Alain Cayzac, vous sortez un livre pour retracer vos deux années à la tête du PSG, est-ce une forme d'exutoire pour évacuer votre échec ?
Non pas vraiment. Je ne suis pas dépressif donc je n'avais pas besoin de cela. C'est peut-être arrogant, mais j'ai l'impression d'avoir vécu deux années exceptionnelles. C'était très dur d'ailleurs. C'est une aventure humaine qui mérite d'être racontée parce qu'il m'est arrivé un maximum d'emmerdes, surtout la première année. Je crois aussi que cela permet aux sympathisants du PSG de rentrer mieux dans les coulisses du club. Enfin, cela m'a paru intéressant de faire partager le stress d'un président, ses bons et ses mauvais moments. En ce qui me concerne, il y en a eu plus de mauvais que de bons.
Est-ce que cela vous a aidé à analyser les raisons de votre échec ?
L'intérêt d'un livre comme ça, c'est de démarrer un vrai débat. Cela suscite certaines discussions, certaines interrogations. J'ai dit en plaisantant qu'il serait bon d'organiser le Grenelle du PSG ou ses états généraux. Le constat peut faire réfléchir. J'ai échoué mais il y a eu beaucoup de présidents et d'entraîneurs au club. Or, depuis Denisot, personne n'a vraiment réussi et même Michel n'a pas connu que des bons moments. Ce livre peut être une occasion d'ouvrir un débat sur les raisons pour lesquelles le PSG a du mal à décoller. Mais peut-être qu'il va s'envoler maintenant.
Au moment de votre départ, vous deviez être consulté pour désigner votre successeur. L'avez-vous été pour la nomination de Charles Villeneuve ?
J'ai été associé à la réflexion avec Sébastien Bazin avec qui j'entretiens de très bonnes relations. Il m'a demandé de continuer à le conseiller. Je ne connaissais pas intimement Charles Villeneuve. Son image publique est controversée mais cela n'est pas forcément un critère. On m'a dit que j'étais trop populaire. Ce n'est pas forcément mauvais d'avoir des ennemis ! Il y a des gens du sérail comme Arsène Wenger qui ont également été consultés.
« Je regrette de ne pas avoir pris Makelele »
Pensiez-vous que Charles Villeneuve pourrait réussir comme il semble être en train de le faire ?
Ne le connaissant pas très bien, j'ai posé des questions à droite et à gauche et j'ai finalement pensé qu'il pouvait réussir. Maintenant, il faut rester prudent. En tout cas, je souhaite de tout cur qu'il réussisse. Je ne veux pas paraître prétentieux et dire qu'il suit la ligne que j'ai tracée mais ce qu'il fait n'est pas en contradiction avec mon action. Il me semble aller dans la bonne voie.
Quand vous voyez la méthode qu'il emploie, ne regrettez-vous pas de ne pas avoir été aussi ferme avec Paul Le Guen par exemple ?
Non, le reproche de la gentillesse est mauvais. J'ai une caractéristique, c'est le soutien des gens avec qui je suis. Tant qu'ils sont là, je ne critique personne publiquement. Mais personne ne sait ce que je disais à Paul Le Guen en privé. Je ne regrette pas du tout. Je ne regrette qu'une chose, c'est de ne pas avoir pris Makelele un an plus tôt. Mais je ne veux pas faire porter le chapeau à Paul. On avait un compte d'exploitation qui n'était pas bon avec une masse salariale très élevée. Je ne pensais pas avoir les moyens de recruter des joueurs, même libres, avec de hauts salaires. J'aurais dû passer outre puisque Sébastien Bazin était prêt à m'accorder une enveloppe supplémentaire pour Makelele.
N'êtes-vous pas un peu jaloux de voir qu'un homme comme Charles Villeneuve, qui ne connaissait pas les joueurs du PSG en arrivant, fasse déjà un peu mieux que vous ?
Il y a beaucoup d'inconscient là-dedans. Je fais passer mon amour du club avant ce genre de considération. Aujourd'hui quand il se passe des choses positives autour du club, avant de penser à moi, je pense au bonheur que cela procure. Après je ne vous cache pas que j'aurais été heureux, moi aussi, d'avoir pendant mes deux ans à la présidence, une victoire comme celle de dimanche contre l'OM. J'ai la faiblesse de penser que je n'ai pas tout mal fait. Certains joueurs qui étaient au Vélodrome dimanche étaient là l'année dernière. Mais je n'ai pas de rancur. Cela aurait été le cas si le président qui m'a remplacé avait cherché à prendre ma place.
« Je n'aurais pas gardé Le Guen »
Est-ce que vous vous attribuez un peu du succès de Guillaume Hoarau dans la mesure où son recrutement a été effectué sous votre présidence ?
Je ne peux pas ne pas me l'attribuer. Mais, même si j'émets quelques réserves sur Paul Le Guen dans mon livre, je ne peux pas non plus ne pas lui attribuer. J'ai négocié avec Jean-Pierre Louvel mais Paul Le Guen a aussi eu un rôle déterminant.
Où étiez-vous dimanche soir ?
Chez moi, j'ai suivi ça avec bonheur. Cela m'a rappelé de bons souvenirs, pas forcément sous ma présidence. Cela m'a fait très plaisir. Je ne vais pas être faux-jeton, cela m'aurait fait encore plus plaisir si j'avais été à la tête du club.
Pourriez-vous redevenir le président du PSG ?
Non jamais. Pas pour moi mais pour le club. J'ai eu ma chance mais je ne l'ai pas saisie. Il faut passer à autre chose même si c'est difficile. Le retour de Denisot serait envisageable parce qu'il a réussi mais le retour de quelqu'un qui a échoué ne serait pas bon pour le club. Si je n'avais pas démissionné avant la fin du championnat et que j'avais poursuivi pour une troisième année, je n'aurais pas gardé Paul Le Guen. Le couple Le Guen – Cayzac ne fonctionnait pas. Il y avait trop de choses négatives autour de nous qui avions suscité tant d'espoir.