Le jeune Parisien sest imposé en défense centrale. Il symbolise lavenir dun PSG plus tourné vers la formation.
WOLFSBURG de notre envoyé spécial
ì force d'avoir la tête qui dépasse, Mamadou Sakho devient en général un symbole partout où il passe. La saison dernière, il était celui dune jeunesse instable au sein dun PSG malade, bombardé capitaine à dix-sept ans, un soir doctobre à Valenciennes (0-0). Il était alors le leader juvénile dune génération (avec Sankharé, Ngoyi, Ngog et Arnaud) exposée à la L1 dun bloc, lespace de deux matches. Puis remisée.
Cette saison, il incarne un club parisien apaisé, qui pioche à nouveau dans les murs de son centre de formation des espoirs qui grandissent. Titulaire cet été, il a attendu lannée 2009 pour exploser vraiment. Entre-temps, seule une opération aux adducteurs la freiné. « Cest le leader de cette génération, affirme Paul Le Guen. Mamadou est en avance, et dautres arrivent¦ »
Pourquoi Sakho est-il toujours en avance sur son temps, justement ? Le joueur, soucieux de discrétion, ne souhaite pas actuellement sexprimer sur le sujet. « Il présente un niveau de confiance qui lui permet dassumer son statut, il ne craint pas la pression de la Ligue 1, explique volontiers ðrik Mombaerts, son sélectionneur chez les Espoirs. Une telle sérénité, à son âge et à son poste, cest rare. » Lascension de Mamadou Sakho, cest dabord une histoire de tête. « Son gros point fort, cest le mental, tranche Bertrand Reuzeau, qui la vu grandir au centre de formation et avec léquipe de CFA. Cest un leader, sûr de lui dans le bon sens du terme. Ce nest pas un surdoué technique. Sil est surdoué, cest parce quil a une grande capacité à gérer les duels, car il est malin et intelligent. »
Depuis son retour, son impact physique saute aux yeux. Lintéressé dément mollement une prise de muscles dans le haut du corps. Vu des tribunes, pourtant¦ « Il fait plus puissant parce quil est plus engagé en termes dintensité, explique Mombaerts. Cette année, il a élevé son niveau dengagement, dagressivité dans les duels. Il est beaucoup plus fort dans les duels au sol, dans le contrôle de lattaquant. Il a progressé sur le plan tactique, pour être bien placé dans le jeu, à bonne distance pour ne pas lui laisser le temps de prendre de la vitesse. Il a fait le saut du haut niveau. »
Il a récemment prolongé jusquen 2012, à des conditions qui traduisent combien le club compte sur lui. Ce nouveau contrat renforce son statut de modèle aux yeux des conscrits. « Pour tous les jeunes, cest lexemple à suivre, assure Abdel Barrada, joueur de CFA du PSG. Même si je suis plus âgé dun an, je le considère comme un modèle. Quand on parle avec lui, on a limpression quil a vingt-trois ans. »
« Déjà, chez les 16 ans nationaux, il venait revendiquer de temps en temps certaines doléances dans mon bureau, au nom du groupe, rappelle Reuzeau. Il navait pas peur de venir, cest rare à cet âge. Il doit devenir une locomotive pour le centre et pour le PSG. »
Le week-end dernier, Paris sest qualifié pour les huitièmes de finale de la Coupe Gambardella aux dépens de Lens (3-0), une première depuis 2001. Sakho était évidemment au bord du terrain, en bon leader dune génération qui saffirme (Makonda et Partouche, également nés en 1990, sont aussi à Wolfsburg). « Jen parlais récemment avec Gérard Houllier et, au cours de la conversation, la comparaison avec Lilian Thuram a été faite, glisse Mombaerts. Il doit y avoir une raison. Il a dix-neuf ans, il joue dans un grand club. Au PSG, beaucoup de joueurs dexpérience perdent leurs moyens, pas lui. » Cet été, venu saluer ses ex-futurs coéquipiers à lentraînement, Lilian Thuram sétait dailleurs offert un aparté avec Mamadou Sakho. Forcément un symbole.
L'Equipe