Drôle de semaine pour Charles Villeneuve. Fraîchement nommé à la présidence du Paris SG, il a vite cerné les particularismes du poste. Rien d'effrayant, certes, pour un ancien parachutiste qui aime rappeler ses états de service. Tout de même, il ne lui aura fallu que quelques jours pour vérifier qu'à la tête d'un des deux clubs les plus compliqués de France (avec l'OM), il faut aussi savoir ouvrir son parachute pour ne pas tomber de haut.
Quatre jours après avoir tracé les grands traits de son action future, il a vu l'actionnaire principal du club, Sébastien Bazin (Colony Capital), rappeler qui tient les crayons. Villeneuve se dit à la recherche d'un grand gardien? "Landreau est l'un des meilleurs gardiens européens […] J'ai une confiance totale en lui", rétorque Bazin au Parisien. Villeneuve veut un joueur par ligne? "Je ne suis pas sûr que ce soit à l'ordre du jour", réplique Bazin. Il veut de l'expérience? "Le PSG a besoin d'impact physique", lui répond-on. Cela ne ressemble pas à un désaveu. Juste à une mise au point.
Le nouveau patron est là pour apporter son sens de l'organisation et de la gestion des hommes, dont il a déjà donné la preuve dans ses précédentes fonctions, à TF1 notamment. Son expertise sur le football, dont nombre de ses anciens collègues doutent fortement, le PSG s'en passera. Ses réseaux dans le milieu touchent essentiellement des joueurs de l'équipe de France, passés (Pires) ou présents (Makelele, Thuram, Vieira). Et son ami Arsène Wenger, qui réaffirme sa confiance en ses capacités. Homme de communication, Charles Villeneuve a également pu noter qu'il est nécessaire de peser ses mots au PSG, plus qu'ailleurs peut-être. Ses proches ne se cachent pas pour lui dire qu'il a légèrement dérapé sur ce terrain ces derniers jours. En répondant à Thierry Roland, notamment, qui a profité de la promotion de son livre pour l'allumer sur M6, fort d'une vieille rancune.
Les supporters attendent le récrutement
En se laissant piéger, sur Canal+, par un quiz sur le PSG qui n'a pas convaincu qu'il connaît le prénom de tous ses joueurs (notamment "Souleymane" Camara, comme il appelle Zoumana). Ou en tenant, dans une interview à notre supplément Sport Dimanche, des propos qui frôlent le sexisme ("l'instinct, le sens… Je laisse ça aux femmes. Moi, je ne suis pas une gonzesse"). La complémentarité sera intéressante avec Bazin qui, lui, se revendique instinctif. Ce ne sont que péripéties.
L'homme d'action sera jugé sur ses actes. Pour commencer, les supporters seront très attentifs à la campagne de recrutement qui commence. Conscient de ses lacunes, le nouveau boss devrait refondre la cellule de recrutement, en attendant peut-être de nommer un directeur sportif. Si l'un des champions du monde précités rejoignait le club, Villeneuve aurait déjà marqué des points. En attendant qu'il réorganise en profondeur le PSG, une tâche immense. Pour s'y préparer, il a pris quelques jours de repos à Merano, une station italienne réputée pour ses cures de remise en forme, où il côtoie notamment Arsène Wenger ou Rolland Courbis. Des hommes de football dont les conseils lui seront précieux.