Le Clasico arrive à grands pas et ce match reste pour les supporters des deux camps le match de l'année, celui qu'il ne faut pas perdre sous peine de grandement ternir la saison. De belles performances dans ces 2 matchs particuliers peut même sauver une saison. Pour les joueurs ce match reste un match comme les autres, tout du moins dans sa préparation, car sur le terrain et poussés par leur public les joueurs se subliment pour ce sommet du championnat.
Cet évènement exacerbe la passion des supporters pour leur équipe, où les ultras témoignent de leur haine pour l'équipe adverse. Depuis les années Canal+, avec Tapie et Denisot, la rivalité des 2 clubs est une réalité qui perdure, mais aujourd'hui plus au niveau des supporters que des clubs, dont les relations se sont "normalisées" au fil du temps. Mais tout de même, si les dirigeants des 2 clubs peuvent faire une petite vacherie au camp adverse, sous forme d'une "prise de guerre", ils ne s'en privent pas. Et à ce petit jeu l'OM parait plus fort que le PSG : les mouvements de joueurs de Paris vers Marseille ont été bien plus nombreux que ceux de Marseille vers Paris.
La liste des "fourbes" où des "traîtres", qui clamaient leur amour du maillot rouge et bleu et qui se sont montrés infidèles en passant à l'ennemi, est longue et Marseille reste une belle terre d'accueil pour ces mercenaires du football. Car aujourd'hui rare sont les joueurs qui restent fidèles à leurs principes et insensibles aux sirènes extérieures. L'appât du gain guide plus les joueurs que leur coeur, alors il est facile pour un grand club comme Paris ou Marseille d'attirer un joueur du rival dans ses filets, moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. L'OM, disposant de meilleures ressources financières que le PSG, a pu s'offrir les services de nombre de joueurs parisiens, mais dans le passé le club de la capitale à tout de même réussi quelques "prises".
Nous n'allons pas établir ici la liste complète des ces "traîtres", mais rappeler les mouvements les plus significatifs en commençant par ceux qui nous occupent dans l'actualité. Le cas le plus évocateur est bien entendu celui de Gabriel Heinze, l'ancien chouchou du Parc durant 3 saisons (99 matchs de L1, 4 buts) entre 2001 et 2004, qui avait tant clamé que le PSG lui avait apporté ses plus belles années de footballeur et qui jurait que c'était le seul club français pour lequel il pouvait jouer. Loin de ces belles paroles, l'argentin a fait ses valises cet été pour la Canebière et risque d'avoir un bel accueil lors de la venue de l'OM au Parc, le 28 février prochain.
Cet été, deux anciens parisiens ont également succombé aux sirènes marseillaises : Edouard Cissé, également joueur emblématique avec plus de 250 matchs sous les couleurs rouge et bleu, et Fabrice Abriel, formé au PSG, même si ce dernier n'a joué que 3 matchs avec l'équipe fanion. Dans l'effectif parisien on retrouve cette année 3 joueurs ayant porté les couleurs olympiennes : Papus Camara (42 matchs de L1) durant 18 mois entre 2000 et 2001, Peguy Luyindula (37 matchs de L1, 10 buts) entre 2004 et 2005 et Claude Makélélé (32 matchs de L1) durant la saison 97/98, mais aucun des ces trois là ne semble avoir laissé une trace indélébile sur la Canebière.
La dernière réussite marseillaise est sans conteste Lorik Cana, pur produit du centre de formation parisien qui a porté les couleurs rouge et bleu durant 3 ans de 2002 à 2005 (69 matchs de L1, 2 buts). Il portera les couleurs olympiennes durant 4 ans jusqu'à l'été 2008 en devenant même le capitaine emblématique de l'équipe phocéenne. D'autres ex-parisiens passés directement à l'ennemi ne réussiront pas, quant à eux, à se faire adopter par le Vélodrome, on pense notamment à : Fabrice Fiorèse (81 matchs de L1, 13 buts) qui n'a disputé que 18 matchs à l'OM, Frédéric Déhu (119 matchs de L1, 6 buts), Modeste Mbami (85 matchs de L1, 1 but), ou plus lointainement Florian Maurice (29 matchs, 7 buts).
On retiendra également 2 joueurs, ayant effectué des aller-retours entre Paris et Marseille : Jérôme Leroy et Xavier Gravelaine. Formé au PSG, Jérôme Leroy (121 matchs de L1, 10 buts) portera les couleurs parisiennes de 96 à décembre 99, puis olympiennes de janvier 2000 à décembre 2001, avant de retrouver la maillot rouge et bleu de janvier 2002 à septembre 2003. Xavier Gravelaine (33 matchs de L1, 3 buts) quant à lui portera la tunique parisienne en 93/94, avant d'aller à Strasbourg durant la saison 94/95, puis reviendra à Paris quelques mois en 95/96, pour finir la saison à Guingamp et migrer à Marseille de 96 à 98 et enfin revenir à Paris pour la saison 98/99.
Pour en finir avec les parisiens ayant ensuite porté les couleurs marseillaises, je ne citerai que 2 joueurs qui ont marqué l'histoire du club de la capitale, Mister George Weah et Daniel Bravo. L'attaquant libérien passera 3 saisons inoubliables dans la capitale entre 92 et 95 (137 matchs disputés au total pour 55 buts inscrits), avant d'aller faire une pige à Marseille durant la saison 2000/2001 et après avoir porté les couleurs du Milan AC (4 ans et demi), de Chelsea et de Manchester City. Le petit prince du Parc passera quant à lui 7 saisons remarquées au PSG entre 89 et 96 (275 matchs disputés au total pour 26 buts inscrits), avant d'aller jouer 1 saison à Parme et 1 saison à Lyon, pour ensuite atterrir à Marseille pour la saison 98/99.
L'axe Marseille-Paris a moins bien fonctionné, cependant quelques joueurs ont quitté l'OM pour la capitale avec plus ou moins de succès. Celui qui a le mieux supporté le voyage est Laurent Fournier (252 matchs disputés au total pour 18 buts inscrits) : après une saison à l'OM (90/91) il portera haut les couleurs parisiennes durant 6 saisons (entrecoupées d'une escapade à Bordeaux en 94/95). Il sera également l'entraîneur de l'équipe de la capitale de février à décembre 2005, démis inexplicablement de ses fonctions par Pierre Blayau. Les autres joueurs connaîtront des fortunes diverses comme Stéphane Dalmat (à l'OM en 99/00 puis au PSG jusqu'à fin 2000), Peter Luccin (à l'OM entre 99/00 puis au PSG en 00/01), Bruno Germain (à l'OM entre 88/91 puis au PSG entre 91/93), Bernard Pardo (à l'OM en 90/91 et au PSG en 91/92) ou encore Yvon Leroux (à l'OM entre 87/89 et au PSG en 89/90).
Pour terminer cette litanie, l'actuel responsable du recrutement parisien, Alain Roche aura passé une saison sur la Canebière (89/90), avant de passer par Auxerre (90/92) et atterrir dans la capitale, où il passera 6 saisons courronnées de succès (220 matchs disputés au total pour 12 buts inscrits) entre 92 et 98. Alors "traître ou ne pas traître" comme dirait Shakespear, les supporters des 2 clans apprécieront à leur façon les joueurs qui ont renié leurs couleurs au profit de l'ennemi et ceux qui malgré tout ont conservé leur dignité dans l'histoire…