
A 2 jours de ce que lon peut considérer comme les vrais débuts
du PSG en Coupe de lUEFA face à Schalke 04, Alain Cayzac rompt le
silence. Après Jérôme Rothen et avant Pedro Pauleta, lancien président
parisien publie un recueil sur ses deux années à la tête du club de la
capitale. De cette expérience douloureuse découle un document
instructif sur les us et coutumes du monde du football.
Sans oublier quelques piques qui font mouche.
Dans votre livre à paraître, vous népargnez pas Paul Le Guen
après lavoir longtemps défendu. Pourquoi avez-vous changé davis à son
sujet ?
Alain Cayzac. Je pensais quil avait un profil de manageur général, je
le voyais devenir président dans dix ans. Je maperçois aujourdhui que
le bon entraîneur nest pas mûr pour être un grand manageur. Il est
trop méfiant, trop désireux de recruter des joueurs qui ont son profil.
Diané, Gallardo, ça lemmerde, il napprécie pas parce que ces joueurs
ne défendent pas assez et sortent beaucoup. Mais il ne faut pas être
trop rigide, cest une divergence entre lui et moi. Dans une équipe, il
faut des Le Guen et des Roche, il faut aussi des Ginola, des Luis
Fernandez et des Weah¦ Si on ne comprend pas ça, on ne peut pas passer
du statut dentraîneur à celui de manageur.
Est-il toujours lhomme de la situation au PSG ?
Je ne suis plus assez impliqué dans la vie quotidienne du club pour
répondre à cette question. Pour le moment, il ny a pas de raison de
saffoler. Et puis, dun point de vue des compétences techniques, cest
un bon entraîneur, courageux de surcroît. Il na pas peur. Quand on
était vraiment au fond du gouffre, il a vraiment assuré.
Dans votre livre, vous vous en prenez aussi à lun des actionnaires, Walter Butler¦
Jécris « Walter ma tuer », et cest évident. Dès le départ, deux amis
qui le connaissaient mont mis en garde : « Surtout ny va pas avec
lui, il nest pas fiable. Un jour, il te plantera ! » Ils avaient
raison. On a des rapports curieux. En surface, cest très amical, mais
dans mon dos, il soutient la candidature dun autre (NDLR : Michel Moulin). Si Butler ou Bazin mavaient dit : « La situation est ambiguë, on prend la présidence », je laurais totalement accepté.
Pourquoi Butler ne la pas fait ?
Parce que Bazin ne voulait pas.
« Jai fait de mon mieux »
Quel est votre rôle au sein du club aujourdhui ?
Jassiste à tous les conseils dadministration où jai un rôle de censeur (NDLR : il ne participe pas aux votes mais donne son avis).
Je suis resté proche de Sébastien Bazin. Mais je suis plus en retrait,
je ne fais plus de déplacement, il ne faut pas gêner¦ Je suis en phase
de désintoxication.
Ecrire cet ouvrage vous a fait du bien¦
Tout le monde me dit que cest une thérapie, mais je ne suis pas
malade. Jai vécu une aventure tellement riche et violente que jai
trouvé intéressant de la partager avec ceux qui aiment le PSG. Cétait
dur, dramatique et violent. La pression est permanente et insoutenable.
Je suis un peu meurtri, jai la rage car je sais quil ne fallait pas
grand-chose pour réussir. Je dis aussi ce que je pense de certains,
comme Pauleta, un très grand joueur mais aussi un formidable
communiquant et un redoutable négociateur.
On se demande encore ce que Colony Capital est venu faire au PSG¦
Ils étaient dabord intéressés par laspect immobilier au PSG et à
Paris. Pour diverses raisons, ces projets nont pas beaucoup avancé,
mais ça va bouger. Ensuite, ils sont venus car le PSG était une bonne
affaire achetée à un prix très raisonnable. Pour Colony, il ny a pas
encore de retour sur investissement. Le niveau dattractivité du club
est cependant étonnant vu ses résultats.
Allez-vous redevenir le conseiller de lombre ?
Quand vous avez été patron, vous ne pouvez pas revenir en deuxième
ligne. Je nai pas envie de replonger, mais je serai toujours attentif
à lévolution capitalistique du club. Qui va remplacer Morgan Stanley
dans lactionnariat ? Qui va remplacer Colony Capital dici deux à
quatre ans ? Je ne veux pas voir arriver des prédateurs qui laisseront
le club exsangue deux ans plus tard.
Que pensez-vous de votre successeur, Charles Villeneuve ?
Je nai pas envie de le juger, dire du bien ferait penser à de la
complaisance, du mal à de laigreur. Delanoë mavait dit : « Ton
problème, cest que tu es trop populaire. » Villeneuve ne lest
peut-être pas assez. Aujourdhui, ce qui est fait est bien fait. Avec
Makelele et Giuly, on a de vrais leaders. Jusquici, jaurais fait la
même chose que lui.
Quelle dédicace écrirez-vous à des supporteurs du PSG comme Nicolas Sarkozy ou Bertrand Delanoë ?
Jai fait de mon mieux, pardon de vous avoir déçu.