Ce dimanche 28 février restera marqué par un bien triste Classico entre le PSG et l’OM, tant sur le plan sportif qu’extra sportif. Si sur le terrain l’équipe parisienne a totalement sombré face à l’éternel ennemi, les affaires en dehors du stade n’ont quant à elles pas été beaucoup plus glorieuses. Des affrontements entre supporters et forces de l’ordre et un lynchage plus tard, le PSG fait la Une de tous les médias en France, non pas pour ses résultats sportifs mais pour les débordements outrageux de certains de ses supporters. Retour sur les faits …
La violence chez les supporters, le PSG connait bien. Rappelez-vous des virulentes oppositions entre les Tigris Mystic et des indépendants de Boulogne il y a tout juste quelques années. Depuis, les Tigris Mystic se sont auto-dissous, mais le PSG n’a jamais réellement réussi à mettre fin à la violence qui existe au Parc des Princes, en témoignent les derniers évènements, le plus récent remontant à dimanche soir.
Tout commence quelques heures avant le tant attendu Classico face à l’OM. Les premiers affrontements entre supporters et forces de l’ordre débutent dans la soirée et les premières tensions apparaissent. Malgré une mobilisation impressionnante des services de police (près de 1.500 policiers et gendarmes mobilisés pour ce match), les affrontements ne se calment pas et c’est même la situation inverse qui se produit. Attaqués par certains supporters armés de bouteilles en verre ou fumigènes, les CRS se voient obligés de riposter par l’intermédiaire de fusées éclairantes, flashballs et gaz lacrymogène. Riposte qui aura permis de repousser les émeutiers mais pas seulement puisque les CRS n’auront pas cherché à faire la différence entre fauteurs de trouble et autres supporters venus voir un match de foot et rien de plus. Ainsi le nuage de gaz lacrymogène produit par les forces de l’ordre aura atteint une grande partie des supporters, impliqués dans les affrontements ou non.
Mais ce n’est que le début puisque quelques minutes plus tard, aux environs de 20h, les supporters du Virage Auteuil voient surgir une centaine d’indépendants de la tribune Boulogne, venus spécialement pour en découdre. Riposte de la part des membres d'Auteuil qui font reculer leurs homologues de Boulogne. Mais dans la folie des affrontements, un de ces membres de Boulogne se retrouve pris à partie puis lynché par d’autres supporters. Ces débordements poussent les CRS à intervenir, repoussant les supporters de Boulogne dans les rues avoisinantes et reconduisant les supporters d’Auteuil dans les tribunes. Plusieurs fois, les membres de Boulogne tenteront de charger de nouveau mais en vain. Vers 20h45 le calme semble revenu. Résultat des courses : de nombreux dégâts matériels mais surtout, un supporter du KOB, âgé de 37 ans, gravement atteint après avoir été passé à tabac. Ce dernier souffre d’un œdème cérébral et serait entre la vie et la mort. Hospitalisé à l’hôpital Beaujon de Clichy, l’homme a été plongé dans un coma artificiel et son état serait toujours critique à l’heure actuelle.
Alors que ces derniers temps, la crise semblait s'être calmée entre les deux tribunes aux mentalités totalement opposées, des tensions ont resurgi il y a quelques semaines, lorsque durant le match Bordeaux-PSG du 5 décembre dernier, un membre de la tribune Boulogne s'est vu demandé par la tribune Auteuil de ranger le drapeau Celte qu'il avait déployé, trouvant ce dernier insultant à leur égard. Le refus catégorique du supporter du KoB a conduit à un affrontement entre le deux tribunes, aboutissant à l'agression du déployeur de drapeau par des membres d’Auteuil, ne tolérant pas cet acte. Une attaque qui n’aura pas plu à la tribune Boulogne, qui se vengera quelques semaines plus tard lors du match Lille-PSG, où près de 200 supporters du KoB se sont attaqués à la tribune Auteuil. Les violences ayant émané dimanche soir, semblent donc dans la continuité de ce qui se passe depuis plusieurs semaines dans les tribunes parisiennes. On peut donc imaginer que ces incidents auraient pu être évités, si des mesures avaient été prises bien avant pour faire face à cette violence exacerbée.
