LE CONSTAT est implacable. Lors de ses trois derniers voyages en championnat, le PSG a perdu deux fois (0-1 à Lorient, 1-2 à Marseille) et s'est contenté d'un nul insipide à Lille (0-0). Soit un point pris sur neuf possibles.
Un bilan auquel on ne s'attendait pas vraiment pour des Parisiens plutôt habitués à sauver les meubles à l'extérieur depuis le début de saison (une seule défaite à Nice – 1-2 – en neuf déplacements).
Le PSG semble victime de la loi des vases communicants : depuis que Paris a réappris à gagner au Parc, il a oublié ce qui faisait sa force loin de ses bases. Quelque chose entre l'esprit de solidarité et l'initiative. « On a senti que Paris était là pour ne pas perdre, se souvient par exemple le défenseur lillois Adil Rami. Les Parisiens ne nous ont pas trop inquiétés. Ce n'est pas le match le plus dangereux que j'ai joué cette saison. áa aurait peut-être été plus difficile au Parc, avec la vivacité d'Amara Diané, qui était alors l'homme en forme. »
« Une culture de la réaction plus que de l'action »
Le Lorientais Rafik Saïfi se rappelle que les hommes de Le Guen n'avaient commencé à jouer au football qu'après le repos alors qu'ils étaient déjà menés au score. « Tant mieux, car leur seconde période était de qualité, note l'international algérien. L'approche du match a été plus facile pour nous car la pression était sur Paris. Pour quelle raison ? Parce que cette équipe s'appelle le PSG. Et on attendra toujours plus d'elle que de Lorient ! »
Le Marseillais Laurent Bonnard, lui, n'a pourtant pas l'impression d'avoir disposé d'une équipe au rabais. « Paris a été très compliqué à battre, explique-t-il. C'est une formation qui cherche d'abord à maintenir un bloc défensif solide. Il lui manque pourtant un grain de folie. Et contrairement à ce qu'on croit, il ne suffit pas de contrôler Rothen pour bloquer Paris. Même s'il faut l'attaquer dans nos quarante mètres pour l'empêcher d'éclairer le jeu. »
Pour Christian Gourcuff, l'entraîneur lorientais, les récentes difficultés parisiennes à l'extérieur sont logiques. « Pendant longtemps, il y a eu un peu d'irrationnel avec Paris, décrypte-t-il. J'ai vu cette équipe connaître une réussite étonnante à l'extérieur et une malchance prodigieuse au Parc. Cela ne pouvait pas durer. Et si les Parisiens étaient si forts en déplacement, c'est qu'ils étaient psychologiquement dans une situation d'urgence : ils devaient récupérer les points perdus chez eux. » Le Guen n'est pas loin de partager cet avis : « Sur le plan du résultat, je suis d'accord, il y a un ralentissement. Mais sur la manière, on n'est pas sortis de ce que l'on faisait précédemment. On a juste manqué de réussite. » Il n'est pas interdit de le penser. Même si l'explication peut paraître un peu courte.
Christian Gourcuff avance une autre piste en forme de conclusion : « Dans le football français, il y a une culture de la réaction plus que de l'action. Et Paris est, comme beaucoup d'autres équipes, une formation qui fonctionne par cycles. Dans ce cas, le travail à effectuer est plus au niveau de la confiance que de la technique. Pour avancer à nouveau à l'extérieur, elle doit progresser dans son ambition. »