Le PSG contre-attaque. Exclu de la prochaine Coupe de la Ligue pour cause de banderole «anti-chtis»
deployée par ses supporters au Stade de France lors de la finale de
lédition 2008 face à Lens (1), le club parisien a annoncé mercredi
quil faisait appel de la sanction, flinguant au passage la ligue lors
dune conférence de presse tenue au Parc des Princes.
Le PSG conteste à la ligue le droit dêtre à la fois juge et partie: «il
est impossible, indamissible, absolument intolérable quune même
entité, en loccurence la Ligue de football professionnel, soit à la
fois juge et partie. Juge parce quelle a sanctionné le club, et partie
parce quelle est lorganisateur de lévénement (de la finale de la
Coupe de la Ligue, ndlr)» a martelé le nouveau président du club, Simon Tahar. Lequel se dit aussi «extrêmement choqué» que la commission de discipline de la ligue évoque dans un communiqué «la complicité» du club avec les exactions de ses supporters: «On
sest permis de porter contre le Paris SG des accusations intolérables.
On reproche au Paris SG davoir été le complice dactes concertés.
Cest indigne. Cest intolérable et je ne laccepte pas. Une enquête
pénale est en cours sur ce qui sest rellement passé, et ces messieurs
de la ligue nont pas à en attendre les résultats.»
Le directeur général du club, Philippe Boindrieux, a également fait passer aux journalistes un document recensant tous «les efforts déployés par le club en matière de sécurité». La direction du club estime aussi que les justifications de la sanction par la «passivité» des stadiers sont fantaisistes: «Le
rapport du délégué du match faisait état dune présence de la banderole
de cinq minutes, entre la 56ème minute de la partie et la
60ème.Curieusement, le rapporteur de la commission de discipline double
cette durée. Cest absolument nimporte quoi.»
Outre le forme et le fond de la sanction justifiant lappel, le PSG
a aussi pointé hier loutrance des formulations de la commission de
discipline. De fait, la lecture du PV du 30 avril qui a été reçu par le
PSG et que Libération a pu consulter, laisse par endroits à penser
que les membres de la commission ont fumé la pelouse du stade de
France. «Le message véhiculé par la banderole ne sembarrassait pas
de nuance et sapparentait à une forme de florilège lorsquil sagit de
sen prendre à une communauté, une région, voire une ethnie (sic)», lit-on dans le PV, dont le rédacteur quitte le plancher des vaches au paragraphe suivant: «Sil
est arrivé par le passé de voir fleurir dans les travées des stades,
bannières et banderoles cousues dans le matériau dune intolérance
attisée par des querelles de clocher ou des rivalités de personnes, il
nous a rarement été donné de voir une telle charge de haine et de
violence à lencontre dun ensemble de population qui est en droit de
revendiquer liens culturels, modes de vie et caractères communs. Nous
nirons pas jusquà affirmer que les instigateurs intellectuellement
délabrés de lopération sont allés puiser leur inspiration dans le
manuel du parfait petit eugéniste. Mais les concepts évoqués exhalaient
des relents dune pestilence façonnée au tour du mépris et modelée dans
la glaise de la discrimination et du rejet, aux lisières de
linnommable.»
Avec grandiloquence, le PV continue jusquà la sentence, ainsi amenée: «La
Commission, considérant enfin que la Finale de la Coupe de la Ligue qui
est lune des grandes fêtes du football dans la saison, a été ternie et
SOUILLEE (en majuscule dans le texte) par les supporters du PSG,
prononce à légard du PSG ¦/¦ lexclusion de la Coupe de la Ligue pour
la saison 2008/2009».
Ce curieux exposé de motifs tombe comme du pain béni pour le PSG qui voit dans loutrance du ton une nouvelle preuve dun «acharnement totalement hors de proportions».
Visiblement, la LFP elle-même nassume quà moitié ces tirades saventurant aux confins de l«innommable».
Sur son site Internet, la Ligue na pas publié les lignes les plus
enflammés du PV. En début de soirée, hier, elle sest bornée à mettre
en ligne un communiqué justifiant la décision du 30 avril, mais
reprenant uniquement les passages les plus mesurés du texte: plus
question de «manuel du parfait petit eugéniste» ni d«instigateurs intellectuellement délabrés».
Mieux, la LFP tentait hier de jeter un doute sur lauthenticité des
citations¦ Un responsable de la communication, après avoir signalé à
Libération que ce registre sémantique nétait «a priori pas celui de la commission de discipline» faisait savoir hier soir quil nétait pas en mesure, «de façon inexplicable», daccéder au PV original.