ILS SE SONT JAUGðS dans le tunnel du Vélodrome, Guillaume Hoarau forcément dun peu plus haut que Mamadou Niang. Le Réunionnais rend douze centimètres au Sénégalais (1,92 m contre 1,80 m). Puis, chacun est allé se placer à son poste de prédilection, en pointe. Niang mit vingt-trois secondes à lancer leur duel à distance quand Bourillon le balança. Hoarau attendait sagement son heure. Elle ne tarda pas à sonner. Il neut guère besoin de sauter très haut pour expédier le corner de Rothen au fond des filets (9e, 0-1).
Lancien Havrais a beau découvrir la L 1 cette année, il a beau être apparu emprunté et maladroit lors de ses premiers pas estivaux, il apprend décidément très vite. Il possède désormais lexpérience propre aux attaquants de talent. Il la prouvé sur son but. Gerets avait pourtant fait reculer Cana en défense afin de contrecarrer notamment le jeu de tête du géant parisien. Mais lAlbanais la lâché au marquage au début de cette action. Quand il le reprit, cétait déjà trop tard¦
Niang hurla de rage, pas de désespoir. Il resta concentré dans son match. Cela lui permit denvoyer Koné buter sur Landreau (16e). Sentant poindre le danger, Hoarau revint refroidir un ballon brûlant de volée (17e). Puis, il fit signe à ses équipiers de défendre plus haut. ì la différence dHoarau, Niang se cherchait toujours sur le terrain. Bourillon le trouva bien malgré lui, en déviant de la tête un ballon convoité par Landreau. Le Sénégalais accueillit loffrande en la déposant à son tour de la tête au fond des filets (21e, 1-1).
Le « Peter Crouch français »
Niang ne jouit peut-être pas encore de la même cote damour que Drogba. Mais il possède son sens du sacrifice. Il le prouva en arrachant un ballon à Makelele pour loffrir à Valbuena (28e) et en devançant Hoarau de la tête sur corner (39e). Entre-temps, il lui manqua juste un morceau de crampon pour attraper un centre fuyant (33e). Si le Marseillais ne fut pas impliqué sur le but de Valbuena (45e, 2-1), le Parisien le fut indirectement sur celui de Luyindula (53e, 2-2) en taclant par deux fois Hilton. Sur le premier, Hoarau fut averti (46e). Sur le second, le Brésilien dut aller se faire soigner sur la touche. Cest donc à dix que lOM concéda légalisation. Petite cause, grand effet, Luyindula perfora la défense sur son axe gauche, tenu par¦ Hilton.
Niang tenta alors de faire directement la différence (62e). Il réclama ensuite en vain un accrochage dans la surface de Camara (65e) et se vit logiquement refuser un but pour une charge sur Landreau (70e). Le Sénégalais avait perdu son duel. Car Hoarau profita de cette fin de match pour prouver que son physique atypique ne lhandicape pas au niveau technique. Il y a du Peter Crouch, lancien géant longiligne de Liverpool, dans ce joueur. Malgré son gabarit de basketteur, sa gestuelle est fluide. Cela se vit quand il tenta de reprendre le coup franc de Rothen dune volée du droit. Mais il ne toucha pas la balle (77e, 2-3).
Ce ne fut que partie remise. Cinq minutes après, soit juste après la sortie de Niang, le Parisien profita dun service de Luyindula pour inscrire son premier doublé en L 1. Hoarau est bien le nouveau géant du Vélodrome.