Il sera sûrement le Parisien le plus sifflé de ce début de saison, et pourtant il n'en a cure. Nous parlons bien de Benjamin Stambouli. Et alors que l'ensemble des supporters parisiens et marseillais se mettent pour une fois au diapason, je vais tenter de vous faire changer d'avis.
Il est rare que je prenne la parole directement, que j'emploie ce "je" si peu omniscient. Et pourtant il me semble désormais impossible de faire autrement. De faire différemment que livrer mon opinion, pas toujours objective, sur le sujet. Et donc, au risque de faire face aux contraintes émotionnelles, et donc parfois si peu crédibles, des supporters au coeur Rouge et Bleu qui ne souhaitent en aucun cas voir un Marseillais porter l'écusson parisien, je vais prendre la parole pour tenter de ramener à la raison ceux qui partagent avec moi cette passion du PSG, cet amour, cette folie.
Commençons tout d'abord par le commencement. Toutes les équipes françaises engagées en Ligue des Champions sont soumises à une même règle, simple au possible, à savoir détenir dans leurs effectifs un quota de joueurs formés en France. Il est donc tout naturel d'enrôler un Français à l'aube d'une nouvelle saison européenne. Le PSG, après tant de déboires suite aux confrontations avec les instances de ce beau continent qu'est l'Europe, tente du mieux qu'il peut de rentrer dans le rang. La venue de Benjamin Stambouli est donc d'un à-propos sans faille, fruit d'une réflexion pas si bête que ça.
De plus, et les gens auraient tendance à l'oublier, Benjamin Stambouli est loin d'être un mauvais joueur. Si sa carrière en Angleterre ne fut pas digne de rester dans les annales, je vous l'accorde, le joueur était une pièce inamovible de l'effectif montpelliérain champion de France en 2011-2012. Aux portes de l'Equipe de France, il attirait beaucoup de regards de clubs européens désireux de recruter au milieu. Avec pourtant un jeu digne de la Premier League, Benjamin Stambouli a largement de quoi tenir son rang en Ligue 1. Allez, voire plus qu'en Ligue 1. Soyons fous, rêvons plus grand.
Il faudrait ajouter, et je le fais, que Benjamin Stambouli n'a en aucun cas signé afin d'être titulaire au PSG, et ce même si Thiago Motta venait à quitter le navire. Il s'assiera donc sans souci sur ce richissime banc que détient le PSG. Alors oui, on le verra plus souvent en doudoune assis a encourager ses copains parisiens, mais on le verra rarement se plaindre dans les colonnes de L'Equipe. Benjamin Stambouli sait pourquoi il vient, et il s'en contente. Que demander de plus ?
Et pour finir, ouvrons désormais le champ des sentiments. C'est lors de son entrée en jeu face à la Fiorentina que l'idée de rédiger cet article m'est venue. En effet, là où Ibrahimovic était applaudi, chanté, aimé, l'ancien Spurs fût accueilli par une douce mélodie: "Marseille ! Marseille ! On t'encule !" Alors qu'habituellement, à la simple évocation de ces belles paroles me vient l'envie également de pousser la chansonnette, là je fut désarmé. Oui, il est vrai que j'étais ravi. Le supporter, le passionné que je suis de ce club si jeune et pourtant si riche en Histoire, ne peut qu'avoir envie de déblatérer cette rengaine qui fût longtemps ma sonnerie de portable. Bon sang quoi, un Marseillais à Paris. Il faut croire que chaque été, ces Marseillais vont quelque part. Cancun, Rio, Miami, maintenant Paris. Mais avec du recul, n'avons nous pas tant crié au scandale lorsqu'un supporter parisien signait chez l'ennemi intime? Alors pourquoi ne pas se réjouir de voir un Marseillais trahir son club de coeur chez nous ? N'avons nous pas retenu la leçon de Gabriel Heinze ? Ah…Gabi… Je me réjouis que mes pensées ne soient pas automatiquement retranscrites, ça fera un procès d'évité. Les ennemis de nos ennemis devraient être nos amis. N'avons nous pas aimé Claude Makélélé, Zoumana Camara, Jérôme Alonzo, Alain Roche, Laurent Fournier ? Alors viens mon petit Stambouli, viens. Viens aimer ton nouveau club à en oublier celui que tu portais dans ton coeur. Viens marquer contre eux pour ensuite célébrer ton but face à nous, le blason du PSG fermement tenu entre tes doigts. A l'image d'un Lorik Cana quand l'inverse se produisit. Lorik… pourquoi toi ?
Alors, au risque de faire face aux supporters primaires (heureusement, vous êtes peu) qui s'insurgeront à la lecture de cet article, moi je le dis, je le déclame, ma fenêtre grande ouverte: Bienvenue parmi nous Benjamin Stambouli.
Ne nous mélangeons pas les synapses, ne nous trompons pas d'ennemis, nos ennemis sont là : Modeste M'Bami, Lorik Cana, Fabrice Fiorèse, Habib Beye, Djamel Belmadi, Pascal Nouma, Florian Maurice, Cyrille Pouget, Patrick Colleter (toi en plus le PSG a préféré te conserver plutôt qu'enrôler Roberto Carlos), Jocelyn Angloma. Vous aussi, supporters du PSG, traîtres au plus haut point: Sylvain Wiltord, Dimitri Payet, Giannelli Imbula, Mario Lemina (oui, toi et moi on s'est parlé à Nanterre, entouré de tous tes amis portant le maillot du PSG, supporter inavoué que tu es), Alayxis Romao.
Bruno Germain, Tomislav Ivic, Abel Braga, Brice Dja Djé Djé, vous ne vous inquiétez pas, on s'en fiche. Georges Weah, Daniel Bravo, Bruno N'Gotty, Jérôme Leroy, Xavier Gravelaine, Sarr Boubacar, on vous pardonne.
Frédéric Déhu, toi j'hésite.