Grégoire Margotton qui devait initialement commenté avec Christophe Dugarry le match OM-PSG retransmis sur Canal+ s'est au confié au site La Provence.com. Le journaliste présent au moment de l'annonce du report à Marseille apporte son point de vue sur les évènements:
Grégoire Margotton :
Pour moi, c'est la confirmation et la preuve ultime que, contrairement
à ce que pensent les gens, la télé ne fait pas ce qu'elle veut (rires).
Si la télé était toute-puissante et si Canal + dirigeait le foot français, ce match aurait sans doute eu lieu. Cela a coûté beaucoup d'argent à la chaîne. Pour Canal et ses abonnés, effectivement, comme pour les deux clubs, c'est une très mauvaise affaire.
– Comment avez-vous vécu cette annonce. Sachant que vous deviez commenter le match en direct le soir-même…
G.M. :
On était tranquillement au restaurant, avec Christophe Dugarry, pour
préparer le clasico et on a appris vers 13 heures que la Ligue allait
annoncer officiellement le report du match. On y avait pensé, on
l'avait évoqué entre nous la veille et le jour-même. D'ailleurs, sur
place, les Marseillais envisageaient cela comme une éventualité. On
savait que d'autres joueurs Parisiens pouvaient être touchés. Si on
avait fait un sondage autour de la table où nous étions avec "Duga", on
était un sur dix à penser qu'il y aurait un report. Jusqu'à 13h30, on
pensait tous que le match se jouerait.
– La Ligue n'aurait-elle pas dû se décider plus rapidement ?
G.M. :
C'est très facile, après coup, de dire qu'il aurait fallu annuler le
clasico la veille. C'est vrai qu'elle a été en retard de 24 heures par
rapport aux mouvemements de supporters qui auraient pu être évités.
Heureusement qu'il n'y a pas eu plus de victimes et de blessés plus
graves. Ce qui est sûr, c'est que je pense qu'on n'aurait pas pu éviter
les affrontements entre supporters. Certains Parisiens et Marseillais
étaient partis pour en découdre quoi qu'il arrive.
Evidemment, si le match avait été maintenu, les violences n'auraient
pas été aussi importantes. C'est quand même grave que les bagarres
entre supporters fasse partie du paysage. Je trouve cela consternant
d'en arriver là pour un match de foot, c'est hallucinant ! Quand je
vois la photo publiée à la Une de La Provence, au lendemain des scènes de guérilla urbaine, elle dit tout.
– La chaîne cryptée a-t-elle mis la pression sur la Ligue ?
G.M. : Il faut voir avec mon responsable Cyril Linette pour entendre la position de Canal +.
Mais ça me paraît évident que la chaîne n'a pas mis la pression pour
que ce match ait lieu. C'est vrai que c'est une première : on a déjà eu
des matches reportés pour des raisons météo, J'aurais préféré commenter
le match. Mais que faire face à une décision de santé publique ? Pas
grand-chose. Je ne comprend pas qu'on puisse imaginer que Canal + ait
mis la pression sur la Ligue.
Dans l'histoire des relations
entre Canal et le foot, qu'on me donne la preuve qu'on a fait jouer un
match quoi qu'il arrive, contre la santé des joueurs. Je me souviens de
pelouses inondées, à Monaco ou à Nice, gelées, à Bordeaux, où les
rencontres ont été arrêtées ou annulées. C'est donner vraiment de
l'importance à Canal + que de penser qu'il dirige le foot français,
fait jouer les matches quand bon lui semble et décide de tout. Je ne le
crois pas.
– Comment se passe la programmation du report ? Canal + est en relation avec la Ligue ?
G.M. :
Bien sûr. Mais on donne seulement des préférences. Nous ne sommes pas
décideurs. A l'arrivée, c'est l'organisateur de la compétition (la LFP,
ndlr) qui décidera. En espérant que ça pourra satisfaire à la fois l'OM
et le PSG. Mais, en ce qui nous concerne, on demande simplement, au nom
de Canal et de nos abonnés, que l'équité soit respectée et, au maximum,
que ce match puisse avoir lieu un dimanche soir pour ne pas léser les
abonnés.
– Si la Ligue décidait de fixer la rencontre un jour de semaine, comment vous réagiriez du côté de la chaîne cryptée ?
G.M. :
Je pense que si l'OM, le PSG et la Ligue sont d'accord, on le prendrai
avec philosophie… En sachant que nos abonnés sont lésés dans cette
affaire.
– Le problème, c'est la surcharge du calendrier. On s'achemine vers un report en février…
G.M. :
C'est ce que j'entends. Je n'en sais pas plus. On saura jeudi (la
Commission des compétitions de la Ligue se réunira demain pour fixer
une nouvelle date, ndlr). Mais je ne vois pas de fenêtre possible d'ici
fin décembre. Mais vous savez, tous les diffuseurs s'adaptent. On
espère juste que le calendrier ne sera pas trop perturbé, qu'il y aura
un champion de France à la fin de la saison. Car on ne peut pas encore
imaginer ce qui va se passer cet hiver. On est peut-être au bord d'une
saison très chamboulée. Ce qui est sûr, c'est que les plages
d'adaptation sont très courtes. Malheureusement, les spectateurs dans
les stades, les joueurs et les abonnés de Canal sont pris en otage par
cette situation.
– On dit que le report du match arrangeait le PSG. Comment voyez-vous les choses ?
G.M. :
On peut tout imaginer ! J'ai eu des joueurs au téléphone, que ce soient
des Parisiens ou des Marseillais, et je peux vous dire que leur état
physique n'était pas imaginaire. Ensuite, oui on peut imaginer que l'OM
allait mieux, que le PSG n'allait pas très bien… On peut tout
imaginer sur un clasico. L'an dernier, on pensait tous que le PSG de Le
Guen perdrait au Vélodrome et on n'imaginait pas l'OM de Gerets
s'imposer au Parc des Princes après. Il n'y a aucune logique dans ces
matches-là. Si ça se trouve, le PSG, diminué, aurait gagné à Marseille.
Mais je le répète : on peut tout imaginer…