Alors que l'équipe de Paul Le Guen attaque son opération survie demain au Parc des Princes contre Valenciennes, c'est tout un environnement qui se sent concerné. Les sympathisants sont encore nombreux mais plus lucides que jamais.
LE PSG est au bord du précipice : 17e de L 1, ex aequo avec le premier relégable, Sochaux, seulement sauvé pour l'instant par une «meilleure » différence de buts : – 5 contre – 8. A la veille de recevoir Valenciennes (8e avec six points d'avance), nous avons pris le pouls des centres névralgiques du club : au siège situé dans le Parc des Princes, au coeur du campdes Loges, dans l'une des boutiques officielles, sur les Champs-Elysées. En donnant aussi la parole aux acteurs : Mickaël Landreau (page suivante), qui, comme joueur, est un des premiers responsables des résultats, et celle d'un passionné, abonné au virage Auteuil. Le choix, chaque fois, est arbitraire mais bien représentatif de l'état d'abattement des uns et des autres. Plongée au sein d'un club en apnée.AU SIÆGE
Les employés craignent l'avenir
«ON AIMERAIT savoir ce qui nous attend en cas de descente en Ligue 2, mais il n'y a aucune communication en interne sur le sujet. » Comme la majorité de ses collègues du Parc des Princes, ce salarié peine à contenir son inquiétude. Au siège du club parisien, la trentaine d'employés vit dans l'incertitude du lendemain. Craignant les représailles, ceux qui ont témoigné ont préféré garder l'anonymat. Tous redoutent qu'une relégation ait des conséquences sur les emplois. C'est l'angoisse au marketing, à la billetterie, à la comptabilité, aux ressources humaines, à la communication, à la sécurité, à l'informatique. « Dans les bureaux, l'atmosphère est morose, raconte un autre employé. Contrairement à la saison dernière où tout le personnel avait fait bloc derrière l'équipe, la tendance est à la résignation. Deux années de suite, c'est très dur à vivre. »
Il y a un an, l'union sacrée avait concerné toutes les catégories de personnel. Vêtus de tee-shirts portant la mention « On ne lâchera jamais », les collaborateurs du siège avaient accompagné les pros en déplacement à plusieurs reprises, recevant en retour leur visite pour des apéritifs conviviaux. Cette saison, pas de tee-shirt, une galette des rois partagée à la va-vite et un week-end à Marseille gâché par la défaite devant l'OM (2-1). A l'entame d'une fin de saison incertaine, un cadre préfère positiver : « Même si on va en L 2, il faudra continuer à gérer l'organisation des matchs, il y aura toujours besoin de personnel. »AU CAMP DES LOGES
Tout le monde retient son souffle
PORTER les couleurs du PSG n'est pas neutre en ces temps incertains. Au camp des Loges, du centre de formation à la section amateurs, près d'un millier de personnes (encadrements, joueurs) suivent fébrilement les performances de l'équipe première en sachant qu'une descente en L 2 rejaillirait sur elles. Directeur du centre de formation et entraîneur de l'équipe réserve en CFA, Bertrand Reuzeau ne cache pas son inquiétude. Toutefois, pas question pour lui de verser dans la sinistrose. « Le discours que nous tenons aux joueurs et aux entraîneurs est de travailler et de supporter les pros, explique-t-il posément. Tous les salariés du club doivent les soutenir pour qu'ils sentent un climat de confiance de la masse. »
Présent chaque jour à Saint-Germain-en-Laye, Reuzeau assure ne pas être touché dans son travail par les résultats des hommes de Le Guen. « Après le week-end, c'est différent, note-t-il, parce que beaucoup de jeunes vont au Parc. » Porter le maillot du PSG devient une charge particulière : « Chez moi, on me parle comme si c'est moi qui jouais le maintien ! » relève un jeune du centre de formation. Du coup, les apprentis footballeurs ne sont pas forcément tendres avec leurs aînés. « Comment se fait-il qu'ils réagissent comme ça ? peste l'un d'eux. Il n'y a aucune révolte. C'est comme si on était à Gueugnon ! »
Dans les allées, l'inquiétude est palpable. « On vit mal la situation car on ne se voit pas descendre en L 2, explique Jean-Pierre, bénévole auprès des benjamins. On se demande quelles seraient les conséquences sur le budget et l'encadrement… » L'expérimenté Pierre Nogues, président de la section amateurs, n'envisage pas le pire. « Je suis peut-être naïf, mais je crois à un sursaut, lâche-t-il. Mais à une condition : battre Valenciennes, sinon… »CHEZ LES SUPPORTEURS
« C'est quand même honteux ! »
CEDRIC BOUDRY, abonné de la tribune Auteuil
LES ASSOCIATIONS officielles de supporteurs avaient prévu une grosse animation pour la finale de la Coupe de la Ligue le 29 mars. Depuis mercredi soir, elle est annulée. « On se dirige vers une ambiance a minima, explique Christophe Uldry, président des Supras Auteuil. Hors de question de faire la fête alors que le club est presque relégable. » Le mouvement pourrait empirer : « Cela peut aller jusqu'au boycott de la finale », glisse Uldry. Alors que les associations avaient rendez-vous hier soir avec Cayzac et Le Guen au siège du PSG, ce principe d'animation zéro (absence de drapeaux, par exemple, mais possibilité pour ceux qui le souhaitent de chanter) commence dès demain soir contre Valenciennes.
