L'AVENTURE parisienne du joueur Pedro Pauleta touche à sa fin. Le buteur portugais, 35 ans,
devrait disputer demain face à Saint-Etienne son dernier match officiel au Parc des Princes,
deux semaines avant son ultime rendez-vous avec le PSG en finale de Coupe de France. Pauleta
restera comme le meilleur buteur de l'histoire du club.
Il occupera, quoi qu'il arrive, une
place de choix dans les mémoires parisiennes. Mais également dans l'organigramme du club puisque
son contrat actuel prévoit qu'à la fin de sa carrière il devienne ambassadeur du PSG.
avant
cette dernière sortie au Parc ?
Pedro Pauleta.
C'est un moment difficile, j'aurais aimé
disputer ce match dans d'autres conditions. Le plus important, c'est de prendre les trois points.
Je ne pense qu'à gagner.
Avez-vous imaginé vos adieux ?
Je suis émotif. Je suis sûr que je vais
pleurer. Je veux remercier tout le monde. Ce sera un instant lourd car j'ai une relation très
forte avec les supporteurs.Pourquoi êtes-vous si populaire ?
J'ai toujours tout donné et j'ai
marqué des buts. Les supporteurs m'aiment en raison de la façon dont je me suis comporté.
Vous souvenez-vous du contexte de votre arrivée à Paris en 2003 ?
J'avais des sollicitations de Lyon
et de deux clubs portugais. Le jour de la remise des Oscars, où j'ai
reçu mon titre de meilleur
joueur de la saison, j'allais prendre l'ascenseur quand Francis Graille
vient me voir. Il me dit qu'il est le nouveau président et qu'il veut
que je signe au PSG.
« Je méritais d'être plus associé à certaines décisions »
Quel est votre meilleur souvenir ?
La première
saison a été particulière car on a terminé deuxième à trois points de Lyon, on s'est qualifiés
pour la Ligue des champions et on a gagné la Coupe de France. Ce qui reste surtout, ce sont
les trois coupes. Mais la victoire en finale de la Coupe de France contre Marseille (2-1) en
2006 a été vraiment spéciale. Pour tout le monde.
Et votre plus mauvais ?
(Long silence.)
J'espère
qu'il n'arrivera pas…
Avec quels présidents vous êtes-vous le mieux entendu ?
J'en ai connu trois
(Graille, Blayau et Cayzac),
quatre avec Simon Tahar qui vient juste d'être nommé. Je n'ai
jamais eu de problèmes avec eux, même si, bien sûr, on n'a pas toujours
été d'accord. J'ai
eu une bonne relation avec Francis Graille qui m'a fait venir. On
continue d'ailleurs de se
voir. Avec les entraîneurs (Halilhodzic, Fournier, Lacombe, Le Guen)
, ça s'est plutôt bien passé.
On a davantage évoqué des problèmes avec Le Guen car il m'a mis sur le banc mais il y a toujours
eu du respect. Même si j'étais plus proche de Halilhodzic et de Lacombe.
Avec qui avez-vous tissé une forte amitié ?
Il y a Mario
(Yepes)
. Je suis aussi attaché à Jérémy Clément. Je parle aussi parfois
avec Sorin, Heinze et Fiorèse. Mais sincèrement, dans le foot, quand tu
changes de club, tu n'entretiens la relation que quelque temps.
Avant son départ, Alain Cayzac a
laissé entendre qu'il avait pensé à vous comme entraîneur-joueur pour sauver le club.
Auriez-vous
accepté ?
Non. La relation que j'ai avec mes partenaires ne me le permet pas. Et puis Alain
Cayzac ne m'en a jamais parlé ! Je ne me vois pas entraîneur pour l'instant.
Si vous deviez
changer quelque chose dans votre parcours au PSG ?
Sur un plan personnel, pas grand-chose. J'ai
toujours été moi-même et professionnel. J'aurais aimé parfois être plus écouté par les dirigeants.
Avec mon expérience, je méritais d'être plus associé à certaines décisions. Quand tu choisis
un capitaine, tu dois avoir confiance en lui pour faire le lien entre les joueurs et le club.
Vous attachez de l'importance
aux titres mais aujourd'hui
vous mettez un point d'honneur
à ne pas
emmener le PSG en L 2.
Si on reste en L 1, ce sera un titre de plus. Ce sera même le plus grand
de la saison. C'est le message que j'ai passé aux autres joueurs. Paris ne peut pas descendre.
Regrettez-vous parfois d'avoir signé à Paris ?
Jamais.
«
Si demain je reçois une proposition qui me
plaît…
»
Il vous reste trois matchs
sous le maillot parisien. Avez-vous pris une décision
concernant
la suite de votre carrière ?
Je prendrai ma décision pendant mes vacances. Si demain
je reçois une proposition qui me plaît… J'ai un contact aux
Etats-Unis et avec un club portugais.
Je suis tellement impliqué dans cette fin de saison que je ne veux pas
penser à tout ça. Michel Moulin m'a aussi dit qu'il voulait me parler.
Mon obsession aujourd'hui est que Paris se maintienne.
Vos proches seront-ils associés
à votre décision ?
Une décision comme celle-là ne se prend pas seul.
Mon fils André veut rester à Paris. Ma première fille veut que j'arrête et ma femme en a aussi
un peu marre de vivre loin du Portugal. J'aimerais que tout le monde soit content. C'est bien
que la petite dernière ne parle pas pour ne pas donner un autre avis !
(Rires.)
J'ai besoin
de sentir si ça vaut la peine de continuer. Je récupère moins bien qu'à 20 ans. Il y a aussi
la lassitude morale avec la répétition des mises au vert, les enfants qui grandissent. Mais
je prends encore du plaisir. Je vais réfléchir au calme, sans me précipiter.
Vous semblez moins sûr d'arrêter le football que l'an dernier ?
C'est vrai. Plus la fin approche, plus tu doutes.
Je ne veux pas penser que je vais arrêter dans une semaine. C'est la meilleure façon de bien
préparer ces deux rendez-vous en L 1 qui, pour moi, sont comme les deux premiers de ma carrière.
Et si le PSG vous proposait
une prolongation de contrat ?
J'écouterais.
(Il réfléchit, hésitant…)
Pourquoi pas ? Après il faudra voir ce qui est bon pour moi et pour le club.