Une fumée si dangereuse?
Au départ, il ne sagit quand même que de fumées colorées, rien de méchant donc. Des décorations qui offrent en plus de bien belles images aux diffuseurs télés. Des stades lumineux, des tribunes en liesse, cest aussi ça le football. Certains clubs européens, comme le Milan AC ou Galatasaray par exemple, connaissent très bien limpact psychologique qu'a leur public sur leurs adversaires, forcément impressionnés par laccueil brûlant. Un atout majeur dont les joueurs ne se passeraient pour rien au monde.
La LFP intransigeante
Récemment, Frédéric Thiriez, en compagnie de la ministre de lIntérieur, a paraphé une charte dorganisation du match de football. Ce texte, visant à officialiser des procédures déjà existantes, prouve létat desprit général de la Ligue. Les pontes de la Fédération française veulent nettoyer les stades de tous débordements possibles. Sappuyant sur la loi Alliot-Marie de 1994 qui interdit "lusage dengins pyrotechniques dans lenceinte des stades", les dirigeants du foot hexagonal ont multiplié les sanctions.
Les sanctions pleuvent
Mi-février, ce sont deux membres des Red Kaos, les ultras de Grenoble, qui se voient interdits laccès au stade pour avoir allumé des fumigènes au sein des tribunes. Plus que de lincompréhension, cette décision est vécue comme une insulte par les supporteurs du GF38.
ðvidemment, le PSG et lOM ne pouvaient alors éviter les sanctions dune commission toujours plus à vif sur le sujet. Fin mars, le club olympien se voit infliger un match à huis-clos ferme à cause de jets de fumigènes de ses supporteurs. Si Pape Diouf et ses adjoints devraient réussir à repousser la sanction à la saison prochaine, les supporteurs, eux, restent dans lincompréhension la plus totale.
Même constat du côté de la capitale. Malgré de réels efforts de contrôle et de prévention, Paris sest vu infliger la même sanction que son rival, avec sursis. La cerise sur un gâteau plus que coûteux pour le PSG qui a déjà du débourser 400 000 euros damendes cette saison.
La Ligue, en tapant financièrement sur les clubs le manque à gagner pour un match joué dans un stade vide est de lordre dun à deux millions deuros met en plus les dirigeants dans la tourmente. Dun côté, ils ne veulent pas froisser leurs supporteurs, lâme de leurs enceintes. De lautre, il faut bien trouver un terrain dentente afin de garder un peu dargent pour les transferts.
Les supporteurs en colère
Côté tribunes, les lourdes sanctions sont très mal accueillies. Pour les supporteurs, les fumigènes font partie intégrante du folklore qui entoure les matches. Incompréhensible donc d'en interdire l'utilisation: "On ne peut pas aller à l'encontre de ce que l'on est. (¦) L'usage des fumigènes fait partie de la culture ultra", explique ainsi un membre du Kop grenoblois, les Red Kaos, sur le site grenews.com.
Les fans du PSG sont sur la même longueur d'ondes : "Les gens viennent au stade pour voir un beau match avec des animations dans les tribunes, avec des tifos préparés par les groupes de supporteurs¦", estime, pour sa part, Stéphane Froger, président du club de supporteurs parisiens lHandi Club Paris, avant de se montrer plus vindicatif : "La LFP peut faire la loi, les supporteurs aussi feront la leur… Jusqu'à présent je n'ai jamais entendu parler d'un décès à cause des fumigènes." Ce dernier garde tout de même l'espoir de trouver un terrain d'entente: "Si la LFP ne fait pas la tête dure, je pense qu'un accord est encore possible."
Les joueurs sont partagés
Les joueurs semblent, eux, nager un peu entre deux eaux. S'ils savent l'importance de l'adhésion du public, ils n'ont aucune envie d'évoluer dans des stades vides. En ce sens, le défenseur marseillais, Laurent Bonnart, a dailleurs voulu faire passer un message à lattention des fans de lOM : "En sachant que les fumigènes sont interdits, pourquoi le faire ? Cela pénalise toute une ville, un club et les supporteurs", glissait-il à nos confrères de La Provence.
Ludovic Giuly est, lui, plus divisé, embarrassé de voir autant de répression envers les amoureux du ballon rond: "Ce serait dommage que la réglementation affecte trop l'ambiance des stades. On peut réglementer l'utilisation des fumigènes, sans l'interdire. Je trouve désolant de sanctionner les supporteurs, les clubs."
Le débat autour de la sécurité dans les stades, n'est visiblement pas terminé, tant les points de vue entre les supporters d'une part et les dirigeants d'autre part, divergent. Le côté festif et télégénique des fumigènes, que les supporters considèrent comme partie intégrante du folklore autour de l'animation dans le stade et que les médias reproduisent volontiers, se heurte à la volonté de dirigeants immobilistes d'aseptiser le football et d'en finir avec des traditions Ultras au sein des associations de supporters.
CarlosB et Lesdessousdusport.fr