Pour vous permettre de prendre part de façon actif à la vie du site, LMDPSG a lancé une nouvelle rubrique.
Désormais tous les mois, des thèmes au choix vous seront proposés via le facebook du site. Le thème qui sera le plus plébiscité fera l’objet d’un dossier où vos commentaires seront repris.
Et cette semaine, votre sujet favori concerne l’ambiance ou plutôt l’absence d’ambiance au Parc des Princes. Votre participation a été des plus active et vos commentaires des plus passionnants.
• Rappel historique
L’ambiance du Parc des Princes est depuis le plan Leproux un sujet à débat qui divise les supporters. Mais pourquoi ? Petit rappel historique pour débuter.
Les tensions et violences qui opposent la tribune Boulogne et Auteuil remontent aux années 1990. Déjà avant la création des Supras, qui a été le premier groupe de supporter créé à Auteuil en 1991, certains supporters massés en tribune Boulogne inquiétés par l’accroissement du hooliganisme.
Dès les années 90, Canal +, alors à la tête du PSG, espère éradiquer ce mouvement violent. Auteuil étant une réponse à ce problème.
Par la suite, l’opposition entre certains supporters des deux camps ne va cesser de prendre de l’ampleur notamment durant les déplacements de ses supporters.
Mais cette dichotomie entre les deux « camps » se fait de plus en plus sentir dans les années 2000 notamment lors du dernier match de la saison en 2003. Le club de la capitale se déplaçait alors à Auxerre. Les indépendants du Kop de Boulogne, qui avaient fait le déplacement, envahissent l’étage inférieur du parcage où se trouvaient les Supras. Un affrontement qui se réitéra au Stade de France, toujours en 2003, lors de la finale de la Coupe de France où Boulogne agresse à nouveau « l’ennemi », parisien pourtant.
Ces violences entre les supporters parisiens amèneront le club à durcir leur politique de sécurité. Le PSG sera par ailleurs condamné à disputer des rencontres à huis clos.
L’affaire du supporter tué en novembre 2006 par un policier vient salir encore plus la réputation des supporters parisiens. L’association Boulogne Boys appuie la thèse de l’assassinat alors que le policier, à l’origine du coup de feu mortel contre Julien Quemener, parle de légitime défense face à des supporters près à tous pour en découdre.
Bavure policière contre légitime défense ? La justice tranche en faveur d’un non-lieu confirmé par la Cour d’Appel de Paris le 7 octobre 2011.
Par la suite, la banderole « anti Ch’tis » va accroître cet antiparisianisme et cette hostilité à l’égard des supporters parisiens, sans distinction.
Le 29 mars 2008, le PSG joue une finale de Coupe de la Ligue face à Lens. Au cours du match, une banderole parisienne est déployée : « Pédophiles, chômeurs, consanguins : Bienvenue chez les Ch'tis ».
Cette affaire va être reprise par la classe politique française qui va « taper » fort. La ministre de l’Intérieur de l’époque, Michèle Alliot-Marie, décide de dissoudre les Boulogne Boys. On peut s’interroger sur cette dissolution. En effet, au lendemain du match, la presse s’empare de l’affaire et la propulse en Une de l’actualité. Une affaire qui devant la pression médiatique oblige le gouvernement à réagir fortement. Les Lutèce Falco répondent d’ailleurs à ces médias en déployant une banderole peu de temps après : « Démagogie, désinformation, hypocrisie, sensationnalisme, antiparisianisme : bienvenue chez les médias ».
Mais le dernier événement dramatique qui va tout changer intervient le 28 février 2010, peu de temps avant le Classico entre Paris et Marseille lorsqu’un membre du Kop de Boulogne décède après une bagarre entre supporters. Les réactions dans la classe politique sont importantes et sans appel. Brice Hortefeux, ancien membre du gouvernement, souhaite la dissolution des groupes de supporters.
C’est cette affaire qui poussera l’ancien président parisien, Robin Leproux à lancer son plan TousPSG.
