LA VOIX est posée, le regard pétillant. Attablé devant un encas – une omelette et un verre de jus d'orange -, Souza, 29 ans, souffle enfin. « J'ai passé ma matinée à visiter des maisons, raconte la nouvelle recrue brésilienne du PSG (contrat de trois ans et demi pour 4 M¬).
Je pense en avoir enfin trouvé une (NDLR : à une dizaine de kilomètres du camp des Loges, en pleine campagne). Elle est grande et il y a un jardin pour mon fils, Kevin, 5 ans, et ma fille, Julia, 2 ans. »
A l'évocation de ses enfants, son regard se voile. Toujours au Brésil, en attente d'obtenir leur visa, ses proches ne devraient le rejoindre que la semaine prochaine. « Ils me manquent », souffle le milieu droit. A quelques heures de son premier match sous les couleurs parisiennes, Souza raconte, avec beaucoup de modestie, comment l'enfant des favelas est devenu une star de São Paulo, son ancien club. Et bientôt, du moins espère-t-il, celle du PSG.
« Je suis né avec un ballon dans les pieds »
« Je suis issu d'une famille très pauvre, ma mère était cuisinière, mon père éboueur, indique-t-il. Je suis né avec un ballon dans les pieds, comme beaucoup de garçons des quartiers pauvres. Réussir dans le foot était le seul moyen que j'avais pour les aider et ramener de l'argent. » Natif de Macei ó , dans le Nordeste, le jeune Willamis Souza décide très tôt de devenir joueur professionnel. A l'âge de 17 ans, il passe avec succès des tests et intègre l'équipe professionnelle de sa ville. Un an après, c'est Botafogo qui l'engage. « Ma carrière commence alors à prendre forme, se souvient-il. Et ma vie change. Avec l'un de mes premiers salaires de joueur, j'offre une maison à ma mère, je m'achète une voiture. » Ambitieux, le jeune Souza cherche un grand club. A 23 ans, il réalise une partie de son rêve en portant les couleurs de São Paulo.
« J'ai passé cinq merveilleuses années dans ce club pendant lesquelles l'équipe a gagné plusieurs titres », se réjouit-il. Les adieux à S ã o Paulo la semaine dernière ne pouvaient donc être que déchirants.
« J'ai harcelé mon président pour partir » « J'étais très ému. Ils m'ont tout donné et on m'adorait, raconte-t-il. Mais c'est une nouvelle page de ma vie qui s'ouvre, un nouveau défi qui s'offre à moi. » Le milieu droit avait en effet essayé à plusieurs reprises de rejoindre l'Europe. La saison dernière, Saint-Etienne et le Lokomotiv de Moscou avaient notamment manifesté leur intérêt.
« Mais mon club refusait toutes les propositions, raconte-t-il. Je m'attendais à ce que ce soit la même chose pour Paris. Le PSG a pris contact avec nous une semaine avant la fin du mercato. L'idée de jouer dans ce club où avaient évolué tellement de grands joueurs brésiliens me faisait rêver. A 29 ans, c'était aussi ma dernière chance de jouer en Europe. J'ai donc harcelé mon président pour qu'il me laisse partir. Le mercredi (NDLR : le 30 janvier), alors que je me préparais pour le match du lendemain, j'ai su que je pouvais faire mes valises. J'étais fou de joie. »
Arrivé mardi matin dans la capitale, Souza n'a pas encore eu le temps de découvrir sa nouvelle ville. Mais déjà, il se sent comme chez lui. « On dit que la cuisine française est la meilleure du monde. Je ne vois pas pourquoi je ne m'y ferais pas, sourit-il tout en dévorant son omelette. Ce qui me gène le plus pour l'instant, c'est la langue. Même s'il y a Ceará et Pauleta pour m'aider, c'est primordial que j'apprenne à parler français. » Le Brésilien ne cache pas son ambition : celle de vite s'imposer dans cette équipe de Paris. « Je veux aider le club, lui apporter des victoires, indique-t-il. Je ne doute pas un instant que j'arriverai à m'adapter. » Un constat partagé par le responsable de la cellule recrutement du PSG, Alain Roche : « Je crois beaucoup en lui. Je n'ai pas de doute sur ses qualités. Il est capable de centrer sans déborder. Il élimine par les dribbles. C'est un bon milieu relayeur. Et il a beaucoup d'expérience. » Autant de qualités que le milieu droit du PSG entend démontrer cet après-midi contre Le Mans au Parc des Princes.