeu.
A titre de comparaison, voici les deux mêmes tableaux, issus du match de Septembre dernier :
Les chiffres parlent malheureusement d’eux-mêmes. Le trio Motta-Verratti-Matuidi récupérait 13 ballons au cours de ce match, tentait 24 tacles pour 16 réussites. Un ratio incomparable avec le milieu Cabaye-Rabiot-Matuidi. Bien qu’ayant la même possession du ballon au cours de ces deux matches (33% pour les franciliens), la copie rendue ne donne pas la même impression. On a vu l’équipe de Nasser El-Khelaïfi reculer très bas et se contenter de coulisser latéralement pour combler les espaces. Pas de quoi impressioner nos adeptes préférés du tiki-taka.
Un apport offensif des plus limités
Offensivement, le compte-rendu n’est pas plus reluisant. Laurent Blanc a pris l’habitude, depuis deux saisons, de construire les attaques lentement, sans précipitation. Le contrôle du ballon et de l’entrejeu sont ainsi devenus primordiaux. Ils permettent aux milieux de terrain d’être de véritables rampes de lancement pour l’attaque parisienne. Combien de fois nous avons pu observer Marco Verratti lancer Blaise Matuidi ou Maxwell en profondeur, dans le dos de la défense adversaire ? Combien de décalages sur les côtés ont été inspirés par la vista de Thiago Motta ?
La semaine dernière, Cabaye, en tant que sentinnelle, et Rabiot, en tant que relayeur, n’ont pas su prendre le relais des deux italiens du PSG. Ils n’ont été à l’origine d’aucune occasion. Motta en avait créé trois, dont une débouchait sur un but. Seul l’ancien stéphanois gardait son rythme du match de poule : il a provoqué 2 occasions de buts lors des deux rencontres. Pas de quoi renverser la vapeur en faveur de Paris, mais de quoi démontrer qui est titulaire et qui ne l’est pas.
Mardi prochain, lors du match retour au Camp Nou, les parisiens seront dans l’obligation de réaliser un exploit. Le retour des titulaires aidera sûrement, tout comme l’esprit de Stamford Bridge. C’est au milieu de terrain que tout se jouera, le point fort du Barça et du PSG. Retrouver de l’intensité dans les duels et la capacité à ressortir proprement le ballon grâce à Verratti et Motta sera fondamental. Les dégagements à l’emporte-pièce seront à banir. La qualification sera toujours aussi compliquée à décrocher, mais sortir la tête haute est toujours plus agréable que la queue entre les jambes.