• Que devient le Parc depuis TousPSG ?
Robin Leproux, alors président du club de la capitale, décide en 2010-2011 de mettre en place un plan qui aura pour but l’arrêt des violences et des confrontations entre supporters. Ce plan fait suite à la mort d’un supporter.
Ce plan prévoit un système de placement aléatoire et la dissolution des associations de supporters des deux virages.
Mais si ce plan semblait nécessaire au vue de l’accroissement inquiétant de la violence, il n’en reste pas moins que c’est l’ensemble des abonnés historiques qui a été pénalisé par cette politique, appuyée par un gouvernement, soucieux de l’ordre et de la sécurité.
Hugo Domingues, supporter parisien, semble aussi regretter cette sanction qui vient caricaturer tous les supporters : « Le problème c'est d'avoir viré les abonnés du Parc des princes pour une minorité de hooligans, de casseurs (environ 300 pour 13 000 abonnés). »
Il est évident que les plus de 10 000 abonnés parisiens ont dû se résoudre à abandonner leur deuxième maison de part l’irresponsabilité de certains, qui n’étaient pourtant qu’une minorité.
Et cette politique a pour conséquence le boycott de ces abonnés qui tentent de manifester à plusieurs reprises leur désaccord. Mais sans résultat. En effet, les dirigeants parisiens sont hostiles au dialogue avec les représentants de ces abonnés, qui espéraient peut-être entamer un dialogue pour trouver des solutions à cette crise.
Depuis, le retour des anciens abonnés reste un débat sans fin. Leur absence se fait sentir de part l’absence d’ambiance comparable à celle présente lors de leur présence (banderoles, tifo, chants …) .
Leonardo reconnaissait lui aussi que le Parc n’était plus ce qu’il était. Aujourd’hui, les équipes adverses sont loin de craindre ce stade autrefois mythique. Mathieu Coruble s’est lui aussi clairement positionné parmi ceux qui regrettent cette ambiance : « L'ambiance sonne creux et continuera d'être a des années lumières de ce qu'on a pu connaître avant le plan TousPSG, pour la simple et bonne raison que le club a décidé – de consort avec les pouvoirs publics, très impliqués dans le dossier – de se séparer de ses ultras, qui depuis longtemps empêchent les dirigeants de faire "ce qu'ils veulent" du club. »
Depuis l’arrivée des investisseurs qataris, certains vont même jusqu’à affirmer que le Parc accueille désormais un public de consommateurs, c’est-ce que pense Mathieu Coruble qui continue son analyse en expliquant : « Un public de consommateurs, non revendicatif d'une certaine identité (comme les couleurs du maillot, les tarifs en virages, etc …) et qui accepte de payer à des tarifs élevés (comme en Angleterre), c'est ce dont rêve les clubs ayant une envergure internationale. Puisque le PSG rentre dans ce cercle fermé des "très très grands", la politique vis-à-vis des supporters sera irrespectueuse, unilatérale, et les ultras seront tout simplement chassés à jamais de ce stade qu'ils ont animé, et ce depuis près de 25 ans. »
Le problème est donc là : quel public pour le PSG ? Un public dit de consommateurs qui est prêt à débourser tous les quinze jours des sommes astronomiques pour assister à un match ou est-il nécessaire de faire appel à nouveau aux Ultras, qui permettaient clairement de faire vivre ce stade ? Mais un retour sous quelle condition car après avoir été jeté dehors, il est plus que probable qu’ils aient aujourd’hui une rancœur à l’égard du club.
Cette question se pose donc et divise clairement les supporters de la Ville Lumière.
• Qu’en pense les supporters ?
La question des supporters interroge chacun d’entre nous et c’est ainsi que sur Facebook vous avez donné votre avis à ce sujet. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que chacun ou presque s’accorde à dire qu’aujourd’hui, il y a un véritable problème avec l’expulsion des abonnés qui a favorisé l’abandon de l’ambiance d’antan même si selon vous il y avait un véritable problème en tribunes au niveau de la violence et du racisme.