Le PSG réagit enfin …
Suite aux affrontements de dimanche soir, le club de la capitale a enfin décidé de sortir de sa réserve, condamnant tous les actes de violences commises aux abords du stade et dans les tribunes. Voici le communiqué du PSG posté ce lundi aux environs de 17h.
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Le PSG tient à préciser qu’il condamne fermement les affrontements qui se sont déroulés dimanche soir, avant et après la rencontre face à l'OM et principalement l’agression dont a été victime un de ses supporters lors de ces incidents. Le club suit l’évolution de son état de santé heure par heure et tient à témoigne son soutien à sa famille. Le club a par ailleurs toute confiance en la justice pour que le ou les coupables de ces affrontements et de cette agression soient déférés devant un tribunal.
Le Président du PSG a d'ores et déjà pris rendez-vous avec le préfet de police de Paris mercredi. Il sera question des suites à donner afin que les dispositions les plus fermes soient mises en œuvre, pour assurer la sécurité des supporters qui veulent se rendre au stade, sans rencontrer la violence organisée par les fauteurs de trouble.
La direction du club
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Quand le Gouvernement s’en mêle
Face à un tel niveau de violence en France, l’Etat ne pouvait pas rester silencieux. Le premier membre du Gouvernement à être monté au créneau n’est autre que la secrétaire d’Etat au Sports, Rama Yade. Ces actes qu’elle qualifie de « guérillas urbaines » doivent cesser au plus vite et pour cela, Rama Yade demande au club parisien de prendre ses responsabilités : "Je recevrai dans les prochains jours les dirigeants du PSG. J'attends des mesures concrètes", a affirmé Rama Yade dans un communiqué. "Ces comportements sauvages ne resteront pas impunis. Les violences qui se sont déchaînées entre groupes de supporteurs du Paris Saint-Germain à l'occasion du match contre l'Olympique de Marseille dimanche soir sont inacceptables, comme sont intolérables ces attaques délibérées contre les forces de l'ordre", a déclaré la secrétaire d'Etats aux Sports : "Ces agissements violents déshonorent le football et nuisent gravement au PSG. La répétition sinistre de ces scènes de guérillas urbaines doit être stoppée net, avant que la violence et la bêtise ne conduisent à de nouveaux événements tragiques".
Leproux prend ses responsabilités
Alors que le club a tenu à condamner le comportement de certains supporters parisiens, Robin Leproux ne souhaite pas en rester là, et a décidé de passer aux actes. Choqué du seuil de violence atteint, le président parisien a pris la décision de ne plus vendre de billets aux supporters parisiens pour les déplacements du club : « Jusqu’à nouvel ordre, nous ne vendrons plus de billets à nos supporters pour nos déplacements. C’est une décision très lourde, qui me chagrine, mais je veux agir en responsabilité, assurer la sécurité de tous. Par ailleurs, nous ne ferons pas appel dans l’hypothèse ou nous serions condamnés à un huis clos dans les affaires en cours. Enfin, les locaux mis à disposition des associations au Parc des Princes seront fermés ». Le président parisien, est choqué par les images qu'il a vu du supporter plongé dans le coma : « Les images d’un homme gisant dans son sang aux pieds du Parc des Princes ont défilé dans ma tête ces deux dernières nuits, commente-t-il. On a atteint un paroxysme de la violence, un nouveau seuil dans la guérilla urbaine. J’en prends une part de responsabilité ».
Une décision lourde de la part de Robin Leproux, mais sera-t-elle suffisante pour calmer des supporters bien décidés à en découdre ? Pas sûr…
En tout cas, ces mesures prises ont été approuvées par le Président de la Ligue de Football Professionnelle, Frédéric Thiriez, ainsi que par la Mairie de Paris. Cette dernière compte renforcer les sanctions contre les supporters violents. La ville souhaite que la durée d'interdiction de stade (actuellement de trois mois) soit allongée, selon l'AFP. De son côté, Frédéric Thiriez appelle à la mobilisation des pouvoirs publics pour enrayer rapidement ce phénomène de violence : « J'approuve totalement les mesures annoncées. La situation engendrée par des groupes irresponsables est devenue trop grave. Le club, la Ligue et les pouvoirs publics doivent tout faire pour casser définitivement cette spirale désastreuse », a-t-il déclaré.
