
Une rivalité artificielle
Même si l'on trouve plusieurs raisons à la rivalité entre Paris et Marseille, il ne faut pas oublier qu'elle est totalement artificielle. Contrairement aux grandes affiches étrangères qui sont basés sur différents critères (sociologiques, religieux, régionaux), les matches PSG OM n'avaient aucune valeur il y a plusieurs décennies. Tout a en fait été créé au début des années 1990. A cette époque, le président de l'OM Bernard Tapie veut un rival digne de ce nom à son équipe qui domine le championnat de France et se classe parmi les meilleures équipes d'Europe. Canal + se lance dans la reprise du PSG pour en faire un grand club français et se créé en opposition au modèle marseillais. La « guerre » entre les deux clubs est donc lancée et passionne les fans de football qui finalement attendaient un grand rendez-vous dans l'année. Cette rivalité se poursuit toujours depuis presque vingt ans à coup de déclarations, le plus souvent par presse interposée lors des semaines qui précèdent la rencontre.
« L'OM va vivre l'enfer »
Le 17 décembre 1992 marque le début des hostilités. ì la veille d'un PSG-OM déjà très attendu, les déclarations exceptionnellement belliqueuses de l'attaquant parisien David Ginola barrent la Une des pages sportives de tous les quotidiens : « Vendredi, ça va être la guerre ! » Le jour du match, Arthur Jorge, entraîneur portugais du Paris Saint-Germain et homme habituellement très réfléchi, se lâche à son tour : « On va leur marcher dessus¦ L'OM va vivre l'enfer. ». Les Marseillais ont reçu le message cinq sur cinq : les 46.000 spectateurs du Parc vont assister à un règlement de comptes d'une rare violence. Le choc PSG-OM bascule dans une autre dimension. Il devient « le derby de France ». La légende de la rencontre est en marche.
La saison suivante ne va faire que conforter la violence des affrontements entre les deux équipes, sur et en dehors des pelouses. Marcel Desailly avoue aujourd'hui certains actes prémédités contre des joueurs parisiens : « Il y avait de la haine contre quatre ou cinq joueurs d'en face qui nous déplaisaient fortement à cause de leurs déclarations, de leurs attitudes¦ On se disait entre nous : « Ceux-là, si on peut leur mettre une gifle¦ » Les gars avaient carte blanche. Mais je ne vous donnerai pas de noms. ».
Tapie commence à perdre patience
Les nouvelles ambitions du PSG agacent prodigieusement Bernard Tapie. Aux yeux du président de l'OM, un rival, c'est bien, mais un prétendant au trône, c'est trop, surtout s'il vient de l'ýle-de-France, sa région natale. Tapie transforme le club de la capitale en ennemi n°1. « Avant les matchs contre le PSG, il avait un discours, disons plus tonique. On sentait qu'il en faisait une affaire personnelle, qu'il fallait absolument qu'on gagne. Pour des gens de pouvoir comme Tapie, le foot, c'est un jeu. Une victoire de l'OM, cela lui permettait d'être à l'aise, de briller dans son environnement de businessman une fois revenu à Paris. » se souvient Desailly.
Marseille invincible
Dans les années 90, sous la présidence de Bernard Tapie, l'OM ne s'inclinera jamais devant le PSG version Canal+. Six matchs, trois victoires, trois nuls. Une domination si évidente que Vincent Guérin en vient à s'interroger : « ì chaque fois que j'ai joué contre Marseille, je n'ai jamais eu un soupçon d'aide ou de chance de la part de l'arbitre, dans quelque domaine que ce soit. Cela a toujours été inversé, même à Paris. D'ailleurs, nous n'avons jamais eu de penalty à Marseille alors qu'on aurait pu en avoir. Je me souviens aussi d'un match à Metz. L'OM avait perdu la veille, on devait donc être à un point. On mène 1-0 et on a pris deux penalties¦ Je me pose encore la question. ».
Le match de légende
Le 29 mai 1993, l'heure est à la fête au Vélodrome. Marseille vient tout juste de remporter la Coupe des Champions aux dépens du Milan AC (1-0) et s'apprête à fêter son sacre avec ses fans. Les joueurs ne se sont pas entraînés de la semaine et sont rapidement surpris par un but de Guérin (7e). La suite appartient à la légende. L'égalisation d'abord de Voller (16e) puis le chef d'uvre, Basile Boli, le héros de Munich, concluant d'un coup de tête rageur des 18 mètres une action collective magique (38e). Boksic ajoutera un 3e but en fin de match (3-1), synonyme de titre de champion, qui lui sera retiré quelques semaines plus tard suite à l'affaire VA-OM. Bizarement, ce match qui reste encore dans les annales de la Ligue 1, sera également le début de la fin de la « passion » régnant autour de cette rencontre.
Le début de la trêve
Devant l'hostilité des supporteurs et les nombreux débordements, les dirigeants et les joueurs ont convenu de rendre plus serein l'avant et l'après-match. Finies les déclarations cinglantes, les règlements de compte, mieux, sur le terrain les joueurs se respectent enfin. Plus de tacles assassins, de crachats, d'insultes. Mais en contre-partie, tout ce qui faisait la saveur, le piment du Clasico disparaît au fur et à mesure. Les rencontres se succèdent, sans passion. Pis les deux clubs vont doucement mais sûrement rentrer dans les rangs. D'abord Marseille, qui va connaître l'affront de la Ligue 2, suite aux affaires que l'on connaît. Tandis que le Paris Saint-Germain, après un titre et une Coupe des Vainqueurs de Coupe, va connaître une lente mais régulière descente dans la hiérarchie hexagonale. La rencontre entre les deux équipes n'a plus de Clasico que le nom.
Historique des confrontations
En 28 déplacements au Vélodrome, le Paris SG n'est pas souvent reparti les valises pleines de points puisque le club de la capitale ne s'y est imposé qu'à quatre reprises, pour six résultats nuls et 18 défaites. Un bilan très négatif donc, mais qui vire à l'équilibre sur les six dernières saisons avec deux succès de chaque côté, pour deux scores de parité. L'année dernière, l'OM avait néanmoins eu le dernier mot en s'imposant sur la plus courte des marges (2-1), grâce à des réalisations signées Taiwo et Niang tandis que Rothen avait ouvert la marque sur penalty.
2007-2008 : Marseille – Paris SG 2-1
2006-2007 : Marseille – Paris SG 1-1
2005-2006 : Marseille – Paris SG 1-0
2004-2005 : Marseille – Paris SG 1-1
2003-2004 : Marseille – Paris SG 0-1