Olivier Sadran, le président du Toulouse Football Club, s'exprimait dans les colonnes de France Football. Et pour lui, « Le sport, ce n’est pas que la puissance financière ».
Le sport et l'argent ont bien du mal à cohabiter, mais il le font que ce soit dans le football, le tennis, le basketball ou autres sports. Le sport, n'est il pas le reflet de la société ? Si l'on part de ce principe, l'argent prend alors une place importante dans le sport. Aujourd'hui, quel sujet revient le plus à la bouche des journalistes, et politiciens ? La crise économique, le pouvoir d'achat, l'inflation, la dette, bref l'argent sous toutes ces formes.
Mr Sadran, si vous gagnez au loto, vous en faîtes quoi ? Vous le laissez pourrir sous votre matelas, ou vous faîtes des placements et investissements ? En d'autres termes, vous le laissez perdre de la valeur ou vous spéculez, et renflouez vos caisses ? La question ne se pose même pas. Donc, par définition, c'est ce que font les nouveaux riches mais également les clubs endettés.
Sous prétexte d'avoir de l'argent, il faudrait en avoir honte. Nous voulons bien admettre que l'argent se fasse rare mais ce n'est pas une raison pour ne pas en profiter. Vous souhaiteriez que ces clubs dont fait partie le PSG rachètent la dette en Grèce ? Vous, est ce que l'on vous demande de payer nos crédits à la banque ?
Par ailleurs, que nous le voulions ou non , l'argent dicte tous nos choix et y compris dans le sport.
L'argent, part importante dans le sport ?
Et si l'argent prenait à témoin le sport. Dernier fait en date, le lock-out en place depuis maintenant six mois dans le basket américain. Les propriétaires d'équipes ont voulu réduire de 58,1% à 50% la part des revenus de ce sport revenant aux joueurs. Lesquels ont refusé. Contrairement aux salariés d'autres secteurs, ceux-ci sont en position de force: il suffit que quelques stars décident de s'entendre pour ne pas jouer pour que l'activité s'arrête. C'est tout le problème du sport-business, qui demande relativement peu de capital, mais où les salaires des vedettes progressent de façon exponentielle une fois qu'elles ont compris que l'argent du sport reposait sur leur personne. Bref, cela fait plusieurs mois déjà que les joueurs ne jouent pas et certains à l'image de Tony Parker ou Nicolas Batum s'expatrient ou se rapatrient dans le pays de leur choix. Et ils ne reprendront en NBA que lorsque le pourcentage de revenu sera à la hauteur. Ici, concrètement, Monsieur Sadran, nous sommes obligés de vous contredire, c'est l'argent qui dicte l'avenir de la NBA.
Un autre type d'exemple saute aux yeux : durant les années 2000, les dirigeants olympiques sont soupçonnés de corruption dans l'attribution des jeux Olympiques d'hiver à la ville américaine de Salt Lake City (Utah). Elle aurait payé pour obtenir la compétition. Depuis longtemps les Jeux sont une affaire de gros sous: les seuls droits de télévision des JO de Salt Lake City sont estimés à 4,4 milliards de francs.
L'exemple du Réal Madrid, le Barça, les deux Manchester :
Le budget du Real Madrid pour la Saison 2009/10 est de 422 millions d’euros. Cette saison là, la Maison Blanche recrutait Ronaldo, Kaka et Benzema. A titre d'exemple, Ronaldo et ses 94 millions d'euros reviennent plus cher que tout le recrutement parisien cet été. Nous sommes loin des 86 millions dépensés par le PSG, et au passage des 96 millions dépensés par Lyon il y a deux ans. Pour l'exercice 2011/2012 voici le budget du Real et du Barça : pour les madrilènes, un budget pharaonique de 450M€ et le champion, le FC Barcelone, tient la comparaison avec 428M€. Il faut aussi noter le budget de Manchester United, champion de Premier League en 2011, évalué à 365 millions d’euros.
Quant aux citizens, en 3 ans, ils ont dépensé 380 millions d'euros sur le marché des transferts. Manchester City est en tout cas l'exemple même de ces équipes qui, par un fort apport de liquidités, ont réussi à remonter la pente aussi bien sportivement que par l'image qu'ils dégagent désormais.
Résultats en 2011: Manchester United est champion de Premier League et finaliste de la ligue des Champions. Manchester City remporte une coupe. Le Real Madrid est demi-finaliste de la ligue des Champions et gagne la coupe du Roi et le FC Barcelone finit champion d'Espagne et remporte la coupe aux grande oreilles.
Alors, si Paris a les moyens de dépenser et qu'il veule à moyen terme remporter la coupe la plus prestigieuse d'Europe, il faut jouer dans la cour des grands. Si cela engendre de la dépense d'argent, alors cela engendrera de la dépense d'argent. Mais quoi de plus normal, dans un système qui fonctionne en grande partie autour de l'argent, que de dépenser de l'argent ?
Lyon, le réel concurrent :
Mr Sadran ajoute ensuite : « d’ailleurs, je ne suis pas sûr que le PSG écrasera tout. Attention à Lyon ! » La défaite 3 à 1 au Stadium lui a peut être laisser un goût amer. Une chose est sûre, Lyon reste un concurrent. Cependant, Lyon ne possède plus la profondeur de banc d’antan et sera sensible à la fréquentation de son infirmerie. Finalement, comme le disait Nenê, le plus grand rival du PSG c'est le PSG lui même. Il lui faut rapidement proposer un jeu plus collectif, à moins de touches de balle, avec moins de suffisance s'il ne veut pas voir son ombre le submerger. La trêve internationale devrait faire du bien, même si 7 parisiens sont sélectionnés et vont pour certains encore aller à l'autre bout du Monde.
Le Parc des Princes et le Stadium :
Sadran rajoute : « Ce qui me rend surtout heureux, c’est de revoir un Parc pacifié. C’est plus important que les millions du Qatar. Les morts, les insultes racistes, qu’on laissait passer par laxisme, tout cela donnait une image honteuse de Paris. Pouvoir revenir au Parc avec ses enfants n’a pas de prix ». Le Parc des Princes est quasiment à guichets fermés à chaque match alors que Toulouse enregistre au Stadium un taux de remplissage de seulement 55.1 %. Ce ne serait pas plutôt cela qui est honteux. Au lieu de parler du PSG, ne devriez vous pas plutôt chercher à comprendre pourquoi est ce taux si faible ? Le TFC se classe dix-septième dans le classement des affluences.
L'argent, revient une nouvelle fois :
« Notre club est tranquille et vit dans la sérénité en Ligue 1. C’est le plus important à mes yeux. Disposer de douze millions de fonds propres, c’est un autre motif de satisfaction. Même si notre travail n’est pas reconnu. Le club fait mieux que ce qu’on pouvait en attendre » conclue t-il. Rien à ajouter, lui même avoue finalement la place de l'argent, en parlant une nouvelle fois de cela. En huit phrases, Mr Sadran a utilisé un vocabulaire financier à 5 reprises…
Le PSG et le TFC n'ont pas les mêmes objectifs, pas les mêmes investisseurs, pas les mêmes moyens mais ils partagent une même passion, le football. Alors, jugeons les sur ça et seulement sur ça.