Chaque personnalité semble vouloir y aller de son petit commentaire dans cette affaire. Quelques heures plus tard, c'est au tour du Président de la République Nicolas Sarkozy de monter au créneau et de condamner "avec la plus grande fermeté" les incidents qui ont éclaté dimanche soir lors du Classico PSG-OM. Nicolas Sarkozy à annoncé lors du Conseil des Ministres que le gouvernement allait intervenir rapidement, pour faire face aux violences qui ont lieu autour des stades et plus précisément autour du Parc des Princes : "Le président de la République (…) a eu l'occasion de condamner avec la plus grande fermeté ce qui s'est passé au Parc des Princes ce week-end. Il a demandé au gouvernement d'être extrêmement réactif et très ferme dans la riposte face à des actes qui sont absolument inacceptables. Nicolas Sarkozy a demandé au gouvernement de mettre en œuvre dans les meilleurs délais la nouvelle loi sur les bandes, qui a été publiée ce matin (mercredi) au Journal officiel et qui apporte des réponses très précises et très concrètes, notamment sur l'interdiction de stade. Le président de la République a fait part de son indignation et a demandé au gouvernement de se mobiliser totalement sur ce sujet", nous rapporte le porte parole du Gouvernement Luc Chatel.
Les pouvoirs publics, le club et la LFP semblent donc motivés pour venir le plus rapidement possible à bout de ces incidents qui règnent autour du Parc des Princes. Bien décidé à punir les coupables, vingt personnes ont notamment été déférées devant le parquet pour des jets de projectiles sur les policiers, lors des affrontements entre supporters et forces de l’ordre, le parquet a décidé d’appliquer une interdiction de stade pour 16 des 20 personnes interpellées. Deux autres ont été jugées en comparution immédiate et ont récolté une peine de prison avec sursis, ainsi qu’une mise à l’épreuve.
Les Lutèce Falco se retirent
Les autres groupes de supporters du Parc des Princes commencent à s’inquiéter publiquement de la tournure des évènements. Les Lutèce Falco, association de la tribune Auteuil fondée en 1991, ont décidé de mettre en sommeil leur groupe : « Nous, Lutèce Falco avons décidé, suite aux événements de PSG-OM de mettre un terme à nos activités en tribune jusqu'à la normalisation de l'atmosphère. La situation des tribunes, tendant au nihilisme parfait, nous fait craindre que le tombeau du club ne soit bientôt définitivement scellé et celui de notre association avec », ont-ils annoncé dans un communiqué, précisant toutefois que cela ne voulait en rien signifier une dissolution. Cette mise en sommeil marque une fin d’activité temporaire de la part du groupe composé de près de 400 supporters. Les membres du groupe ont été priés de « ne plus arborer de matériel à l'effigie du groupe, de prendre soin d'eux. Tout le monde chez nous est sous le choc et cette décision a été unanime », a ajouté Simon Mathey, président des Lutèce, à l’AFP.
La situation est la même pour le Handi Club Paris qui s’est dit choqué des évènements. Cette association composée d’une douzaine de personnes à mobilité réduite, à décidé de ne plus se rendre au Parc des Princes, par souci de sécurité. « Samedi dernier, tout s’est passé devant l’entrée de notre tribune, un de nos membres s’est retrouvé bloqué du mauvais côté. Heureusement, un steward intelligent l’a laissé passer et l’a escorté. Franchement, on a peur. Nous, on ne peut pas courir », a déclaré le président de l’Handi Club Paris, Stéphane Froger.
Les prochaines semaines devraient donc être marquées par l’érosion de l ’affluence au Parc des Princes, devenu un lieu où la sécurité n’est plus le maître mot.
Pour conclure, il faut signaler que Yann. L, le supporter lynché, est toujours dans le coma à l’heure actuelle. Alors que les médecins ont essayé de le réanimer aujourd'hui, il semblerait que Yann n'ait pas réagit à la phase de réveil. Une mauvaise nouvelle puisque les médecins semblent désormais pessimistes quant à ses chances de survie. Des faits qui devraient faire réfléchir certains supporters …