Deux diamants à l'oreille gauche et une sacoche griffée sous le bras. Pour le reste pas de voiture bling-bling ou de signes ostentatoires. Stéphane Sessegnon, le joueur le plus cher du mercato d'été parisien (9 M¬), n'est pas à classer dans la catégorie des footballeurs paillettes. « Ce n'est pas l'africain qui porte intérêt à son look ou à sa voiture comme Romaric ou Gervinho », raconte Alain Pascalou, le directeur technique du Mans qui l'a côtoyé pendant deux saisons (2006-2008).
A 24 ans, le nouveau milieu de terrain du PSG est discret, sauf sur le terrain (lire ci-dessous). D'ailleurs, Paul Le Guen, qui lui a d'emblée accordé sa confiance, devrait de nouveau le titulariser demain face à Lille. « Mais c'est vrai qu'on a connu plus démonstratif », sourit ce salarié du PSG. Sessegnon s'exprime peu. « A la base je suis assez réservé, explique l'intéressé. Ce n'est pas de la timidité mais je prends un peu de temps avant de m'intégrer. »
Au Mans, Sessegnon avait mis trois à quatre mois « à se révéler humainement », dixit Pascalou. « C'est l'inverse de Didier Drogba. Lui aimait sortir avec les copains, c'était un caractère difficile à maîtriser. Chez nous, il a failli exploser plusieurs fois, confie le directeur technique manceau. Stéphane te regarde droit dans les yeux. »
Cette intimité africaine, Sessegnon la cultive en famille et auprès de ses amis. Ses trois enfants sont la source de son « équilibre ». « Avec eux il n'y a pas de soucis. Je vais les chercher à l'école, je ne suis jamais loin d'eux vu que je suis quelqu'un qui n'aime pas particulièrement aller traîner. » Avec ses amis comme Abou Maiga, l'attaquant de Créteil, ce sont des week-ends à écouter Magic System, groupe ivoirien, et à partager un riz sauce graine : son plat préféré. « J'aime garder ce lien culturel », confie-t-il.
Là où d'autres joueurs se sont égarés entre boîtes de nuit et restaurants à la mode, lui suit son bonhomme de chemin. Et quand Chelsea lui propose de l'enrôler lors de la Coupe d'Afrique, Sessegnon temporise. « J'ai toujours considéré qu'il faut avoir la tête sur les épaules, encore plus depuis que je suis à Paris où il y a plus de pression médiatique. La simplicité c'est ma devise. De toute façon, dans ma carrière, je n'ai encore rien gagné. » On devine pourtant que Sessegnon finira bien par gagner quelque chose.
Rapide, inspiré et accrocheur, il a su développer toute une série d'aptitudes au fil d'un parcours atypique qui l'a conduit de son quartier de Cocody, en Côte d'Ivoire, au Parc des Princes. « Quand on était jeunes à Abidjan, on l'avait surnommé Diego. Sa taille, son attitude, ses gestes, tout rappelait l'idole des Argentins, se souvient Abou Maïga. Et aujourd'hui Stéphane c'est comme le Maradona du Bénin. » Bien qu'élevé à Abidjan, où son père exerce le métier de professeur de maths, il joue pour la sélection béninoise. Titulaire de la double nationalité, il est né à Allahe (Bénin), mais a rejoint la Côte d'Ivoire à deux ans et demi.