Il n'y a pas si longtemps, disons une dizaine d'année, cette finale de Coupe de France aurait parfaitement pu opposer Sedan à Amiens. Les deux valeureux clubs de L2, battus en demi-finale il y a trois semaines, sont d'ailleurs allés trois fois au Stade de France en moins de dix ans (Sedan en 1999 et 2005, Amiens en 2001). La Coupe, il y a peu, n'intéressait plus les clubs de l'élite, ou pas assez pour assurer leur mainmise. Puis il y a eu un retour de balancier : les surprises se font plus rares, et plus humiliantes. Même Sidney Govou, habituellement si détaché, a reconnu cette semaine que la finale de 1989 restait pour lui un souvenir ému. Que la victoire, ce soir, était plus qu'une ambition : l'aboutissement d'un rêve de gamin. Sedan et Amiens, du coup, ont dû laisser la place aux grands, à Lyon et au Paris-SG. C'est le quatre-vingt dixième anniversaire de la mère de toutes les compétitions nationales, née en 1918. Il pouvait difficilement être honoré par une affiche plus excitante.
Lyon – PSG, c'est d'un côté l'incontestable patron du football français, sept titres de champion consécutifs et vieil amoureux de la Coupe éconduit (victoires en 1964, 1967, 1973, dernière finale en 1976). De l'autre, le meilleur club de Coupe du dernier quart de siècle et de très loin. Le club de la capitale est ''né'' au plus haut niveau avec ses victoires inoubliables de 1982 et 1983, qui connurent un prolongement en 1993, 1995, 1998, 2004 et 2006. L'un et l'autre chassent un doublé qui resterait dans les annales. Lyon vise tout simplement le gain simultané du Championnat et de la Coupe, qu'il n'a jamais réalisé, et que personne n'a réussi en France depuis Auxerre en 1996. Il doit se souvenir de la douleur endurée la saison passée en finale de la Coupe de la Ligue, contre Bordeaux (0-1), pour ne pas passer à côté de cette occasion attendue impatiemment par Jean-Michel Aulas et Bernard Lacombe. Paris vise une autre forme de doublé, plus anecdotique, mais dont il est le seul spécialiste : remporter les deux coupes la même année, comme en 1995 et 1998.
LES EQUIPES PROBABLES
Lyon: Coupet – Réveillère, Squillaci, Boumsong (ou Bodmer), Grosso – Juninho (cap.), Toulalan, Källström – Govou, Fred, Benzema
Paris SG: Alonzo – Ceara, Yepes, Z. Camara, Armand – Chantôme, Bourillon, Clément, Rothen – Diané, Pauleta (cap.)
Etrange atmosphère de fin de saison
La finale se dresse aussi dans une atmosphère de fin de saison étrange, dont il est difficile de mesurer l'influence sur la tenue des débats. Neuf joueurs sont fiévreusement attendus par l'équipe de France pour entrer enfin dans l'Euro. Si c'est Lyon, avec ses huit internationaux, qui gagne, Raymond Domenech se fera quelques cheveux blancs de plus. Les deux entraîneurs, Alain Perrin et Paul Le Guen, ont peu de certitudes sur leur maintien à la tête de l'équipe, alors même qu'ils auront gagné tous les titres cette saison à eux deux. Les coulisses bruissent des changements qui pourraient intervenir en interne, notamment à Paris, où Colony Capital recherche un président pour rebâtir. Et il ne faut pas oublier l'ouverture de la saison des transferts, qui a parasité la préparation de la semaine. Govou, Landreau, Alonzo, Armand : pas un joueur interrogé cette semaine qui n'ait eu à se positionner sur son avenir immédiat, jusqu'à l'annonce du départ de Coupet, hier, à moins de vingt-quatre heures du coup d'envoi.
Reste le match. Le week-end dernier, Lyon et Paris ont vécu deux joies différentes mais d'intensité comparable, le titre pour l'un, le maintien pour l'autre. Les deux clubs sont libérés d'une chape de plomb considérable qui pourrait débrider les débats. Le conditionnel est de mise. Il faut se souvenir que si l'OL a étiré la saison jusqu'à la 38e journée, c'est parce qu'il avait perdu son autorité collective sur la concurrence. Il faut méditer ce qu'avait été le contenu du match parisien en finale de la Coupe de la Ligue contre Lens (2-1), souvent à l'image de ce qu'il avait pu être en Ligue 1 : brouillon et parfois exaspérant. Un indice : les deux matches du dimanche soir qui ont opposé Lyon et PSG en Championnat demeurent parmi les souvenirs les plus emballants de la saison. L'OL l'avait emporté les deux fois (3-2, 4-2). Aucune finale de Coupe n'a eu droit à autant de buts depuis le Marseille – Monaco de 1989 (4-3). Pour son quatre-vingt-dixième anniversaire, cette mamie mythique mérite bien ça.