Alors que la crise oppresse le PSG, lactionnaire du club a réaffirmé son engagement. Mais sans clarifier sa stratégie.
ILS NE PARTIRONT PAS. Les actionnaires du PSG lont dit et redit, cétait même écrit, lundi dernier, dans le communiqué de Sébastien Bazin, le directeur Europe de Colony Capital : « Les difficultés actuelles ne remettent absolument pas en question (leur) engagement » au sein de ce PSG auquel ils aspirent à redonner une stature de « grand club européen ». Pour les successeurs de Canal + à la tête du club parisien, le bilan est glacial deux ans après le rachat du club pour 26 M. Il lest en premier lieu pour Colony Capital, devenu linvestisseur de référence depuis la recomposition de lactionnariat en début dannée (*). Colony nentend pas se retirer du PSG, donc,même en cas de relégation en L 2,même si léventualité dun désengagement a pu faire récemment lobjet dune réflexion.« Déjà, si Colony reste, cest parce quil na pas dautre choix, explique un proche du dossier. Aujourdhui, ce serait le moins bon moment pour vendre. » En janvier dernier, lors de la vente des actions de Butler à Colony, le deal se serait conclu sur la base dun PSG valorisé aux alentours de 70M.Un chiffre élevé, surtout destiné à régler un conflit dactionnaires, et qui semble aujourdhui éloigné du marché : lintérêt dinvestisseurs du Golfe est réel, notamment, mais ceux-ci nentendraient pas surpayer un PSG dont ils semblent estimer la valeur entre 15 et 30M. Très loin des espoirs initiaux des nouveaux actionnaires de revendre un jour le club au moins cinq fois son prix dachat, quil savent particulièrement faible.
Le renouveau sportif,priorité absolue
Mais au-delà de ces hypothèses de rentabilité, Colony a-t-il encore des intérêts à rester au PSG ? La perspectivede la L 2 est décrite en interne comme une « catastrophe », mais surtout en termes dimage. Limage en France de la compagnie est déjà abîmée dans des proportions non négligeables : le PSG deColony, cest celui dune crise quasi permanente depuis deux ans, avec lespoir du maintien en L 1 comme pain quotidien¦ Cest limage aussi dun club sans direction forte et dun actionnaire longtemps hésitant dans sa recherche dun modèle performant. Pour Bazin, la nomination cette semaine de Michel Moulin comme conseiller sportif apparaît comme le signe dune reprise en main longtemps attendue et aussi comme une invitation à de nouvelles idées pour un meilleur fonctionnement du PSG. Le retard est considérable sur les prévisions du business plan des actionnaires. Si Bazin na pas encore lâché Paul Le Guen, il ne peut que constater que lentraîneur na pas répondu à ses attentes. Pour le dirigeant de Colony, lancien manager des Rangers devait être lhomme dune lente mais sûre montée en puissance du PSG. Les erreurs de Le Guen, dans le recrutement comme dans le management du vestiaire, ont contribué à compromettre cette espérance et à dévaloriser lactif-joueurs du club. Dans lhypothèse du maintien, Colony Capital aurait tracé la voie du redressement. Injecter suffisamment dargent pour recruter trois ou quatre joueurs de caractère à forte renommée. Pour Colony, lidée de départ na pas changé : le PSG doit devenir cette vitrine flatteuse qui lui permettrait de sériger en partenaire privilégié de la Mairie de Paris pour développer ses projets immobiliers dans la capitale, une activité qui a toujours constitué le coeur de sa stratégie au niveau mondial. « Bazin nest pas là par hasard, confie un familier du club. Sil reste, cest quil na pas fini ce quil voulait faire. »En privé, le dirigeant de Colony a fixé ses priorités. Le renouveau sportif arrive en tête de sa liste. Viendrait, ensuite, une nouvelle approche de la délicate gestion des supporters. Par ailleurs, Bazin réfléchirait sérieusement à lidée de refaire basculer dans le giron du club limportant secteur du merchandising 15 à 17 M de chiffre daffaires dont la responsabilité était déléguée à Nike ces dernières années. Labsence de communication des responsables de Colony enveloppe toujours dun certain mystère leurs intentions. Garderont-ils le PSG encore cinq ans au moins comme ils laffirment ? Larrivée de Michel Moulin préfigure-t-elle un passage en douceur vers dautres actionnaires ? En coulisses, le message distillé est que rien nest décidé. Ni lavenir de Moulin, ni même celui de Le Guen la saison prochaine. Difficile dimaginer, cependant, que rien ne bougerait en cas de relégation, même sil en faudrait plus pour ébranler le géant Colony, qui gère près de 24 milliards deuros dactifs dans le monde. Un empire au sein duquel le PSG et ses 70 M de budget ne forment qu'une goutte d'eau mais la goutte deau la plus observée du moment et celle susceptible de faire le plus de bruit¦