En mai, le PSG aurait pu exploser. Six mois et demi plus tard, le club parisien sest relevé. Histoire dun renouveau.
Aux portes de la relégation à la fin de la saison dernière, le PSG a effectué un important travail en profondeur. Larrivée dun président à poigne, le recrutement de joueurs expérimentés, leaders dans le vestiaire et sur le terrain, ont visiblement apporté au club un surcroît de sérénité et defficacité.
RIEN NAURAIT PU EXISTER aujourdhui sans Amara Diané. Amara-le-héros, dont le souvenir semble enfoui, six mois après, sous les pétrodollars du Qatar. Diané lIioirien, lhomme dun doublé final à Sochaux (2-1), un soir de 38e journée à la vie à la mort. Si Paris avait perdu, Paris serait tombé en L2. La fin du monde, ou presque, pour ce club qui ne fréquente que les gens de lélite depuis 1974.
Sans Diané, Sébastien Bazin, aurait eu dautres maux de tête que la simple désignation dun nouveau président pour le PSG. Ce nom, le directeur Europe de Colony Capital la en tête depuis le début du mois de mai. Ce ne sera ni Michel Moulin, le conseiller sportif, ni Simon Tahar, président par intérim après le départ dAlain Cayzac en avril. Début mai, donc, le dirigeant de Colony vient de séjourner en Angleterre avec lun de ses proches conseillers, Michel Derbesse. Ancien directeur général délégué du groupe Bouygues, Derbesse a connu Charles Villeneuve à TF1,où il représentait lactionnaire. Michel Derbesse a déjà collaboré avec Sébastien Bazin sur ces grands projets immobiliers où se croisent le coeur de lactivité de Bouygues et des cibles privilégiées dinvestissements pour Colony.
Observateur des difficultés du PSG, Derbesse suggère à Bazin de se pencher sur le fonctionnement des grands clubs européens. En parallèle, il sollicite Villeneuve pour quil organise un rendez-vous avec Alex Ferguson à Manchester et Arsène Wenger à Londres. Les trois hommes passent deux jours ensemble en Angleterre. Dans lavion du retour vers Paris, Bazin réfléchit à une idée que lui a soufflée Michel Derbesse au cours du déplacement. Le dirigeant de Colony finit par se pencher vers Villeneuve : « Si je devais chercher un président pour le PSG, ça vous dirait ? »La mécanique est lancée. Le 27 mai, Charles Villeneuve est nommé à la présidence du club par le conseil dadministration.
Deux dossiers urgents à régler, déjà. 1. Faut-il garder Le Guen ? 2. Quels joueurs recruter pour ne pas passer une troisième saison daffilée à jouer le maintien ? De ses discussions avec Sir Alex et son ami Arsène, Villeneuve revient avec le sentiment quil convient de conserver lentraîneur, mais en limitant son influence sur le recrutement. Doù sa méthode pour aborder le deuxième chantier de lété : Le Guen sera consulté sur le profil des joueurs recherchés, mais il naura pas le dernier mot sur lidentité des recrues.
Si lancien directeur des sports de TF1 a été choisi à la tête du PSG, cest pour son mode de management assez carré. Pour sa capacité supposée à refaire du président et non plus lentraîneur , lhomme fort du club. Et pour ses multiples réseaux, qui pourraient lui permettre, un jour, de trouver un repreneur pour le club. Mais si le natif de Beyrouth a été sollicité par Colony, cest également pour son sens du grand public, aiguisé par sa longue carrière télévisuelle. Le peuple du Parc veut des noms ? Il suffit de demander, à condition de prospecter plutôt dans lancien. Pour une histoire de vraie-fausse maladie cardiaque, Thuram ne viendra pas. Mais Makelele et Giuly, si.
Pour Villeneuve, larrivée de « Ludo », qui sengage le 18 juillet pour trois ans, relève dune de ces missions commando qui lont toujours fascinées. Elle implique notamment un homme très influent auprès du président parisien, lagent Alain Migliascio, et Philippe Boindrieux, le directeur général délégué du PSG, nommé par Bazin en 2006 et qui entretiendrait une sourde rivalité avec Villeneuve. « Migliascio, qui réside à Majorque, a pris son Falcon 100 et a emmené Giuly, qui était alors en vacances là-bas, raconte Villeneuve. Je les ai rejoints à Rome avec Boindrieux. Javais emmené avec moi ma fille, qui parle couramment italien. Je lui avais demandé de ne pas sexprimer tout de suite en italien pour voir jusquoù les Romains voulaient aller¦ Quand on la su (Giuly a été vendu 2,5 M¬ par lAS Rome), laffaire na pas traîné. On est revenus le soir même dans lavion privé de Migliascio avec le joueur et les contrats en poche. Opération réussie ! »
Sur lopération « Maké », Villeneuve travaillera en étroite collaboration avec Bazin en raison de la dimension du contrat, sur cinq ou six ans, incluant la reconversion du joueur. ì Paris, à tout point de vue, Makelele sera un cadre. Une autorité dans le vestiaire et sur le terrain. Un consultant pour les dirigeants.
Le redressement du PSG donne raison, pour linstant, à son nouveau président dans ses orientations estivales, même si Le Guen trouve sa part dans le nouveau souffle actuel depuis quil a fait glisser Giuly dans laxe au côté dHoarau. En fin de contrat en juin, le coach est sans doute un homme qui ne médite pas que sur le placement de Giuly, mais aussi sur les fuites ayant révélé des contacts, en octobre, entre Villeneuve et Didier Deschamps¦
Au président du PSG, Wenger a souvent dit quun grand club se devait davoir une équipe avec une forte identité de jeu. Mais pour qui a connu leffroyable vertige de la soirée du 17 mai à Sochaux, pour qui entend simplement voir le PSG revenir parmi les cinq meilleures équipes du pays, lidentité de jeu est un luxe qui peut attendre encore.