
Lors de cet entretien, Boniface revient sur le limogeage d’Antoine Kombouaré ainsi que sur la politique des Qatariens à la tête du club de la capitale.
• Qui est à l’origine de l’éviction de Kombouaré ?
Éditorialiste pour un quotidien des Émirats Arabes Unis et spécialiste du Proche Orient, Pascal Boniface évoque dans un premier temps l’éviction de Kombouaré. Tout d’abord il se pose une question, que peu de supporters parisiens se posent depuis le départ du Kanak : Qui est à l’origine de cette éviction ? Si tout laisse penser que ce choix a été directement pris par Leonardo, on est en droit de se demander si cette décision ne vient pas du sommet de la hiérarchie, c’est -à-dire du propriétaire qatari.
N’est-ce pas ce dernier qui aurait tout simplement demandé à Leonardo de signifier le départ de Kombouaré. Leonardo ne serait-il pas qu’un simple intermédiaire entre les deux hommes ? On peut se poser la question. Les Qataris n’ont jamais caché l’envie d’avoir un entraîneur de renommée mondiale. Or Kombouaré n’est pas un « grand » entraîneur comme l’est par exemple Carlo Ancelotti. Les Qataris ont pour objectif de faire de Paris l’un des plus grands clubs de la planète et il se trouve que cela passe par un accroissement de la visibilité du club de la capitale. Qui dit visibilité dit grands joueurs, grand entraîneur. Et Antoine Kombouaré ne fait visiblement pas parti de ce projet ambitieux.
Pascal Boniface est un spécialiste du Proche Orient, et pour lui, cela semble peu probable que les Qataris soient à l’origine de ce limogeage : « Cette décision n’est pas très lisible. A-t-elle été prise par les Qatariens ou par Leonardo, qui veut affirmer son pouvoir et qui les a convaincus qu’il fallait changer de braquet? Si c’est le cas, il a pris un risque immense, car les Qatariens n’ont pas l’habitude d’agir brutalement. »
Alors est-ce le Qatar qui a souhaité cette éviction ou est-ce le directeur sportif parisien ? Peu importe en fait, car le plus important est l’avenir. Si Leonardo est à l’origine de ce départ, il devra espérer que les résultats suivent, il devra espérer que le PSG soit champion en fin de saison, car comme Antoine Kombouaré, Leonardo est lui aussi sur un fil et peut tomber à tout moment si les résultats exigés par Doha ne sont pas au rendez-vous.
• Les Qataris sont-ils impatients ?
En début de saison, il se disait que les propriétaires qataris avaient en tête de décrocher trois titres alors qu’ils venaient seulement de débarquer à Paris. Parmi ces trois titres, Paris devait décrocher l’Europa League. Quelques mois après, Paris s’est lâchement fait éliminer de cette compétition européenne. C’est donc un objectif en moins. De plus les Qataris exigeraient que les Rouge et Bleu soient champion de France, un objectif qui est largement à leur portée, sachant qu’ils sont actuellement leader. Le troisième objectif est d’arracher un titre national, la Coupe de France ou la Coupe de la Ligue. Mais le club francilien n’est plus engagé en Coupe de la Ligue, après son élimination face à Dijon.
Il ne reste donc que deux possibilités de titres pour Paris et nul doute que les Qataris espèrent bien, à juste titre, décrocher ces deux titres.
En fixant dès le début de saison des objectifs aussi importants, les Qataris se sont forgés la réputation d’impatients. Mais est-ce vrai ? A en croire l’éditorialiste, non, bien au contraire : « Non, ces gens jouent sur le long terme, comme on le voit avec Al-Jazira Sport. Maintenant, virer Kombouaré, c’est effectivement vouloir un bénéfice immédiat, mais il y a le risque de l’impopularité. Quand on veut devenir une hyperpuissance dans le sport, il faut toujours faire attention à ne pas apparaître trop dominant. Là, les dirigeants du PSG donnent l’impression qu’il y a un rouleau compresseur qui avance en ignorant les aspects humains. Quand on est riche et puissant, il faut se faire accepter, mais sans franchir la limite. »
Construire sur le long terme ? Voilà qui ferait taire le peu de monde qui en pensait autrement. En effet, le Qatar est aussi arrivé à Paris pour décrocher dans les années à venir la Ligue des Champions et donc dominer l’Europe. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce projet est bien basé sur le long terme.
• Qatar = bling bling ?
Leonardo, Beckham, Tevez, Ancelotti, Hulk, Kaka … De grands noms, de grands joueurs. Ces noms qui sont à Paris ou qui circulent dans la presse ont donné une image plus qu’arrogante au Qatar. Mais pourquoi ? Etait-ce mieux lorsqu’on associait les noms d’Edel, de Traoré, de Everton, d’Erding au PSG ?
Paris n’est plus un petit club qui ramasse les miettes. Paris désormais se fixe d’autres objectifs, qui sont à des années lumières des objectifs passés. Pour espérer gagner un jour la Ligue des Champions, il faudra compter sur des grands joueurs. Pour pouvoir concurrencer avec les plus gros clubs anglais et espagnols, le PSG est dans l’obligation de changer de dimension et d’attirer les plus grands noms du football.
Ce projet plus qu’ambitieux de faire de Paris un grand club est réaliste. La ville de Paris est mondialement connue, il est inadmissible qu’aujourd’hui encore son club soit peu connu et n’attire pas.
Pascal Boniface conclut son interview en revenant sur ce point-là : « c’est aux propriétaires de se fondre davantage dans l’identité du club. Leur stratégie, c’est d’exister au niveau international de façon positive. S’ils ont racheté le PSG, c’est pour améliorer leur image. Cette décision vient plutôt la ternir. »
Si certes, il va falloir compter sur la formation pour conserver une certaine identité, il faut revenir à la réalité, aujourd’hui le football a évolué, si un club veut exister sur la scène mondiale, il se devra d’attirer des grands noms.