SA SEULE APPARITION électrise les supporteurs parisiens, plus nombreux au camp des Loges depuis que Claude Makelele a signé au PSG en début de semaine. Des « Claude, Claude » jaillissent à son approche. Avec gentillesse et disponibilité, le vice-champion du monde 2006 se plie, de longues minutes, aux dédicaces et aux photos. Claude Makelele, 35 ans, a accepté, en exclusivité pour « le Parisien » – « Aujourd'hui en France », de raconter son attachement à la capitale.
Il s'est plongé dans ses souvenirs d'enfance pour évoquer « son Paris » et revient sur son choix d'y finir sa carrière.
De quand date votre désir profond de revenir à Paris ?
Claude Makelele. De l'an dernier. Au départ, je devais terminer ma carrière à Chelsea. J'ai alors eu l'information que le président Cayzac et Paul Le Guen pensaient à moi. áa a commencé à me travailler un petit peu. Je sortais d'une bonne saison avec Chelsea, mais je voyais aussi qu'on insistait de l'autre côté. Puis mon envie a été plus forte. J'ai réfléchi aux circonstances. J'ai ma famille et mes enfants ici. Il fallait que je revienne, c'était le meilleur moment car je suis encore frais.
Quels sont les termes de votre contrat ?
J'ai signé une année, plus une autre en option. Ensuite j'ai une reconversion. Je vais faire cette saison et, si je constate que je suis court, j'arrêterai. Si je sens que j'ai toujours des possibilités, en accord avec l'entraîneur, je jouerai encore, mais moins. Je serai là pour qu'il y ait une présence, celle d'un éducateur. Je peux donner beaucoup.
« Valdo était un modèle »
La possibilité d'une reconversion a-t-elle beaucoup compté pour vous ?
Oui. Je préfère effectuer ma reconversion en France auprès des jeunes plutôt qu'à l'étranger. Rester à Chelsea aurait été plus confortable. Là, je suis dans l'obligation de travailler et de demeurer attentif. C'est ce que j'aime. J'ai toujours fonctionné ainsi. On perd son football en restant dans un contexte trop facile.
Vous quittez le top niveau européen pour un club qui a connu des soucis ces deux dernières saisons…
Le football, ce n'est pas que la facilité. Les gens pensent que c'est aisé quand on est dans un grand club et qu'on a réussi. Mais non, il faut faire ses preuves tous les jours. Il y a une différence entre Chelsea et le PSG, mais la vérité est sur le terrain. Je suis revenu à Paris pour prendre du plaisir une dernière fois. Ce club reste un des plus grands malgré les dernières saisons délicates. En Europe, quand on parle de la France, on cite Paris, Marseille et Lyon.
Etiez-vous supporteur du PSG quand vous étiez jeune ?
Oui, car je vivais en région parisienne. A 10-11 ans, je regardais le PSG et les Bleus de Platini, Giresse… En grandissant, mon champ s'est élargi. Mais, quand j'étais jeune, Paris me semblait inaccessible. Lorsque, avec Melun, on affrontait le PSG, on voyait la différence. Ils étaient beaucoup plus costauds.
Quel PSG avez-vous le plus apprécié ?
(Son visage s'illumine.) Celui de Valdo (NDLR : milieu de terrain international brésilien au PSG de 1991-1995). J'ai joué contre lui avec Nantes. Il ne perdait jamais le ballon, il faisait des contre-pieds. Sa facilité et sa vision du jeu étaient impressionnantes. Valdo était un modèle. D'autant qu'à l'époque les petits gabarits ne réussissaient pas trop, on préférait les costauds. Valdo était le contre-exemple parfait.
Vous avez vécu à Madrid et à Londres. En quoi Paris se singularise de ces deux autres capitales européennes ?
Paris reste Paris. Quand tu arrives, tu respires (il inspire et souffle). Tu entends parler français. C'est agréable . Et j'y ai mes amis, ma famille. Je revenais souvent quand je vivais à l'étranger avec les enfants pour voir les grands-parents. Jouer ici permet plus de stabilité pour moi et mes proches.
« On allait se balader à Châtelet et on finissait au McDonald's »
Quels sont vos endroits préférés dans la capitale ?
En général, j'aime le calme et la campagne. Mais j'apprécie de temps en temps le côté pétillant de Paris. áa bouge partout. C'est important. Je n'ai pas de quartier préféré, mais je passe assez souvent dans le Marais, Saint-Germain-des-Prés ou les Champs-Elysées. Ces quartiers vivent. J'aime bien voir de la foule.
Qu'est-ce qui symbolise le plus Paris pour vous ?
Les Champs-Elysées. Cette grande avenue est glamour. J'y allais aussi jeune, il y avait plein de lumières, des magasins. C'était un rêve. Plus jeune, où sortiez-vous ? A Châtelet-Les Halles (rires). J'avais une petite copine, on prenait le train, on allait se balader à Châtelet, au Trocadéro, et on finissait au McDonald's avant de rentrer. C'était un peu pesant de rester près de chez les parents. A Paris, on pouvait s'évader.
Vous possédez un restaurant à Paris, le Royce. Imaginiez-vous faire des affaires ailleurs qu'ici ?
Non, c'était une idée de jeunesse que j'avais avec un ami. Quand j'ai eu la possibilité de réaliser ce projet, je l'ai fait. C'est important pour moi d'avoir quelque chose à Paris. áa reflète une certaine réussite, une récompense pour mes amis. Ils m'ont beaucoup donné, et réciproquement.
Votre restaurant est à côté de l'Elysée et du ministère de l'Intérieur…
(Sourire.) C'est le hasard… même si on est bien placé. J'ai d'autres idées en tête. Mais, dans l'immédiat, je veux m'investir à fond pour le PSG. Si je peux participer au renouveau, ce serait une grande joie pour moi.
Demain vous allez disputer votre premier match avec le maillot parisien au Parc des Princes…
C'est important. Mais ce qui compte le plus, c'est d'être prêt pour la reprise. Jouer au Parc, c'est émouvant. Mais je reste dans l'optique du travail. Il faut que je prenne mes repères avec mes coéquipiers.
Avez-vous des bons souvenirs comme joueur au Parc des Princes ?
C'est un stade impressionnant. J'y ai joué avec Chelsea en Ligue des champions contre Paris lors de la saison 2004-2005. Cela ressemble un peu à une arène comme dans le film « Gladiator ». Tant que c'est positif pour l'équipe, c'est exceptionnel.