Si la saison dernière a été une réussite sur le plan du jeu comme sur celui des résultats, le début de saison 2014-2015 laisse place à l’incertitude quant au vrai niveau de jeu du PSG. Décryptage en 3 axes.
Une maîtrise collective en trompe-l’œil
Si la saison 2013-2014 a vu l’équipe francilienne afficher un niveau de jeu encore rarement vu sur une saison entière du côté de la capitale, cette maîtrise collective laisse une impression de stérilité en ce début d‘exercice. Après un mois de compétition, les temps de passage parisiens sont loin d’être mauvais mais c’est surtout l’impression globale d’un jeu basé sur la possession mais fonctionnant par à-coups qui demeure chez les observateurs, ceux du canapé comme ceux du plateau télé. Mis à part le coup d’éclat contre Saint Etienne (5-0 au Parc le 31 août dernier), un match qui aurait pu ne jamais basculer sans la bourde de l’ami Ruffier, le jeu parisien repose trop sur un milieu de terrain qui ronronne, un jeu très horizontal, une ligne d’attaque eu assurée malgré un Ibra omniprésent et une opposition toute relative (Guingamp dans le Trophée des Champions, puis Reims, Bastia, Evian, St Etienne qui a éliminé laborieusement Kardemir et le Rennes récemment lifté de Montanier).
Si les statistiques de possession, de nombre et de qualité de passes sont au rendez-vous, la spectacularité et les occasions le sont nettement moins. Alors le PSG version QSI nous habitue depuis août 2011 à des débuts de saison poussifs, certes. Les retours tardifs des mondialistes éprouvent le groupe, possible. La préparation physique programme un pic de forme à l‘automne, c’est un fait. Mais l’effectif a peu changé, le staff est resté le même et le PSG balbutie son football à la veille de son entrée en Ligue des Champions. Alors y a-t-il lieu de s’inquiéter et de céder au scepticisme ambiant? La fin du mois de septembre devrait nous apporter les réponses attendues : l’Ajax le 17, Lyon le 21, Caen le 24, Toulouse le 27 et Barcelone le 30.
Un groupe (quasi) identique
Le fair play financier a imposé des limites rigoureuses au recrutement parisien cet été. Au point de pousser le club parisien a anticiper l’achat du Brésilien David Luiz pour le faire figurer au bilan de la saison 2013-2014 et d’avoir recours à l’astuce du prêt payant avec option d’achat automatique pour recruter l’Ivoirien Serge Aurier. A part ça ? Rien. Au rang des arrivées, deux recrues défensives dont il n’y a pas lieu de remettre en doute la qualité. Mais pour un effectif de haut niveau, apporter du sang neuf et remettre en question la hiérarchie est chose indispensable. Quitte à savoir se séparer d’éléments appréciés (souvenons-nous de notre amertume lors des départs d’Armand, Nenê, Gameiro, Hoarau ou Erding, qui pour les regretter aujourd’hui?). Il est nécessaire de challenger les joueurs en permanence, de leur apporter de la concurrence pour pousser ceux qui en ont le tempérament et le talent à se sublimer. Une sorte de sélection naturelle par le haut et l’excellence. Or, en ce début de saison, l’ordre établi en attaque n’a pas changé et celui du milieu est temporairement chamboulé par le remarquable début de saison de Pastore dont Matuidi fait les frais.
Celui de la défense est donc le seul à avoir apporté un véritable défi aux joueurs qui la composent. Dans ces conditions, il est donc légitime de s’interroger sur ce qui poussera les Parisiens à faire mieux, plus fort et plus grand que la saison dernière. La confirmation de Marquinhos en défense centrale, la prise de contrôle de Cabaye ou la confirmation de Pastore au milieu de terrain, la sérénité de Cavani et une concurrence valable entre Lavezzi et Lucas sont autant de pistes alléchantes. Sans compter sur le soutien des jeunes Bahebeck, Rabiot, Digne, Aurier sur lesquels le PSG va devoir s’appuyer en ce mois de septembre chargé. Laurent Blanc ett les siens sauront-ils trouver les ressources nécessaires? Premier aperçu de réponse dans 15 jours après ce marathon de 5 matchs.
Quelles ambitions cette saison ?
La saison dernière, le PSG a glané 3 titres : Trophée des Champions, Ligue 1 et Coupe de la Ligue. Sans une élimination précoce en Coupe de France contre Montpellier, Paris aurait pu récolter l’ensemble des titres domestiques sans que personne ne trouve à y redire tant la domination parisienne sur la scène française s’est affirmée tout au long de l’année. En Ligue des Champions, le parcours a pris fin en quarts face à Chelsea après une phase de poules maîtrisée et un huitième vite réglé face à Leverkusen. Une élimination ambigüe après un match aller enthousiasmant et un match retour décevant à Londres. Cette saison, le groupe du PSG est nettement plus relevé avec le FC Barcelone qu‘on ne présente plus, l’Ajax d’Amsterdam habitué des coups d’éclat et Nicosie qui constituera l’adversaire méconnu de l’histoire. Le premier challenge sera donc de s’extirper de cette poule et le salut passera par des matchs aboutis à domicile où le Parc reste sur une incroyable série d’invicibilité en Coupes d’Europe (invaincu depuis 2006). En ce qui concerne les matchs à élimination directe, il est prématuré d’en parler. La vérité de février ne sera pas celle d’aujourd’hui et le tirage au sort aura comme d’habitude son importance.
Sur le plan national, le PSG ne semble pas avoir de réel concurrent sur le long terme en Ligue 1 mais si Monaco a perdu de sa superbe, les challengers ne manquent pas. Lille ? Malgré un jeu fermé et souvent ennuyeux, les Dogues obtiennent d’excellents résultats. Marseille ? On sent bien que si Bielsa parvient à faire tourner son équipe comme il l’entend, il peut permettre à sa belle ligne d’attaque de faire de jolies choses. Lyon et Bordeaux ? De nouveaux coaches, pas mal de nouveaux jeunes joueurs, pas de Coupe d’Europe à jouer, un cocktail prometteur pour aller loin. Enfin, en ce qui concerne les Coupes, laissons la magie opérer et, comme le dit le footballeur en zone mixte, prenons les matchs les uns après les autres. Les ambitions à la hausse affichées année après année se sont jusque là concrétisées par de plus en plus de titres (rien en 2011-2012, champion en 2012-2013, Trophée des Champions, champion de France et Coupe de la Ligue en 2013-2014) mais cette constante progression pourra-t-elle se poursuivre cette saison ? Et si oui, par quel biais ? Davantage de titres ? Un jeu plus abouti ? Pour le moment, il n’y a aucune raison de le penser.
Pour conclure, en termes de titres, Paris semble armé pour égaler sa belle saison dernière. Mais l’impression qui se dégage de ce premier mois de compétition n’est pas celui que les supporters et les observateurs attendaient ni n’espéraient. Contrairement à ce qui a été dit, le vrai défi de Laurent Blanc commence maintenant : confirmer les espoirs fous suscités l’année dernière et faire vibrer le public parisien au moins aussi intensément que la saison dernière !