En inscrivant deux des quatre buts d'une victoire historique du PSG (4-2) sur la pelouse du Vélodrome dimanche, en clôture de la 10e journée, Guillaume Hoarau aura été le bourreau de la défense marseillaise. A 24 ans, l'ancien Havrais rejoint Pauleta et Ronaldinho au rang des derniers attaquants parisiens auteur d'un doublé dans le clasico.
"C'est incroyable, c'est incroyable…"Mathieu Valbuena est abasourdi au micro de Canal+. M. Duhamel, l'arbitre de ce Clasico, vient de conclure les débats entre parisiens et marseillais sur un score, il est vrai, assez irréel de 4-2, soit six buts inscrits au Vélodrome dont quatre à l'actif des parisiens, vainqueurs pour la première fois de l'OM depuis quatre ans et un succès (3-2) à Marseille en Coupe de la Ligue. Et deux pour le seul Guillaume Hoarau, véritable fossoyeur des ambitions de l'OM, qui rêvait d'effacer sa désillusion du milieu de semaine en Ligue des Champions en s'emparant de la tête de la Ligue 1 en cas de victoire.
Pour sa première apparition à 24 ans dans un clasico, l'ancien buteur havrais a fait mieux que confirmer son talent. Le réunionais a été le symbole d'un réalisme parisien insolent illustré par onze tirs tentés sur le but de Steve Mandanda, dont six cadrés pour quatre buts inscrits. Et le doublé d'un Hoarau pas loin de s'offrir le triplé sur le troisième but parisien, le coup-franc de Jérôme Rothen, fatal au portier olympien, n'ayant été qu'effleuré par l'attaquant du club de la capitale: "Je la frôle du genou mais je préfère que Jérôme prenne le but", commente-t-il, tout à sa joie de ce premier grand frisson, dans un vestiaire parisien hurlant son bonheur. Il la joue collectif Hoarau, dans le groupe comme sur le terrain, malgré sa performance individuelle exceptionnelle.
Auteur de l'ouverture du score parisienne sur le premier corner de son équipe dès la dixième minute grâce à son exceptionnel jeu de tête, qui prend à défaut Cana et Hilton, le successeur de Pauleta sous le maillot parisien conclut la marque à huit minutes du coup de sifflet final sur un service quatre étoiles de son compère d'un soir de l'attaque, Péguy Luyindula, lui aussi buteur et auteur d'une très grosse performance. La boucle est bouclée, le score, historique, a lui valeur de sensation – jamais le PSG n'avait inscrit 4 buts au Vélodrome – et Hoarau d'un bout à l'autre de la rencontre se sera multiplié aux quatre coins du terrain, brillant également par son abnégation, ses interventions défensives et son sens du sacrifice, loin des divas qui pullulent à son poste.
Hoarau: "C'est la preuve d'une très grosse envie collective"
Son physique, il est vrai, a fait des dégâts dans une défense mise au supplice par son gabarit si atypique (1,92 m, 80 kilos). D'abord mal inspiré et sans doute trop frustré pour garder sa lucidité lorsqu'on l'invite à commenter à chaud, toujours au micro de Canal+, la performance de son homologue parisien: "Il était difficile de lui prendre le ballon parce que chaque fois qu'on lui prend, il y a faute…", Mamadou Niang admet malgré tout la permanence du danger et l'impuissance de l'OM: "On ne peut rien faire contre ces coups de pied arrêtés. Cette équipe parisienne est très athlétique, devant, ils nous ont mis en difficulté."
Pas question pourtant pour Hoarau de tirer la couverture à lui à l'heure d'évoquer sa performance: "Je pense que comme face à Lorient, la semaine dernière, lorsqu'on était mené au score avant de l'emporter (3-2), on a montré ce soir (dimanche) les capacités pour revenir dans ce match. C'est la preuve d'une très grosse envie collective. Ce collectif est à mettre en avant." Des pelouses de Ligue 2 au Vélodrome, Hoarau n'a pas égaré l'humilité qui sied aux joutes plus obscures.
En attendant, plus question de reprocher au buteur du PSG une certaine maladresse qui avait accompagné jusqu'à présent ses premiers pas dans la capitale. Le voilà propulsé dans la lignée des plus fines gâchettes parisiennes, non pas sur la foi d'un seul match, mais bien parce qu'il confirme en statistiques sonnantes et trébuchantes les espoirs placés en lui. Plus que jamais meilleur buteur de sa formation avec quatre buts inscrits avant son récital marseillais, soit le même total qu'un certain Pedro Miguel Pauleta lors de sa première saison, à Paris, en 2003-2004 après neuf journées, Hoarau confirme son indispensable présence après avoir déjà offert deux victoires face à Bordeaux et Caen, ainsi que le nul face à Nancy.
Son doublé l'inscrit surtout parmi les plus grandes figures offensives du PSG aux côtés de Ronaldinho et Pauleta, tous deux également auteurs d'un doublé face à l'OM, le premier en 2003 et le second en 2004. Le goleador portugais avait alors offert le dernier succès parisien en date à son équipe. Quatre ans plus tard, Hoarau prend la succession de l'Aigle des Açores et rejoint, on allait l'oublier, avec six réalisations, Karim Benzema en tête du classement des buteurs.