Thuram au Paris Saint-Germain, on en parle
avec insistance ces dernières semaines. Si, sur le plan marketing et
dans le but de faire rêver les supporters, cette acquisition peut
s'avérer fort à propos, on peut clairement douter de son intérêt sur un
point de vue strictement sportif…
Lilian
Thuram proche du Paris Saint-Germain ? Il y a encore deux ans, une
telle nouvelle aurait fait l'unanimité et aurait d'ailleurs
probablement suscité au moins autant de doute quand à la véracité de
l'info que d'enthousiasme à l'idée de voir un grand homme et
accessoirement joueur de talent à l'expérience reconnue sur tous les
continents enfiler la tunique du club de la capitale. Initialement
défenseur latéral, Lilian Thuram a, tel Paolo Maldini, glissé vers
l'axe au fur et à mesure que les années passaient.
Ce repositionnement tactique serait d'ailleurs l'une des conditions
sine qua none ayant permis son retour en équipe de France il y a de
cela quelques années lorsqu'après un Euro 2004 catastrophique, Lilian
imitait Zinedine et décidait de se consacrer uniquement à son club
d'alors, la Juventus. Et comme Zinedine, Lilian reviendra avec les
Bleus pur un dernier baroud d'honneur qui, tel un diesel, fut peu
convaincant initialement avant de se sublimer pour finalement passer
tout près de l'exploit. Mais contrairement à Zinedine, Lilian n'aura
pas su quand s'arrêter…. Sans doute trop convaincu de la force du
groupe, celui-ci aura tenté une petite rallonge jusqu'au fiasco de
l'Euro 2008.
"On ne choisit pas sa fin" glisse Lilian Thuram. C'est sans compter
sur Zinedine – encore lui – qui, outre ce coup de tête déjà tant de
fois revisité, a su quand s'arrêter, ou sur Laurent Blanc et Didier
Deschamps qui, avant d'être de géniaux entraîneurs, avaient su dire
stop au moment voulu, recevant alors un vibrant hommage auquel avait
également été convié l'ancien parisien Bernard Lama qui lui n'avait
pourtant rien demandé. Manque de délicatesse, quand tu nous tiens….
Ce serait également sans compter sur Jocelyn Angloma qui, alors qu'il
lui restait de belles années – il allait le prouver à Valence par la
suite – avait su dire stop lors de l'euro 96 lorsqu'un jeune latéral
droit jouant à Monaco lui avait pris sa place.
Il est donc possible de choisir sa fin. D'ailleurs, Lilian a choisi
la sienne. En se laissant dériver jusqu'à l'euro 2008, il a finalement
coulé. Sa fin ressemble finalement à celle de Marcel Desailly qui,
quatre ans plus tôt avait également porté le brassard en début d'euro
avant d'être évincé du onze type. àtre comparé à Marcel Desailly pour
ses choix humains, là est peut-être le plus triste pour l'homme qu'est
Lilian. Aujourd'hui donc, Lilian espère qu'un club voudra bien de lui
pour la prochaine saison. Il ne devrait guère avoir de mal tant son
passé et ses qualités humaines forcent le respect.
Cependant, la réalité du terrain est autre. Si on imagine sans peine
que Lilian saura être un leader où qu'il aille l'an prochain, il n'a
plus le même taux de réussite dans les duels, ses relances sont moins
propres, il va moins vite. Quoi de plus logique à trente six ans bien
tassés ? Seulement, il est difficile d'être un leader lorsqu'on est pas
un exemple. Et quel que soit le passé de l'individu, si ses prestations
ne sont plus à la hauteur, il pourra difficilement rallier tous ses
équipiers à sa cause. On l'avait vu avec Lizarazu à Marseille il y a
quelques années. Il avait tenu six mois. Soit autant de temps que
Barthez à Nantes. Le recyclage de champion du monde en bout de course
n'est généralement pas l'idée du siècle…