PATRON DU PSG depuis le 27 mai, Charles Villeneuve se veut discret. Celui qui fêtera ses 67 ans samedi aime à travailler à l'ombre des projecteurs. Tel un général en temps de guerre, il ne dévoile aucun de ses plans et n'entend pas qu'on lui conteste son autorité. Décryptage.
Prendre son temps
A la mi-juillet, le PSG ne compte toujours qu'une seule recrue avec le Manceau Stéphane Sessegnon. De l'extérieur, cet immobilisme a de quoi inquiéter. Pas au club, où l'on exhibe une sérénité de façade. « J'entends dire que le PSG traîne. Je ne crois pas que ce soit le mot approprié. Nous allons à notre rythme, je marche à ma cadence. Et je demande qu'il n'y ait pas de pré-jugement. C'est comme en justice. Nous sommes présumés innocents », plaide ainsi Charles Villeneuve.
Si le temps du procès n'est pas encore venu, cette politique intrigue. La saison redémarre le 9 août avec un calendrier des plus compliqués (Monaco puis Bordeaux, ainsi que trois matchs à l'extérieur pendant le mois d'août). Or, il faudra compter au minimum deux à trois semaines pour que les futures recrues (Makelele, Giuly ?) s'adaptent et soient opérationnelles. Paris a-t-il encore le temps de prendre son temps ? « Nous serons prêts, répond le président. J'aurais atteint mes objectifs dans les jours, dans les semaines à venir. » Mais peut-être sera-t-il alors trop tard…
Le goût du secret
Fidèle à son passé militaire, le nouveau président du PSG cultive un goût du secret très prononcé. Mardi, lors de la présentation à la presse de Stéphane Sessegnon, il s'est refusé à tout commentaire sur les prochaines recrues parisiennes, se contentant d'un « je négocie ». S'il est de notoriété publique que Paris avance à grands pas sur deux dossiers, celui de Claude Makelele et de Ludovic Giuly, le président parisien dégage en touche en affirmant que ces pistes ne sont pas ses priorités. « Surtout ne rien dire » : tel est d'ailleurs le mot d'ordre adressé à ses collaborateurs.
Villeneuve aime surtout fonctionner en vase clos et s'entourer de gens de confiance. A ce titre, il peut déjà compter sur Bruno Skropeta. Les deux hommes se sont connus à TF 1. Skropeta, ancien journaliste lui aussi, est officiellement directeur de la communication et coordinateur sportif.
En clair, il doit faire le lien entre la structure sportive et la présidence. Mais, fort de la confiance de Villeneuve, il n'hésite pas, parfois, à se mêler aux négociations sur les transferts. Un fonctionnement qui irrite le staff technique et la cellule recrutement.
S'imposer comme le patron
Homme de pouvoir, Villeneuve ne conçoit pas son rôle au PSG sans disposer de larges prérogatives. Il n'apprécie guère que Sébastien Bazin, le propriétaire du club, conduise à sa place les négociations dans certains dossiers, comme celui de Claude Makelele.
A plusieurs reprises, il s'en est ému à ses intimes. L'ancien présentateur du « Droit de savoir » s'immisce aussi parfois dans le domaine sportif. En matière de recrutement, il a des idées. Celles-ci sont peut-être suggérées par des proches, comme Arsène Wenger ou Nicolas Anelka.
Problème : elles ne collent pas forcément à celles de Paul Le Guen. Ce dernier souhaite toujours recruter un défenseur. Ses dirigeants pensent, eux, que ce n'est plus une priorité. Des opinions divergentes sont aussi apparues au sujet du capitanat. Villeneuve a dit à Zoumana Camara qu'il porterait le brassard. Mais, lors des trois premiers matchs amicaux de préparation, l'entraîneur parisien a choisi… Sylvain Armand, qui l'était déjà l'an dernier, en alternance avec Pauleta.