«On n'a pas été à la hauteur cette saison parce qu'on manquait de talent». Tout simplement. Le constat est signé Jérôme Rothen, ce samedi, quelques minutes après la victoire ramenée de Sochaux. Un bilan cinglant, mais juste. L'avertissement de la saison dernière, au terme de laquelle le club de la capitale avait déjà péniblement assuré son maintien (15e), n'a finalement servi à rien. Depuis deux ans, le recrutement du Paris-SG a la particularité de sonner creux. A force de tenter des paris et d'accumuler les joueurs moyens, sans aucune expérience du plus haut niveau, il en est forcément devenu une équipe moyenne. Le duo brésilien Souza – Everton, arrivé cet hiver et dont on peut encore se demander l'utilité, en est le meilleur exemple. Les arrivées de Grégory Bourillon, Didier Digard ou Ceara à l'intersaison auraient pu s'avérer cohérentes si elles avaient été accompagnées de quelques cadres, d'un ou deux joueurs de tempérament comme ont pu l'être Gabriel Heinze ou Juan-Pablo Sorin à une autre époque. Car, outre un manque de talent évident, le club de la capitale a cruellement manqué de caractère.
Pour Luis Fernandez, l'ancien mentor du Paris-SG, vainqueur de la Coupe des Coupes en 1996, le mal est plus profond, et plus lointain. «Le club a eu, un temps, beaucoup plus de moyens, mais il ne les a pas utilisés à bon escient. Il y a dix ans de cela, le Paris-SG était dans une bonne situation, tant sur le plan national qu'européen. Et c'est à ce moment-là qu'il aurait dû prendre le bon virage. A savoir construire quelque chose de solide, se doter de bonnes structures pour le recrutement régional, national voire international. Il aurait dû se doter aussi d'un centre d'entraînement digne d'un grand club. Il ne l'a pas fait, et il s'est trompé. Il a préféré consacrer ses moyens aux changements de présidents, d'entraîneurs, et de joueurs. Le club a gaspillé. Aujourd'hui, ces erreurs, il les paye cash». Quoiqu'il en soit, le Paris-SG se retrouve désormais à un tournant important de son histoire. Il a échappé de peu aux affres de la Ligue 2, et aux conséquences catastrophiques qu'une relégation aurait eu sur la vie du club. Paris peut s'appuyer sur son bon parcours dans les coupes nationales pour rebondir et s'ouvrir de nouvelles perspectives. Reste désormais à faire les bons choix.
«On ne refera pas les mêmes bêtises»
Sébastien Bazin, le représentant de Colony Capital, actionnaire majoritaire du club, jure avoir retenu la leçon. Auteur d'un bilan catastrophique depuis deux ans qu'il est au club, il sait que l'heure du changement a sonné. «On va se souvenir des erreurs et on ne recommencera pas, lâchait-il dans les colonnes du Parisien, dimanche. Promis. On ne refera pas les mêmes bêtises. On a quinze jours pour prendre de bonnes décisions et ne pas se retrouver dans la même position la saison prochaine». Pour Luis Fernandez, le renouveau passe avant tout par un recrutement plus ambitieux. «Le Paris-SG ne doit pas jouer pour souffrir, mais pour faire le jeu. Son salut passe par le jeu. Il manque aujourd'hui de joueurs capables d'apporter une vraie maîtrise technique». Sachant que des cadres comme Pauleta ou Yepes vont également quitter le club, c'est dans une véritable mission de reconstruction que les dirigeants vont devoir se plonger. Il leur faudra cette fois mettre la main à la poche, et faire chauffer le téléphone. Son avenir est à ce prix.