Le club parisien n'est pas près de présenter
un bilan financier à l'équilibre. A l'issue de la saison 2006-2007, ses comptes étaient
largement dans le rouge. Montant du déficit : presque 19 M ¬
LE
PSG, version Colony Capital, Butler Capital Partners et Morgan Stanley,
a connu une première saison bien difficile. Et, financièrement, les
nouveaux propriétaires n'ont pas échappé aux ennuis. Seul club français
évoluant en Ligue 1 encore en déficit, le PSG a présenté à la Direction
nationale du contrôle de gestion (DNCG), le gendarme financier du foot
pro, un bilan comptable peu réjouissant.
Des chiffres que nous avons présentés à Philippe Boindrieux,
directeur général adjoint du club parisien. Explications et décryptage.
informations, à 18,920 M¬, pour un chiffre d'affaires de 67,4 M¬. En
2005-2006, le trou était de 12,942 M¬, pour un chiffre d'affaires
de 72,4 M¬. En raison d'une 15e place au classement au lieu de la 4e
place pronostiquée devant la DNCG, les rentrées des droits télévisés
ont été inférieures de 11 M¬
aux prévisions. A cela se sont ajoutées une baisse de la fréquentation
du Parc des Princes et
une hausse des coûts de sécurité après le décès d'un supporter le 23
novembre 2006 et la fermeture de la tribune basse de Boulogne. Le plus
inquiétant est l'aggravation des pertes d'exploitation qui ont plus que
doublé (17,7 M¬, contre 8 M¬ en 2005-2006). Les nouveaux propriétaires
ont été dans l'obligation de procéder à un abandon de compte courant de
8,2 M¬ et à une augmentation de capital de 18,245 M¬ pour combler ce
trou. Pourtant, les pertes financières réelles du club
ont été plus importantes : 12,5 M¬ de provisions enregistrées dans le
passé ont été reprises sur 2006-2007, c'est-à-dire comptées dans la
colonne profits. Les pertes auraient été alors d'environ 30 M¬.
« C'est grave de perdre 19 M¬, mais ça ne remet pas en cause la
pérennité du club car les actionnaires ont couvert les pertes. En plus
d'une hausse du coût de la sécurité et des charges, la principale cause
est la baisse des droits télé. Mais je suis plutôt optimiste pour le
futur car on est sur une dynamique positive aujourd'hui. On a une vraie
marge de progression. Je suis plus à l'aise cette année qu'il y a un
an. Au-delà des résultats sportifs, on peut aller chercher de la
croissance, on a un potentiel très important.
» Pour être à l'équilibre sans s'enflammer (hors cession de joueurs),
en se basant par exemple sur une qualification en Coupe de l'UEFA, il
faut baisser la masse salariale, développer des recettes nouvelles et
être dans la partie haute du classement. La chance du PSG, c'est que la
quote-part des droits télé dans son budget est d'environ 40 % alors
que, pour les autres clubs, elle est, en moyenne, de 57 %. »
en hausse
salariale a continué d'augmenter. Elle est ainsi passée de 49,7 M¬ à
51,7 M¬, soit 2 M¬ de plus. Et ce, alors que les dirigeants du club ont
érigé en valeur cardinale de leur nouvelle politique la diminution de
ce poste coûteux. Il représente en effet près de 74 % du budget du club
actuel (70 M¬). Malheureusement, en ne parvenant pas à se délester
l'été dernier des plus gros contrats (Yepes, Pauleta), le PSG a subi
l'augmentation de sa masse salariale.
« Il y a un décalage important
dans le temps entre les actions menées et les résultats dans les
comptes. L'idée du club de
favoriser davantage la partie variable sur les rémunérations rentre en
compte à partir du mercato d'hiver 2007 avec des joueurs comme Peguy
Luyindula et Jérémy Clément. L'effectif actuel dans sa grande majorité
a des rémunérations fixes importantes. La baisse de la masse salariale
sera visible sur l'exercice qui se clôturera en juin 2008 et encore
plus en juin 2009. Après, on sera dépendant des résultats du sportif. »
à un crédit bancaire un peu particulier. En effet, pour obtenir de la
trésorerie malgré les dettes au 30 juin 2007, le PSG a prévendu ses
droits télé de la saison actuelle à la banque Natixis. En échange de la
partie fixe des recettes télé de la saison 2007-2008, Natixis a accordé
un crédit de 10 M¬ au PSG qui lui sera
remboursé grâce aux versements de la Ligue de football professionnel
(LFP). Le PSG serait même
en négociation, s'il se maintient en Ligue 1, pour reconduire la saison
prochaine ce crédit,
sur lequel il paye bien entendu des intérêts.
« Dans un club, l'activité des rentrées est très saisonnière à
cause ou grâce aux droits télé. Le paiement de ces droits par la Ligue
se fait à certains moments de l'année (décembre, mars et juin), il y a
donc des périodes de la saison où il y a des charges et pas de
rentrées. On a mis en place un système de ligne de découvert avec
Natixis qui nous permet de couvrir les creux de trésorerie. Le plus
important se situe au mois de mai. Cette ligne de découvert est
contre-garantie par les droits télé qu'on touche de la Ligue. C'est un
système classique de financement de besoin de trésorerie qu'on retrouve
dans toutes les entreprises. Ce procédé n'est pas une fuite en avant
car on n'anticipe pas la vente des sommes qui seront perçues la saison
prochaine. »
provisionné
14,9 M¬ pour « risques et charges ». En cause : les litiges prud'homaux
(Guy Lacombe et son staff entre autres) et un contrôle fiscal en cours
de plusieurs millions d'euros. A côté du
front fiscal, le front judiciaire : les commissaires aux comptes du
club ont été jusqu'à formuler une remarque spéciale dans leur rapport
pour rappeler les risques d'une mise en examen du PSG dans
l'instruction sur les transferts, menée par les juges Van Ruymbeke et
Desset. Le PSG n'a pas fini de payer.
« Il y a les litiges en cours (le
contrôle fiscal, les prud'hommes, l'instruction sur les transferts),
dont l'essentiel est antérieur au changement d'actionnaires. Tout ce
qui est avant juin 2006 sera à la charge de Canal +. »