C'est que les tribunes n'en peuvent plus. En se réabonnant pour la sixième fois, Cédric Boudry, 21 ans, ne s'attendait pas à une telle saison. Après la désillusion de l'an dernier, cet habitué d'Auteuil Rouge avait beaucoup d'espoir. « Je croyais énormément en Cayzac car il connaît bien la maison. Avec lui et Le Guen, je me disais qu'on pouvait faire quelque chose de bien. » Mais, très vite, les résultats ont eu raison de son optimisme. « Cette saison, on n'a aucun fond de jeu. Parfois, c'est à mourir d'ennui. Certains soirs, on n'a pas eu une seule occasion. C'est quand même honteux ! » Il y a quelque temps, Cédric, originaire du Val-de-Marne, venait assez confiant au stade. « J'y vais un peu plus à reculons en me demandant si on va encore se prendre une rouste. » Selon lui, la médiocrité des joueurs a déteint sur l'ambiance dans les travées. « Il n'y a plus la même folie au Parc. Il y a toujours de la ferveur, mais ce n'est plus comme avant. » Nostalgique, son coeur n'en restera pas moins rouge et bleu, même si le club descend en Ligue 2. Une hypothèse à laquelle il ne veut « même pas penser ». En attendant, il sera demain soir en tribune, face à Valenciennes, avec pour seul mot d'ordre : « Toujours encourager. Jamais décourager. » A LA BOUTIQUE OFFICIELLE
Clients fidèles mais moqueurs
A LA BOUTIQUE du PSG, sur les Champs-Elysées à Paris, les clients se bousculent toujours autant. La mauvaise saison du club ne semble pas les décourager. « Par rapport à l'année dernière, les ventes se maintiennent.
Craignant les représailles, ceux qui ont témoigné ont préféré garder l'anonymat. Tous redoutent qu'une relégation ait des conséquences sur les emplois. C'est l'angoisse au marketing, à la billetterie, à la comptabilité, aux ressources humaines, à la communication, à la sécurité, à l'informatique. « Dans les bureaux, l'atmosphère est morose, raconte un autre employé. Contrairement à la saison dernière où tout le personnel avait fait bloc derrière l'équipe, la tendance est à la résignation. Deux années de suite, c'est très dur à vivre. »
Il y a un an, l'union sacrée avait concerné toutes les catégories de personnel. Vêtus de tee-shirts portant la mention « On ne lâchera jamais », les collaborateurs du siège avaient accompagné les pros en déplacement à plusieurs reprises, recevant en retour leur visite pour des apéritifs conviviaux. Cette saison, pas de tee-shirt, une galette des rois partagée à la va-vite et un week-end à Marseille gâché par la défaite devant l'OM (2-1). A l'entame d'une fin de saison incertaine, un cadre préfère positiver : « Même si on va en L 2, il faudra continuer à gérer l'organisation des matchs, il y aura toujours besoin de personnel. »AU CAMP DES LOGES
Tout le monde retient son souffle
PORTER les couleurs du PSG n'est pas neutre en ces temps incertains. Au camp des Loges, du centre de formation à la section amateurs, près d'un millier de personnes (encadrements, joueurs) suivent fébrilement les performances de l'équipe première en sachant qu'une descente en L 2 rejaillirait sur elles. Directeur du centre de formation et entraîneur de l'équipe réserve en CFA, Bertrand Reuzeau ne cache pas son inquiétude. Toutefois, pas question pour lui de verser dans la sinistrose. « Le discours que nous tenons aux joueurs et aux entraîneurs est de travailler et de supporter les pros, explique-t-il posément. Tous les salariés du club doivent les soutenir pour qu'ils sentent un climat de confiance de la masse. »
Présent chaque jour à Saint-Germain-en-Laye, Reuzeau assure ne pas être touché dans son travail par les résultats des hommes de Le Guen. « Après le week-end, c'est différent, note-t-il, parce que beaucoup de jeunes vont au Parc. » Porter le maillot du PSG devient une charge particulière : « Chez moi, on me parle comme si c'est moi qui jouais le maintien ! » relève un jeune du centre de formation. Du coup, les apprentis footballeurs ne sont pas forcément tendres avec leurs aînés. « Comment se fait-il qu'ils réagissent comme ça ? peste l'un d'eux. Il n'y a aucune révolte. C'est comme si on était à Gueugnon ! »
