Le spécialiste en économie sportive Frédéric Bolotny était l'invité de Pierre Ducrocq sur radio France Bleu 107.1 et il a évoqué le Fair-Play Financier.
« Comme l’explique Michel Platini, les clubs ne doivent pas dépenser plus d’argent qu’ils ne gagnent par eux-mêmes. Il y a des grands clubs, comme le PSG, Manchester City, Chelsea, qui vivent sur la prise en charge des dépenses par leurs actionnaires. Or, l’UEFA demande un équilibre d’exploitation. Avec les billetteries, le merchandising, le sponsoring et les droits TV, il faudrait que les clubs puissent financer toutes leurs dépenses sans l’intervention des actionnaires. Et ainsi qu’ils ne vivent pas avec une économie artificielle comme aujourd’hui, mais de l’activité qui leur est propre. Dans l’absolu, c’est une très bonne chose pour le football. Certains clubs ont perdu toute logique économique avec des milliardaires qui veulent se faire plaisir. Le cas du PSG pose question. Chelsea a dépensé un milliard d’euros de pertes en neuf ans, City en quatre ans, et ont pu construire une équipe en perdant beaucoup d’argent. On pourrait se demander s’il ne devrait pas y avoir de dérogation. Je ne dis pas ça parce que le PSG est français, mais parce que les propriétaires sont en train de structurer leur club. L’UEFA prend le risque de figer le football. On pourrait aussi penser à une dérogation pour certains nouveaux entrants, c’est à dire autoriser un club de perdre de l’argent quand un nouvel actionnaire entre dans un club. Le fair-play financier a cette limite. Alors les clubs trouvent des artifices pour rentrer dans les clous. Le PSG risque des sanctions en présentant des contrats hors-marché, qui sont de 200 millions d’euros avec QTA et plus de 70 millions d’euros avec un opérateur téléphonique, alors que ailleurs les plus gros contrats ne dépassent pas 50 millions d’euros. Ce n’est pas illégal d’avoir des contrats hors-marché. Ca ne pose d’ailleurs aucun problème en France, qui autorise des pertes tant qu’elles sont couvertes par l’actionnaire. Mais le fair-play financier est plus ambitieux en demandant aux clubs de ne pas dépenser plus qu’ils ne génèrent. L’UEFA peut donc ne pas tenir compte de ces contrats sur-estimés. C’est pour cela que j’aurais préféré des dérogations pour les nouveaux entrants. Il y a une volonté d’aller très vite au PSG, mais également de construire un club. Je ne suis pas rassuré pour le PSG car l’UEFA pourrait vouloir en faire un exemple. Le PSG n’a aucun caractère illégal, mais l’UEFA veut éviter une inflation qui pourrait avoir des conséquences graves, avec une surenchère infinie qui pourrait aboutir sur des salaires impayés, par exemple. Pour qu’un système soit efficace, il ne faut pas trop de dérogations. Mais pour les nouveaux clubs, à mon avis, il en faudrait. Et le fair-play financier n’intervenant que sur les dettes d’aujourd’hui, un club comme l’Atlético Madrid, en finale de la Ligue des Champions, n’est pas inquiété avec 500 millions d’euros de dettes passées. »