Le fair-play financier n’est pas encore entré en vigueur que déjà des voix s’élèvent pour le critiquer. Hier, l’avocat Jean-Louis Dupont s’est présenté devant la Commission européenne pour dénoncer l’UEFA qui veut imposer sa loi coute que coute. Aujourd’hui, un agent de joueur belge a porté plainte devant la Commission pour demander l’annulation pure et simple de ce règlement.
Cette réforme vise à obliger les clubs à ne pas dépenser plus que les bénéfices qu’ils génèrent. Ils ne pourront donc plus contracter de très grosses dettes. Le cas échéant, ils se verraient exclus des compétitions européennes.
Une loi illégale?
Reconnu pour avoir milité pour la mise en place de l’arrêt Bosman, l’avocat Jean-Louis Dupont dénonce l’illégalité de la loi. Il s’est expliqué dans un communiqué adressé à l’AFP : « Cette règle permet de punir les clubs qui dépensent trop, même si c’est dans le but de se développer ». Il dit aussi qu’elle créerait une réduction des activités des clubs et mènerait à une diminution des montants des transferts et des salaires des joueurs et des agents, ce qui est contraire à certaines lois européennes : « Cette règle affecte en outre le droit à la libre circulation des capitaux (des propriétaires de clubs), à la libre circulation des travailleurs (joueurs et clubs) et à la libre prestation de services (agents de joueurs). »
« Ses effets sont néfastes ! »
L’agent de joueur belge Daniel Striani a clamé haut et fort son indignation. Il a officiellement porté plainte contre l’UEFA auprès de la Commission européenne. Il a ainsi expliqué dans le journal Le Soir que « si le but du fair-play financier est sans doute louable, ses effets sont néfastes. Je ne vois pas pourquoi on plafonnerait les salaires et pourquoi on empêcherait un investisseur de mettre de l’argent dans un club ».
Afin de justifier l’action devant la Commission de son client, Maitre Dupont a déclaré : « En d'autres termes, cette règle interdit à un propriétaire de club d'injecter ses propres fonds dans son propre club afin de le faire grandir selon sa propre conception. »

De son côté, l’UEFA a réagi à ces déclarations en répondant que « la Commission européenne, le Parlement européen, les clubs, les Ligues et l'Union des joueurs ont apporté un support total au fair-play financier ».
Brève piqure de rappel !
Rappelons que le but premier de l’Union Européenne des Associations de Football (Michel Platini en tête de file) en créant le fair-play financier était de lutter contre les déficits monstres des clubs du Vieux Continent. La mesure prévoit qu’un club ne pourra se permettre plus de 45 millions d'euros d'endettement jusqu'en 2013 dans un premier temps. Puis il devra présenter un bilan équilibré (30 millions d'euros les trois suivantes). C'est-à-dire que les possibles sanctions pourraient tomber dès la saison 2013-2014 et l'éviction des coupes européennes dès la saison suivante (2014-2015). Ce qui signifie que des clubs tels que Manchester City, Chelsea ou encore Paris seront surveillés de près.
Une réforme difficile à accepter sur les bords de la Seine !
Il y a quelques mois (en avril 2012), Leonardo, le directeur sportif du PSG, avait fait part dans le journal l’Équipe de son hostilité envers le fair-play financier : « Le fair-play financier, c'est quoi? Dépenser ce que tu gagnes. Barcelone ou le Real Madrid perçoivent des droits TV cinq fois supérieurs à ce qu'on touche en France, leur merchandising rapporte quatre ou cinq fois plus. Si tu ne peux dépenser que 100 millions d'euros, c'est impossible de faire une équipe compétitive en Ligue des champions ».
Pour le moment, on ne sait pas si d’autres acteurs influents du monde footballistique emboiteront le pas. Mais aussi, la Commission européenne n’a pas encore dit quand elle étudiera et statuera sur la plainte.