Depuis l'affaire de la banderole anti-Ch'tis, nombreux sont ceux qui réclament la dissolution du ou des groupes de supporteurs à l'origine de ces injures. Dans le collimateur des autorités : les Boulogne Boys, qui ont multiplié les incidents.
En saisissant officiellement, vendredi dernier, la Commission nationale consultative de prévention des violences lors des manifestations sportives, le ministère de l'Intérieur manifeste sa ferme intention de voir les Boulogne Boys dissous. Beauvau reproche à cette association de supporteurs ultras, la plus importante et la plus ancienne installée dans le virage Boulogne du Parc des Princes, des actions violentes contre des « personnes physiques » et des « agissements d'incitation à la haine et à la discrimination ». L'Intérieur s'appuie sur un rapport des renseignements généraux qui met directement en cause les Boulogne Boys dans l'affaire de la banderole injurieuse déployée le 29 mars au Stade de France lors de la finale de la Coupe de la Ligue PSG – Lens.
Une proximité complice. Selon les renseignements généraux, l'initiative de la confection de la banderole injurieuse revient à quelques supporteurs « indépendants », c'est-à-dire non adhérents à quelque association d'ultras que ce soit. Cependant, et comme semble le confirmer par ailleurs l'enquête judiciaire confiée à la brigade de répression de la délinquance contre les personnes de la police judiciaire de Paris, c'est la « proximité » entre certains membres, même dirigeants, des Boulogne Boys et de ces indépendants qui a permis la réalisation concrète de la banderole. Et surtout de disposer cette longue bâche, en réalité onze morceaux de tissus distribués à onze supporteurs placés en ordre de 1 à 11, sur la propre banderole des Boys. « Sans la fourniture de moyens accordée par les Boulogne Boys et sur laquelle ils savaient pouvoir compter, il est certain que les indépendants n'auraient pu mettre leur projet à exécution », précise la note.
« De véritables actions commando ». Officiellement baptisée l'Association nouvelle des Boulogne Boys, elle regroupe environ 500 membres, et 400 sympathisants. Depuis des années, des membres des Boys sont impliqués dans des actes de violence, souvent des batailles rangées prenant la forme de « véritables actions commando » à l'encontre d'autres groupes d'ultras parisiens ou de clubs adverses, de supporteurs lyonnais, stéphanois ou bordelais. Avant la rencontre Nice – PSG , fin novembre dernier , plusieurs bagarres extrêmement violentes éclatent entre des Boys et des supporteurs niçois, entraînant des interdictions de stade. A ce jour, 113 membres des Boys ont fait l'objet d'une interdiction judiciaire de stade, et 51 d'une interdiction administrative.
L'incitation à la haine raciale, credo de certains Boys. Sur les deux dernières saisons sportives, outre la récente affaire de la banderole, au moins quatre incidents ont été recensés par les services des renseignements généraux. Dernier en date, le 17 février dernier, à l'occasion d'un déplacement à Marseille : alcoolisés, violents, des membres des Boys s'exclament dans le bus qui les conduit vers Marseille : « On va leur faire voir à ces bougnoules de Marseillais, on va casser du bougnoule (sic). » A peine plus tard, une rixe, impliquant une trentaine de membres des Boulogne Boys, a éclaté contre des supporteurs locaux sur l'aire d'autoroute de Lançon-de-Provence.
Les responsables mis en cause. « Loin de jouer le rôle de modération ou de discipline qui devrait être le leur, les animateurs de l'association ont à plusieurs reprises revendiqué des actions violentes, tendant ainsi à exacerber les passions. » Le président de l'association, Pierre-Louis Dupont, lui-même un temps interdit de stade pour y avoir introduit des fumigènes, était dans l'un des cars impliqués dans la rixe de Lançon-de-Provence. Par ailleurs, François B., l'un des membres actuels du bureau des Boulogne Boys, a été l'un des premiers mis en examen dans l'affaire de la banderole. Il a avoué avoir introduit l'un des onze morceaux dans l'enceinte du Stade de France.
Selon cet argumentaire, les « conditions de fond exigées pour prononcer la dissolution administrative des Boulogne Boys semblent être réunies ». A la commission, désormais, de donner son avis d'ici à une dizaine de jours au maximum et à Beauvau in fine de trancher.
Evoquée la semaine dernière, l'auto-dissolution des deux associations les Rangers et les Gavroches du kop de Boulogne n'est plus d'actualité. Elles avaient projeté de disparaître en solidarité avec les Boulogne Boys, mais elles ont été échaudées par l'attitude des responsables des Boys, qui leur avaient assuré qu'ils n'étaient pour rien dans la confection de la banderole anti-Ch'tis, jusqu'à ce que François B., membre du bureau des Boulogne Boys, ait été mis en examen vendredi pour avoir participé à la confection et au transport de la banderole.