(photo : 20 Minutes)
Ce jeudi à 15h, les Supras Auteuil et les Authentiks ont donné une conférence de presse à l'amphithéâtre Bourgogne dans le 9ème arrondissement de Paris. Evoquées au cours de celle-ci, l'attitude de certains supporters de la tribune Boulogne lors du dernier PSG-OM, la passivité des forces de l'ordre face aux incidents ayant eu lieu et enfin une critique de l'attitude des pouvoirs publics qui s'entêtent à vouloir dissoudre les associations d'Auteuil.
Christophe Uldry, porte-parole des Supras Auteuil a longuement pris la parole cet après-midi lors de cette conférence de presse. Accompagnés des avocats des associations de supporters, les Supras et les Authentiks ont gardé secret jusqu'aux ultimes moments le lieu de la conférence, par "crainte" de voir débarquer des membres violents de Boulogne.
"Il y a deux jours, je vous aurais dit que je n’avais pas peur d’aller au stade, mais maintenant que je me suis montré aux caméras, c’est différent", déclarera Hooman, porte-parole des Authentiks. Maintenant qu'il s'est dévoilé au public, Hooman sait à quoi il s'expose : "Ils (des membres de Boulogne) peuvent me reconnaître, me retrouver et s’en prendre à moi", mais il estime que c'est le seul moyen pour sortir de cette spirale infernale.
"Le PSG fait partie intégrante de notre vie. Mais, on se rend compte aussi que le PSG représente tout ce que l'on déteste", a déclaré Christophe Uldry, donnant ainsi le ton de cette conférence avant de revenir sur les incidents ayant eu lieu en marge du Classico PSG-OM. Les Supras et les ATKS dénoncent le fait que près de 200 supporters de la tribune Boulogne aient débarqué devant la tribune Auteuil pour se "fighter", alors que "les trois quarts des membres d'Auteuil étaient entrés dans le stade." Pour Christophe Uldry, c'est ce qui a entraîné la mort de Yann Lorence, membre de la tribune Boulogne. Mais les associations de supporters ont également dénoncé l'attitude des forces de l'Ordre qui ont daigné intervenir lors de ces incidents. Pour prouver ses propos, Christophe Uldry a fait partager une vidéo (voir ci-dessous) qui montre bien l'arrivée en masse de membres de la tribune Boulogne devant Auteuil, ainsi que la passivité dont ont fait preuve les CRS.
C'est pourquoi les Supras Auteuil et les Authentiks comptent porter plainte "soit contre X, soit contre des supporters nommés." Le porte-parole des Supras estime que les groupes de supporters ont " été naïfs. On (ndlr Supras et ATKS) ne pensait pas que c'était aux associations de traiter le problème". Pourtant il n'est pas dans l'habitude des ultras de faire appel à la justice mais Christophe Uldry estime qu'il n'y a désormais plus aucun moyen : "Nous devons donner un coup de pied dans la fourmilière. Normalement, les Ultras restent discrets et ne portent pas plainte. Mais là nous avons décidé de dénoncer publiquement ces violences et de les porter devant la justice. Ca va trop loin. Un homme est mort et il n’y a pas de différence qu’il soit de chez nous ou de Boulogne."
Mais les associations d'Auteuil ne s'arrêtent pas là puisque le PSG lui-même va en prendre pour son grade. Selon Christophe Uldry, le club entretient des rapports plus que cordiaux avec le Kop de Boulogne : "Comment être rassuré quand tu sais que, quand tu files ton nom et ton adresse au PSG, les mecs de Boulogne l'ont dans la seconde?" Robin Leproux est lui aussi visé, vis à vis de ses propos dans So Foot où ce dernier déclarait que Auteuil devait accepter "des gens tout à fait blanc". Des propos qui auront eu le don de choquer côté Auteuil : "Ce qu'a dit Leproux est inadmissible, honteux. Franchement, à part des moines tibétains, je ne vois pas ce qui manque à Auteuil." C'est donc le moment de sortir du silence après avoir passé "un mois à faire le dos rond, à se taire" suite aux incidents.
Toutefois, le porte-parole des Supras confirme tout de même qu'Auteuil n'est pas tout blanc, que les responsabilités sont à prendre des deux côtés : "Evidemment., on a tous une part de responsabilité", avant de préciser tout de même qu'"aujourd'hui, le seul rassemblement de fachos à Paris, c'est au Parc des Princes", pendant que le club de la capitale ferme les yeux quant à ces agissements, cherchant la vérité là où elle n'est pas.
Enfin, c'est l'attitude du gouvernement qui a été dénoncé par les avocats Me Rollin (pour les Supras) et Me Gilbert (pour les Authentiks). Selon eux, une procédure de dissolution a été lancée contre les associations alors que le dossier est vide : "Le projet de dissolution repose sur un dossier vide". Il serait en effet reproché aux associations de supporters des faits qui ne correspondraient pas à la réalité : "On reproche des faits à des associations alors même qu'on sait qu'ils sont erronés. On est dans de l'annonce politique", a tonné Me Gilbert. Il sera pris pour exemple l'affaire des Authentiks présents près du stade Vélodrome à Marseille lors du match OM-Copenhague. Alors que la presse déclarait que des supporters parisiens avaient été retrouvés à Marseille pour en découdre avec les supporters olympiens, Christophe Uldry donne un version des faits bien différente : "Ils étaient simplement venus soutenir Copenhague, comme ils sont déjà allé le faire au Danemark d'ailleurs, mais ont été interpellés par les forces de l'ordre car des supporters parisiens dans un groupe de supporters danois, ça faisait suspect", les ATKS entretenant des liens d'amitié avec les ultras du club danois. "Et tout le reste des griefs est du même tonneau!", déclarera t-il pour conclure.
C'est "pour en finir avec le racisme et la violence" que les associations auront pris la parole aujourd'hui. Reste à savoir si elles obtiendront gain de cause dans ce feuilleton judiciaire.