
Je suis né en région parisienne et jallais voir les matchs au Parc des Princes depuis que javais 4 ou 5 ans. Jai toujours supporté Paris. Jaimais le maillot et les joueurs de lépoque. Cette passion sest développée crescendo. Je peux vraiment parler damour pour ce club et cela aurait été un échec dans ma carrière si je navais jamais joué ici.
Est-ce le club par lui-même ou la ville qui vous fait vibrer ?
Cest un tout. Cest la raison pour laquelle cétait un rêve de jouer ici. Jadore ce club, ce stade, les vrais supporters parisiens¦ (Rires) Cette ville est magnifique. Ma vie après le foot se fera à Paris donc jai déjà la chance de vivre ma passion dans la ville que jaime.
Quel genre de caractère faut-il avoir pour sépanouir au PSG ?
Il faut être très ambitieux. Quand tu arrives dans ce club, le but nest pas de se dire « jai atteint mon objectif car je joue à Paris ». Ce nest pas une finalité. Il y a une pression médiatique et une obligation de résultats encore plus importantes quailleurs. Les gens attendent beaucoup chaque saison, dès la première journée de championnat. Quand il y a une mauvaise ambiance, cest compliqué aussi donc il faut avoir du répondant et du mordant. Au PSG, on ne peut pas se permettre davoir des joueurs qui regardent leurs chaussures quand cela ne va pas. Il faut être fier de porter ce maillot, cest un caractère à part. On peut être très un bon joueur et ne pas réussir à Paris. Ce fût le cas de pas mal de monde. En règle général, quand un grand joueur signe ici, il y arrive parce quil a de lexpérience et un état desprit irréprochables. Avec des joueurs comme Giuly ou Makelele, il ny aucun risque parce quils ont les épaules pour endosser les responsabilités quon nous donne ici.
Larrivée de ces deux joueurs vous rendent-elles optimiste ?
Je lespère. Cest la cinquième année que je débute avec le PSG. Javais dénormes ambitions quand jai signé ici et finalement, jai connu beaucoup de désillusions, même si on gagné deux coupes… Cette saison, le club montre quil est ambitieux sur le papier et quil veut sortir de cette mauvaise passe. Les deux années précédentes, le club a misé sur les jeunes. Mais trop de jeunes ici, cela ne peut pas fonctionner. Les dirigeants prennent des risques et cest bien car on a tous envie de relever la tête.
Quel serait votre rêve le plus fou pour envisager la saison prochaine au PSG ?
Tout gagner¦ Quand tu es compétiteur et que tu as vécu des moments pénibles, tu ne peux vouloir que cela : terminer tout là haut et tout gagner. Pour finir dans les trois premiers, il va falloir doubler quatorze ou quinze équipes par rapport à lannée dernière. Est-ce quon a les moyens de le faire ? Je ne sais pas. Mais si on reprend une place parmi les sept premiers du championnat, je veux déjà bien jouer le coup comme ca ! Mais ce ne serait pas être ambitieux¦ Lyon, Marseille et Bordeaux sont en avance sur nous qui sommes en reconstruction. Cela peut aller vite parce que jai vraiment limpression que depuis quelques semaines, la mentalité du vestiaire a changé.
« Jétais au bord de la rupture »
Le PSG est-il dans une nouvelle dynamique cette saison ?
Il y a plus dambitions, une meilleure entente. Les joueurs expérimentés qui sont arrivés ont déjà beaucoup donné au football mais ont envie de donner encore. Ils ont toujours de lambition, ce sont de vrais passionnés et cest ce qui nous manquait un peu aussi. La nouvelle génération est moins passionnée que nous à lépoque. Oui je sais, je parle comme un vieux. Mais dans le discours des jeunes, on entend surtout parler dargent, daventures à létranger. Avec larrivée des plus danciens, cette mentalité de passionnés va prendre le dessus sur celle des plus jeunes¦
Vous paraissez soulagé par larrivée de ces joueurs cadres ?
Au moins, en cas de coup dur, il y aura davantage de joueurs visés et ce ne sera pas plus mal ! Plus sérieusement, chaque ligne aura un joueur dexpérience et cela va servir à toute léquipe.
Lan dernier, vous avez reçu des menaces directes de supporters. Sans parler des dégradations commises à votre domicile… Avez-vous eu peur pour votre famille et vos deux enfants, Matéo et Ambre ?
Cest désolant ce qui sest passé. Je fais du foot pour vivre des sensations fortes mais pas celles-lঠCes gens ont dépassé des limites et mont donné envie darrêter. Honnêtement, je me suis posé la question de savoir si cela valait le coup de continuer. Oui, je fais du foot. Oui, je vis ma passion. Oui, je gagne bien ma vie et je suis heureux. Mais si cette passion doit devenir un cauchemar, jarrête.
Etiez-vous vraiment prêt à mettre un terme à votre carrière ?
Quand tu sais quils sont capables de venir chez toi, de crever tes pneus avec des couteaux énormes ou te laisser des lettres de menaces, tu sais quils sont capables de tout. Si la voiture nétait pas dehors, est-ce quils nauraient pas essayé de rentrer ? On se pose beaucoup de questions. Le plus important pour moi à ce moment-là, cétait de protéger mes enfants parce que cest ce que jai de plus cher. Je me suis dit : « si jamais il arrive encore un truc, un seul, jarrête tout et je range les crampons¦ » Ce nest pas évident dêtre suivi par un flic pendant plus dun mois et quil soit là à la sortie de lécole pour être sûr quil narrive rien à vos enfants. Mon amour pour le club a finalement inversé la tendance mais vraiment, jétais au bord de la rupture.
Etes-vous fier davoir su faire face à ce passage difficile ?
Aujourdhui, je suis surtout fier de ne pas avoir donné raison à cette poignée de pseudo-supporters qui ont voulu me faire basculer. Cest une énorme victoire, peut être la plus belle depuis que je suis à Paris. (Silence). Oui, cest sûr, cela représente davantage à mes yeux quune victoire sur un match ou dans une coupe.