d'un cran: le procureur de la République de Bobigny, François Molins, a
annoncé vendredi l'ouverture d'une information judiciaire, alors que
trois suspects ont été interpellés.
Le procureur a donné de plus
amples détails sur cette banderole déployée pendant trois minutes,
entre 22h18 et 22h21, samedi dernier lors de la finale de la Coupe de
la Ligue de football entre le Paris Saint-Germain et Lens. Il a précisé
qu'elle était composée de onze morceaux de tissu, de cinq mètres
environ. "Pédophiles, chômeurs, consanguins: bienvenue chez les
Ch'tis", pouvait-on lire.
Une perquisition a été menée jeudi soir
dans le local des Boulogne Boys, l'un des clubs de supporteurs
parisiens, a confirmé le procureur de la République, précisant que des
traces de peinture avaient été retrouvées "aux abords du local". Elles
"laissent penser que c'est là que la banderole a pu être
confectionnée", d'autant plus que le mot "Ch'tis" apparaît selon lui
sur le sol. Des analyses devraient déterminer s'il s'agit de la même
peinture.
Trois suspects placés en garde à vue jeudi ont été
présentés au parquet vendredi. Deux d'entre eux, âgés de 20 ans, se
sont présentés comme des "supporteurs indépendants" et ont "reconnu
avoir participé ou assisté à la confection de la banderole et à son
transport". Ils avaient déjà fait l'objet d'une interdiction de stade.
Le troisième, 28 ans, dit être membre des Boulogne Boys depuis 1999 et
admet "avoir participé" au transport et au montage.
"La vérité
n'est pas entière. Aujourd'hui, on n'a identifié que trois personnes",
a observé le procureur, soulignant que "sur onze morceaux, il doit y
avoir au moins onze personnes".
L'information judiciaire a été
ouverte pour "provocation à la haine ou à la violence lors d'une
manifestation sportive". Les suspects encourent jusqu'à un an de
prison, 15.000 euros d'amende et trois ans d'interdiction de stade. Le
parquet a requis leur placement sous contrôle judiciaire, avec
interdiction de rencontrer d'autres supporteurs et de pénétrer dans une
enceinte sportive.
La Brigade de répression de la délinquance aux
personnes (BRDP) est chargée de l'enquête. Selon le procureur, le PSG a
accepté de communiquer les numéros de places et l'identité des
personnes censées les occuper au moment des faits.
Les trois
suspects "semblent dépassés par la tournure que prend les événements",
a rapporté François Molins. Pendant leur garde à vue, ils ont notamment
rappelé que ce genre de banderoles était monnaie courante dans les
stades de football.
Les supporteurs de Saint-Etienne gardent en
effet en mémoire certaines banderoles déployées par leurs éternels
rivaux lyonnais: "Stéphanois, ordures consanguines" ou encore "Les
gones inventaient le cinéma quand vos pères crevaient dans les
mines"… Récemment, les mêmes Stéphanois avaient proclamé que "la
chasse est ouverte, tuez-les" avec des portraits de joueurs lyonnais
sur des corps d'animaux dans la jungle.