
IL NE RESTE que des détails à
régler (voir ci-dessous) pour son arrivée à Paris. Sauf retournement de
situation peu probable, Mateja Kezman (29 ans) ne dégustera plus son
whisky ou son cognac sur la terrasse du Sunset, ce magnifique
restaurant surplombant le Bosphore. Le futur buteur du PSG était le
plus fidèle client de cet établissement renommé dont il appréciait sans
modération les plateaux de sushis arrosés dune sélection 2004 dun vin
blanc turc réputé.
passage à Istanbul, ce lieu à la mode était devenu pour Kezman une
sorte de refuge dont il aimait lambiance branchée et la vue
panoramique sur la rive occidentale du continent asiatique. Là, entouré
de sa compagne, ou plus souvent damis comme Roberto Carlos, il a pu
durant deux ans, et jusquà trois fois par semaine, sévader et oublier
ses difficultés à briller sous les couleurs de Fenerbahçe où il naura
inscrit que vingt-cinq buts. « Il parlait souvent de son entraîneur
Zico, de la tactique, rapporte Ibrahim Kemer, un serveur. Il na pas
vraiment eu les bonnes conditions pour briller. Jespère quà Paris il
aura du succès. Il le mérite. Cest un garçon charmant. »
Linternational serbe na pas toujours fait lobjet de commentaires
aussi élogieux du côté de la cité stambouliote. Dans cette ville où la
quasi-totalité de la population est musulmane, on se souvient de la
polémique qui avait suivi son arrivée. Une photo le montrant faire un
geste nationaliste serbe après un but avait entraîné la colère de la
presse turque solidaire des Bosniaques. Kezman a dû sexpliquer et il
na plus jamais effectué ce geste.
Son fort caractère a aussi ressurgi en fin de saison dernière à lissue
de la défaite contre Galatasaray (2-0) qui a conduit le grand rival au
titre. Insultés par leurs supporteurs à leur sortie du parking, les
joueurs de Fenerbahçe se sont tous enfuis en voiture.
Kezman, lui, sest arrêté et a baissé sa vitre pour leur dire dans sa
langue sa façon de penser. Il a fallu lintervention des stewards pour
lempêcher de quitter son véhicule et aller sexpliquer de plus près.
A lheure de son départ pour Paris, les fans de Fenerbahçe ont
toutefois oublié ces épisodes pour névoquer que son apport sportif. «
On laimait bien mais on ne le regrettera pas, résume Cenk Gumuscuoglu,
30 ans, rencontré à la sortie de la boutique du club. On ne regrette
pas un attaquant qui ne marque pas beaucoup. Mais les supporteurs nen
diront pas du mal pour autant. Car cest un joueur de caractère qui
pour moi est meilleur que Pauleta et encore plus quAnelka. Le
problème, cest quil est fait pour jouer en 4-4-2. Or Zico na pas
voulu changer son 4-4-1-1. Et Kezman, il lui faut un attaquant à ses
côtés pour lui remettre les ballons¦ »
Ce semi-échec sportif, Gökmen Ozdemir, journaliste sportif au quotidien
« Vatan », le confirme : « Quand il est arrivé pour 8 M¬ de lAtletico
Madrid, tout le monde a cru quil allait inscrire trente-cinq buts par
saison comme avec le PSV Eindhoven en 2002-2003. Sil a du mal à
briller en Turquie, je pense que ce sera difficile pour lui en France.
Mentalement et physiquement, il nest peut-être pas aussi fort quon le
croit. Il ne peut pas sauver une équipe à lui tout seul. Ce nest pas
Pauleta. » « Le PSG est-il fou pour le prendre ? » lance même Galip
Ozturk, reporter à « Sabah », lun des plus gros tirages de la presse
turque. « En fait, ajoute-t-il plus sérieusement, son problème est
avant tout mental. Sil décide de se battre, il redeviendra le Kezman
dEindhoven. Tout le monde a été patient avec lui, mais il na pas
utilisé son potentiel. Paul Le Guen devra vite le mettre en confiance
car cest un enfant. »
Un nouveau défi se présente donc au Serbe qui devra oublier les charmes
dIstanbul, sa splendide villa avec piscine quil occupait avec sa
femme et ses trois enfants. Fini aussi les soirées à la Reina, célèbre
boîte de nuit stambouliote. « Dès quil aura des vacances, il reviendra
à Istanbul », prédit Ibrahim, le serveur du Sunset. On le croit
volontiers.
Le Parisien