Dans les allées, l'inquiétude est palpable. « On vit mal la situation car on ne se voit pas descendre en L 2, explique Jean-Pierre, bénévole auprès des benjamins. On se demande quelles seraient les conséquences sur le budget et l'encadrement… » L'expérimenté Pierre Nogues, président de la section amateurs, n'envisage pas le pire. « Je suis peut-être naïf, mais je crois à un sursaut, lâche-t-il. Mais à une condition : battre Valenciennes, sinon… »CHEZ LES SUPPORTEURS
« C'est quand même honteux ! »
CEDRIC BOUDRY, abonné de la tribune Auteuil
LES ASSOCIATIONS officielles de supporteurs avaient prévu une grosse animation pour la finale de la Coupe de la Ligue le 29 mars. Depuis mercredi soir, elle est annulée. « On se dirige vers une ambiance a minima, explique Christophe Uldry, président des Supras Auteuil. Hors de question de faire la fête alors que le club est presque relégable. » Le mouvement pourrait empirer : « Cela peut aller jusqu'au boycott de la finale », glisse Uldry. Alors que les associations avaient rendez-vous hier soir avec Cayzac et Le Guen au siège du PSG, ce principe d'animation zéro (absence de drapeaux, par exemple, mais possibilité pour ceux qui le souhaitent de chanter) commence dès demain soir contre Valenciennes.
C'est que les tribunes n'en peuvent plus. En se réabonnant pour la sixième fois, Cédric Boudry, 21 ans, ne s'attendait pas à une telle saison. Après la désillusion de l'an dernier, cet habitué d'Auteuil Rouge avait beaucoup d'espoir. « Je croyais énormément en Cayzac car il connaît bien la maison. Avec lui et Le Guen, je me disais qu'on pouvait faire quelque chose de bien. » Mais, très vite, les résultats ont eu raison de son optimisme. « Cette saison, on n'a aucun fond de jeu. Parfois, c'est à mourir d'ennui. Certains soirs, on n'a pas eu une seule occasion. C'est quand même honteux ! » Il y a quelque temps, Cédric, originaire du Val-de-Marne, venait assez confiant au stade. « J'y vais un peu plus à reculons en me demandant si on va encore se prendre une rouste. » Selon lui, la médiocrité des joueurs a déteint sur l'ambiance dans les travées. « Il n'y a plus la même folie au Parc. Il y a toujours de la ferveur, mais ce n'est plus comme avant. » Nostalgique, son coeur n'en restera pas moins rouge et bleu, même si le club descend en Ligue 2. Une hypothèse à laquelle il ne veut « même pas penser ». En attendant, il sera demain soir en tribune, face à Valenciennes, avec pour seul mot d'ordre : « Toujours encourager. Jamais décourager. » A LA BOUTIQUE OFFICIELLE
Clients fidèles mais moqueurs
A LA BOUTIQUE du PSG, sur les Champs-Elysées à Paris, les clients se bousculent toujours autant. La mauvaise saison du club ne semble pas les décourager. « Par rapport à l'année dernière, les ventes se maintiennent. On pourrait faire mieux si les résultats étaient meilleurs, mais c'est toujours un club doté d'une forte notoriété. S'il descend, en revanche, on rencontrera quelques soucis. Je pense que notre chiffre d'affaires baissera un peu », confie un vendeur.
Les fans restent donc fidèles, même si certains ne peuvent s'empêcher d'être sarcastiques. « Ils nous disent par exemple que, vu le classement du PSG, on devrait faire des promos sur les articles. C'est toujours dit avec beaucoup d'humour et sans agressivité », poursuit l'employé.
Damien Cadou, 21 ans, est l'un de ces fans. Au premier étage du magasin, il regarde attentivement un biberon et un pyjama, tous deux aux couleurs du PSG. « C'est pour mon neveu. Quand il sera plus grand, j'espère que les Parisiens auront su remonter en Ligue 1, plaisante le jeune étudiant, envisageant déjà la relégation en fin de saison. Cela leur laisse au moins quinze ans pour devenir une vraie équipe. C'est bien le temps qu'il leur faudra. »
Au rez-de-chaussée, à l'espace des maillots – ceux du PSG, mais également des autres clubs fournis par l'équipementier -, Nathalie Brandao est plus optimiste. « Ils vont s'en sortir. Je l'espère, sinon mon copain sera en pleine déprime. » Agée de 19 ans, cette Portugaise d'origine a d'ailleurs un petit cadeau à son intention : « Un maillot de Manchester United floqué Cristiano Ronaldo ! Il n'ose plus porter celui du PSG. Ses copains se moquent de lui. Autant qu'il ait celui d'un vrai club qui sait jouer au foot ! »
Le parisien