La recherche des
coupables dans l'affaire de la banderole du Stade de France est entrée
lundi dans sa phase active dans un concert d'indignation toujours aussi
vif.
Une enquête préliminaire de police pour "provocation à la haine ou à la
violence" a été ouverte par le parquet de Bobigny pour identifier les
auteurs de la banderole injurieuse déployée samedi par des supporters
du PSG lors de la finale de la Coupe de la Ligue face à Lens.
Les plaintes en justice continuent de s'accumuler, la Fédération
française de football ayant imité lundi la Ligue de football
professionnel (LFP) et les deux clubs concernés. Quant à la LICRA, elle
a annoncé son intention de se porter partie civile.
Sur cette banderole de plusieurs dizaines de mètres de long, était
écrit : "Pédophiles, chômeurs, consanguins: bienvenue chez les Ch'tis".
Le parquet de Bobigny s'est saisi spontanément de l'affaire car il est
compétent territorialement, le Stade de France étant dans son ressort.
Le délit visé, prévu par le code des sports, est passible d'un an de
prison et 15.000 euros d'amende au maximum. Il réprime les incitations
à la violence ou la haine contre les arbitres, les joueurs, ou "toutes
autres personnes".
Nicolas Sarkozy recevra mardi
le maire de Lens et des dirigeants du club lensois pour évoquer
l'incident, auquel le président a assisté.
L'Elysée déclare que c'est à la demande de Nicolas Sarkozy que le parquet de Bobigny a ouvert son enquête.
Le chef de l'Etat, "qui souhaite que ce type de comportement
inadmissible ait les suites qu'il mérite, suivra avec une particulière
attention l'évolution de cette enquête", lit-on dans le communiqué de
la présidence.
EN BONNE VOIE
La police technique et scientifique, travaillant sur des morceaux de la
banderole, a entrepris de rechercher d'éventuelles empreintes
génétiques, a-t-on précisé de source policière.
Par ailleurs, les "physionomistes" de la police travaillent sur les
images des caméras de surveillance du stade pour identifier des
suspects, ce qui serait en bonne voie, ajoute-t-on. Les billets étant
également nominatifs, il est possible aussi en théorie d'identifier les
occupants des sièges se trouvant près de la banderole.
L'affaire a suscité une vague d'indignation après le match, remporté
2-1 par le PSG sur un penalty litigieux à la dernière seconde.
Le maire de Lens Guy Delcourt avait demandé dimanche à ce que le match
soit rejoué tandis que Frédéric Thiriez, le président de la Ligue,
dénonçait "une poignée d'imbéciles remplis de haine".
Sur le plan sportif, le PSG pourrait aussi avoir à répondre de
l'affaire. La commission de discipline de la Ligue doit se réunir jeudi
pour étudier l'incident mais son verdict ne sera certainement pas rendu
à cette date.
Il est possible que des points
soient retirés au PSG, ce qui serait très dommageable pour le club, en
19e position avec un match de retard et en position de relégable avant
de disputer mercredi au Parc des Princes une rencontre cruciale contre
Strasbourg.
Il est possible aussi qu'il soit
contraint de jouer pendant un ou plusieurs matches à huis clos. Il est
peu probable en revanche que, comme l'a réclamé le maire de Lens, le
match soit rejoué.
Le PSG est confronté depuis
des années à une minorité de supporters, certains proches de l'extrême
droite, associés à de nombreux incidents, souvent à caractère raciste.
La Commission culturelle du Sénat a tenté d'élargir le débat en
rappelant lundi les préconisations de son rapport sur les associations
de supporters. Parmi celles-ci figurent la généralisation de la
vidéosurveillance dans les enceintes sportives et le renforcement des
interdictions de stade.