Certains vont même jusqu’à penser que les anciens abonnés étaient intiment liés à l’identité de ce club. Sans eux, cette identité disparaît comme l’explique Sophie-Foued Ben Najah : « Pour ma part honnêtement je pense que notre club sans les virages a perdu quelque part son âme dû au manque de chants, tifo, encouragement … en gros de la ferveur qui selon moi fessait partie d'une des meilleurs ambiances d'Europe et numéro 1 Français. […] »
D’autres regrettent le manque de dialogue entre supporters et dirigeants. « Les ex-abonnés ont tenté de renouer le dialogue avec la direction mais cette dernière n'a pas donnée de suite (mise à part une discussion entre J-C Blanc et d’anciennes entités d'associations de supporters). » expliquait Florian Botella.
Florian Botella pointe d’ailleurs du doigt un autre problème : les médias. Selon lui, et il semble ne pas être le seul à penser ainsi, les médias font aujourd’hui une stigmatisation des supporters. Etre supporter parisien reviendrait donc à être soit raciste soit violent. Cette caricature permanente émanant de la presse française est un véritable problème et danger. La France s’interroge sur le comportement des supporters sans faire de distinctions: « De toute façon le mal est fait. Il y a l'image que renvoie les médias des ultras (ou des contestataires plus généralement); et quand on voit le traitement dont ces derniers sont victimes (amalgame ultras/hooligans, ids illégales et j'en passe…)… C'est devenu difficile de faire comprendre aux gens que ce qui se passe au Parc et ce qui risque de se passer dans les autres stades français est tout sauf normal dans un pays comme le notre et qu'on se dirige petit à petit vers la mort du football populaire (objectif: nettoyer les stades de toute forme contestataire en vue de l'Euro 2016). » poursuit Florian.
Il est vrai qu’aujourd’hui, les interdictions de stade sont distribuées quotidiennement et on peut parfois s’interroger sur le bien fondé de ces interdictions qui ont quelques fois été levées par la justice. Un traitement particulier serait donc pratiqué à l’encontre de certains supporters.
L’autre soucis évoqué serait qu’aujourd’hui le problème du Parc de Prince viendrait à se généraliser dans la France entière en vue de l’Euro 2016. Les pouvoirs publics exigeraient donc des dirigeants de clubs un « nettoyage » des stades pour donner l’image d’un pays où la sécurité prédomine avant toute chose. Et il est vrai que ces problèmes soulevés par Florian peuvent être préoccupants pour l’avenir du football dit « populaire ».
Si vous semblez être majoritairement des soutiens de ces anciens abonnés, certains parmi les supporters parisiens estiment que le plan Leproux était nécessaire au vue de l’accroissement de la violence au Parc des Princes et dans ses alentours. Frederic Balvin fait parti de ceux qui jugent ce plan inévitable et nécessaire du fait de l’irresponsabilité de certaines associations de supporters : « je suis 100% pour Paris, mais il y a un truc qui me gonfle : d'un coté, on aime tous l'ambiance, les supporters et les tifos… et de l'autre, on critique le plan Leproux… Seulement, si les présidents de kops ne sont pas capables de canaliser leurs abonnés ( c'est-à-dire exclure les brebis galeuses ), les responsables du PSG le feront à leur place. Messieurs, de Boulogne et Auteuil, vous vous êtes tirés une balle dans le pied… ALLEZ PARIS !! »
Les avis divergent donc et le débat est toujours d’actualité et pourtant il semble admis que l’ambiance a changé. Et pour la retrouver des solutions doivent être appliquées par les dirigeants actuels.
• Quelles solutions ?
Retrouver l’ambiance, oui mais quelles solutions peuvent être envisagées ? Vous avez aussi donné vos idées et vos solutions à ce sujet.
