
Lenfance lyonnaise
Une pièce de 10 F (1,50 ¬ ). Ce fut le
premier salaire de Ludovic Giuly. Il avait 4 ans et son père Dominique,
alors gardien de but du petit club de Chasselay (Rhône) après avoir
brièvement évolué à Bastia en L2, lui avait versé cette récompense
afin quil « surveille » les exercices physiques des joueurs. Comme un rituel du mercredi, le petit Ludovic a ainsi épié de nombreux
entraînements avant, quelques mois plus tard, de signer sa première
licence.
A 11 ans, à loccasion dun tournoi poussins à lArbresle où il est
désigné meilleur joueur, lOL le fait entrer dans son centre de
formation. Son parcours, pendant plusieurs années, sera loin dêtre
facile : chaque année, les formateurs lyonnais se posent la question de
le conserver ou non. Ses qualités techniques ne sont pas en cause, mais
sa taille pose problème. Personne ne limagine passer professionnel
alors quil est déjà évident quil ne dépassera pas 1,65m. A Lyon, où
pourtant Di Nallo et Chiesa ont fait une magnifique carrière en
mesurant 1,67m et 1,68m, les formateurs ne misent pas trop sur lui¦
Timide et discret, Giuly progresse néanmoins en silence. Sa chance,
cest quil évolue dans une génération exceptionnelle, qui finira par
remporter la Coupe Gambardella en 1994. A ses côtés, on retrouve par
exemple Bardon, Jurietti, Fiorese ou Devaux. Cest fin 1993 que le
destin de Giuly, alors âgé de 17 ans, bascule. Lors de la
traditionnelle opposition du mercredi entre le groupe professionnel et
la réserve, un des espoirs du club, Frédéric Patouillard, convoqué par
larmée le matin même, déclare forfait. Giuly, qui évolue en Division
dHonneur, est appelé pour disputer lopposition au poste de milieu
défensif. Jean Tigana, alors entraîneur de lOL, le remarque et
limpose.
Ainsi lancé, Giuly ne sarrêtera plus. Aujourdhui, il
revient souvent à Chasselay où tout a commencé. Il est devenu président
dhonneur du club, à qui il verse près de 100 000 ¬ chaque année. Et le
stade municipal sappelle désormais stade Ludovic-Giuly.
Il fuit les soirées parisiennes
En dehors des terrains, Ludovic Giuly quitte rarement
son appartement parisien près des bords de Seine. Il y passe des heures
à samuser sur des jeux vidéo. Il aime aussi recevoir quelques
coéquipiers comme dimanche, à lissue de PSG Le Havre (3-0), quand il a
invité quelques joueurs à manger des sushis. Giuly passe une grande
partie de ses jours de repos chez ses parents, dans la banlieue de
Lyon, ou dans le petit village de Zalana, en Corse, où vit sa
grand-mère. Sil se montre souvent affable, il nest vraiment en
confiance quavec un cercle réduit dintimes : Sam Deballa, un copain
denfance, Ludovic Jacon, son beau-frère qui a épousé sa sur jumelle,
et Sébastien Riera, qui gère également son image via sa société ACPR.
Avec ceux-là, il a un rituel : passer quelques jours de vacances chaque
été. Lan dernier, cétait à Marrakech. Cette année, il partira à Kemer
en Turquie.
Dans le milieu du foot, lattaquant parisien sest fait quelques bons
copains : Squillaci et Givet à Monaco, Etoo à Barcelone ou Mexès à
Rome. Même sil abhorre les soirées parisiennes, Giuly a sympathisé
avec Gad Elmaleh ou Patrick Bruel dont il possède les numéros de
portable. Il aime également jouer au tennis. Il a dailleurs défié Paul
Le Guen en début de saison sur un court. Mais cest lentraîneur qui
avait gagné¦ « Ludo est un type extrêmement nature et qui nest
impressionné par personne », note Sébastien Riera.
Une récente anecdote lillustre parfaitement. A lissue de PSG – Kiev
(0-0) auquel il avait assisté, Nicolas Sarkozy est descendu dans le
vestiaire. Giuly, torse nu et serviette autour de la taille, sest
alors précipité vers lui en lançant : « Je voulais voir si jétais plus
grand que vous ! » Le président de la République a souri devant tant de
culot. « Vous êtes vraiment un joueur que japprécie énormément », lui
a-t-il dit en lui serrant la main.