JUSQUì PRðSENT, Paul Le Guen ne sest pas vraiment mis en valeur par ses résultats dans la capitale, mais il a au moins le mérite davoir inventé une nouvelle catégorie dentraîneurs au PSG : celle des intouchables. Avec une moyenne de 1,28 point en Ligue 1 depuis son arrivée, le 15 janvier 2007, le technicien breton se situe bien en dessous des rendements de Philippe Bergeroo (1,55), Vahid Halilhodzic (1,68) ou encore Laurent Fournier (1,63). Mais, à la différence de ces derniers, son licenciement na jamais été évoqué en interne ni dans les médias, sa méthode rarement remise en cause et sa capacité à redresser une situation dont il est en grande partie responsable est tout juste bredouillée du bout des lèvres depuis quelques jours. Dimanche, après la onzième défaite de la saison, à Rennes (0-2), Alain Cayzac se serait ainsi entretenu avec son entraîneur et lui aurait demandé sil se sentait capable de sauver le club. Le Guen, qui jouit toujours dune réelle estime et dun sérieux crédit aux yeux de lactionnaire majoritaire, aurait répondu par laffirmative. Il restera donc aux commandes de Paris au moins jusquàla fin de la saison. Souvent brocardé pour son instabilité récurrente, le PSG a cette fois changé de stratégie. Parmi les têtes pensantes du club, on estime aujourdhui quà dix journées de la fin se séparer de son entraîneur ne présenterait aucune vertu. Le Guen profite aussi dune tolérance du public comme peu de ses prédécesseurs en ont connu. Il a donc deux mois pour épargner son équipe dune relégation qui lui tend les bras. En a-t-il les moyens ? La question taraude et est soulevée par de plus en plus de monde. Samedi dernier, les supporters qui avaient fait le déplacement en Bretagne ont déployé une banderole réclamant àlentraîneur parisien « des solutions, et vite ». Les dirigeants, qui nont pas de recours crédibles à présenterpour lui succéder, espèrent, de leurcôté, quil saura redonner à ses joueurs un état desprit conquérantet une véritable cohésion. Alors,Le Guen cherche. Mercredi, cest luiqui a invité léquipe, sur ses propres deniers, à une soirée karting dans le nord de Paris. ðtoffer la cellule de recrutement Mais poser la question de ses compétences revient déjà à en douter. Et le parcours du PSG depuis le début de la saison rend légitimes ces interrogations. Quelles réponses a apportélancien entraîneur de Rennes, de Lyon et des Glasgow Rangers aux difficultés rencontrées par son quipe ? Après deux défaites de suite à domicile, contre Bordeaux (0-2) et Rennes (1-3), fin septembre, début octobre, il décide daligner cinq jeunes de moins de 18 ans lors du déplacement à Valenciennes (0-0) en confiant le brassard de capitaine à Mamadou Sakho, aucune titularisation en L 1 auparavant. Non seulement Paris na pas été meilleur, mais ces gamins se sont retrouvés
exposés sans justification. Quand le PSG se déplace à ðpinal (2-0) ou au Poiré-sur-Vie (3-1) en Coupe de France, deux adversaires de niveau très inférieur, il préfère maintenir ses titulaires plutôt que de laisserquelques cadres au repos comme Landreau, Rothen, Camara ou Armand, preuve de sa confiance limitée en certains éléments de son groupe. Cest pourtant Le Guen qui la bâti, façonné, et fait (peu) évoluer. Cest lui qui a réalisé lessentiel du marché dété et choisi Camara, Bourillon et Digard. Seul, le premier lui a donné satisfaction. Lancien défenseur rennais, arrivé blessé, na jamais convaincu son entraîneur de le réintégrer de façon définitive dans le onze de départ, quand lex-milieu havrais na pas bien compris pourquoi son entraîneur lavait acheté 3,5M pour lui préférer, en de multiples occasions, des joueurs quasiment du même âge, comme Sankharé ou NGoyi. Le recrutement estival de lentraîneur parisien est donc un échec amplifié par un mercato dhiver raté. Ni Souza et encore moins Everton naffichent des profils de sauveur de club à la dérive. Au point que Le Guen envisage déjà dinstaller le premier sur le banc des remplaçants et rechigne toujours à intégrer le second dans son groupe le week-end. Au sujet de ce mercato, lentraîneur breton refuse cependant à juste titre dassumer seul les renforts hivernaux. Mais ces nouvelles erreurs de casting témoignent dune structure trop limitée du PSG en termes de recrutement. Là encore, la responsabilité de lentraîneur est en jeu. Lorsquil a remplacé Guy Lacombe, il sest imposé demblée comme le principal décideur des questions sportives, na fait confiance quà son très proche entourage pour lassister. Mais, face à ses choix contestables, les dirigeants parisiens ont été contraints de revisiter leurmode de fonctionnement. Désormais, Le Guen ne sera plus celui qui décidera seul des recrues dans la mesure où le club envisage, pour cet été, de sappuyer sur une cellule de recrutement plusélaborée. Un ou plusieurs renforts dans ce domaine seraient même à létude. Le Guen, qui dispose encore dun an de contrat, devra alors accepter délargir son cercle de confiance et de réduire sa zone dinfluence. Ou choisir de laisser sa place, même si Paris se maintient