Tout d’abord, selon vous la sécurité est à repenser de fond en comble avec un renforcement des forces de l’ordre aux alentours du stade. Les dirigeants devraient donc mettre plus de moyens de ce côté-là pour favoriser un retour des abonnés comme l’explique clairement Nicolas Alves : « s’ils sont pas contents, ils n’ont qu'à mettre plus de flics autour du stade et des virages. »
D’autres prônent le dialogue entre les partis concernés. Ce dialogue devrait aboutir au retour des anciens abonnés qui réinvestiraient le Parc et ainsi favoriser le retour d’une ambiance avec chants et banderoles. Hugo Domingues vient appuyer cette idée : « Les solutions seraient de remettre les abonnements pour les supporters historiques avec des compromis des deux cotés mais pour cela il faut que la direction accepte un vrai débat avec les supporters historiques parisiens. » Les dirigeants actuels, Jean-Claude Blanc en tête, devront donc s’ouvrir à un véritable débat pour connaître le fond du problème et tenter de trouver des solutions fondées au problème. Seul le dialogue semble pouvoir laisser espérer un retour des anciens abonnés.
Alexis Lalemant rejoint donc Hugo sur la nécessité absolue de discuter : « Le problème on le connaît, la solution le retour des abos, ou déjà une direction qui accepte de négocier. »
Alexis revient par ailleurs sur la sécurité qui serait trop laxiste à ses yeux notamment lors du tragique événement qui a vu la mort d’un supporters parisien : « Tout le monde parle de la mort du mec de Boulogne au Parc à PSG/OM, mais surtout personne ne parle de la passivité des CRS ce soir là. C'est simple, ils n'ont pas bougé. Je suis bien d'accord que ça ne doit pas se taper dessus, mais quand ça se passe les forces de l'ordre sont là pour éviter ces problèmes non ? ». Il pointe donc lui aussi le problème de la sécurité. Un renforcement serait donc utile pour tenter de régler le problème.
Christophe Serin voudrait lui concilier ambiance et stade à l’anglaise où la sécurité passe avant tout au détriment de l’ambiance et du coût bien trop élevé des prix des places : « Le retour des abonnés est indispensable à l'ambiance du parc, mais pour cela il faut une sécurité optimal, contre les soi-disant supporters ,mais qui préfèrent la provocation et la violence avant tout. Il faudrait un système à l'anglaise, mais en moins stricte, et que l'ambiance soit au rdv. »
Mais certains semblent pessimistes quant à un possible retour en arrière. Pour certains d’entre vous, l’ambiance mythique d’auparavant ne reverra plus jamais le jour, c’est d’ailleurs en affirmant que le « Parc est mort » qu’Hamza Aveiro Bactero décrit la situation. Il développe par la suite son propos en expliquant : « Ce public est un public de consommateur venu voir un spectacle. On voit la différence entre l'ancien parc et le nouveau rien qu'en parcage cette saison avec la participation d'anciens abonnés on vu la différence avec le parc. »
Il est évident qu’aujourd’hui bâtir un grand club ne signifie pas uniquement posséder des moyens financiers colossaux et une grande équipe, il faut aussi que le club soit associé à un public passionné qui lors des rencontres à domicile fait sentir sa présence à travers les chants et les banderoles et qui accompagne son club lors des matchs à l’extérieur.
Mais s’il est certain que l’ambiance du Parc est essentielle, elle est malheureusement plus ce qu’elle n’était. Un problème qui a pour fondement la violence et le racisme de certains qui se revendiquaient supporters parisiens. Cette partie minime a pénalisé les vrais amoureux du PSG qui aujourd’hui ont été expulsés de leur deuxième maison.
Leur retour semble associé à un retour de l’ambiance, mais pour cela il faut des concessions du côté des supporters mais aussi des dirigeants qui doivent ouvrir un véritable dialogue où toutes les questions doivent passer à la loupe, pour le bien du club, pour l’avenir du club.