SON INVESTISSEMENT dans le PSG, il y a deux ans, l'a mis sur le devant de la scène. Pourtant, Colony Capital n'en était pas à son premier coup d'éclat. En 1997, ce fonds d'investissement américain ouvre un bureau à Paris avec à sa tête Sébastien Bazin.
Dix ans après, cette antenne, composée d'une quarantaine de salariés, a sa propre vie. Présente dans le capital de dix entreprises en France, elle a investi au total près de 8 milliards d'euros en Europe, dont les deux tiers en France. Décryptage d'un fonctionnement peu connu du grand public.
L'immobilier en toile de fond.
Quels sont les points communs entre le PSG, les hôtels Accor ou encore le vignoble bordelais Château Lascombes ? Tous trois possédaient un actif immobilier que Colony Capital considérait comme peu mis en valeur. D'où son choix d'investir dans ces entreprises. La spécificité de ce fonds est en effet de se consacrer exclusivement aux projets qui ont une composante immobilière. Ainsi, dès 1997, Colony investi dans la construction d'immeubles (une tour de 200 m à La Défense, des bureaux à Vélizy ou encore à Massy…). Une activité qui est devenue moins lucrative quand les prix dans ce secteur ont commencé à grimper. Colony s'est alors tourné vers les loisirs, notamment les casinos, les hôtels ou les restaurants, en investissant parfois des sommes colossales (1 milliard d'euros pour Accor). Dans le même temps, il cherche à se diversifier et s'intéresse aux équipements sportifs. Le PSG (club dans lequel il a investi 70 millions d'euros, ce qui représente entre 1 à 2 % de ses actifs) n'est qu'une première étape. Dans cinq ans, 5 % de leurs investissements devraient se faire dans ce secteur à travers notamment la rénovation de stades.
Le sport, un pari risqué.
Une présence dans le sport qui étonne quelques observateurs. « Le bilan de Colony en France est plutôt positif, constate un analyste financier. Ils ont réalisé de belles opérations financières, comme Buffalo Grill ou Accor. Pour l'instant, la moins convaincante est celle du PSG. Non seulement il a dû faire face à la déconfiture des résultats sportifs mais il n'a pas encore pu réaliser les projets pour lesquels il a investi dans le club, c'est-à-dire le nouveau camp des Loges et le Parc des Princes. Le sport est un domaine dans lequel le retour sur investissement est difficile à obtenir, y compris lorsqu'on parle de rénovation de stade. » Selon les experts, on ne peut espérer qu'un rendement de 8 à 12 %. Or, Colony s'est engagé sur chacune de ses opérations à réaliser une plus-value d'au moins 20 %. A noter qu'un fonds ne possède pas son propre argent : il l'emprunte sur cinq à huit ans à des compagnies d'assurances ou à des riches particuliers dans le but de le faire fructifier. Ces fonds n'ont donc qu'une marge d'erreur très réduite.