Charles Villeneuve. Je ne crois pas. C'est
agaçant. Samedi soir, nous étions deux à être agacés : Le Guen et moi.
Paul l'a exprimé très clairement aux joueurs à la mi-temps et nous
avons vu la métamorphose entre la première et la deuxième période, même
si nous avons perdu. Mais faut-il gueuler en permanence pour obtenir ce
culte de la victoire ?
Bon. Il trouve les mots qu'il faut. Il fait même appel parfois aux
parties génitales afin qu'elles se réveillent. Paul et moi, nous aimons
la victoire plus que tout. L'un comme l'autre, nous n'avons pas le
sentiment que les joueurs l'aiment autant qu'il faudrait l'aimer. Rien
qu'au regard de nos supporteurs et de leur attachement, nous n'avons
pas le droit de perdre. Makelele et Giuly étaient anéantis dans l'avion
du retour de Nice. C'est surtout ça qu'il manque à ce club : la culture
de la victoire. Avec Paul, nous sommes en parfaite osmose. Il n'y a pas
l'ombre d'un cheveu qui nous sépare.
Quand on cherche à m'opposer à Paul Le Guen, on se trompe totalement.
Notre entente est parfaite. Nous échangeons tellement tous les deux. Je
parle football avec lui mais aussi histoire et politique. Pourquoi
beaucoup d'observateurs ont-ils l'impression que le courant ne passe
pas entre vous ? Cela vient de ceux qui veulent prendre la place de
l'un ou de l'autre. Nous avons mis un certain temps à les identifier.
Nous savons désormais qui ils sont. Viendra le moment avec Sébastien
Bazin (NDLR : l'actionnaire principal)
ne pouvons pas écarter les vipères lubriques quand elles sont à
l'intérieur du vivarium. Tous ne sont pas des pythons royaux.
Un club qui marche est un club qui repose sur un lien fort entre son président et son entraîneur…
Et entre l'entraîneur et ses joueurs. La force d'un groupe, c'est
d'abord l'osmose entre le coach et les joueurs. Il vous a semblé que
les joueurs étaient en état de révolte contre le coach ? Je ne crois
pas. Ceux qui sont en état de révolte, ce sont ceux qui veulent sa
place !
Les objectifs sont clairs : nous espérons être dans le premier tiers du
classement, c'est un objectif commun. Et l'objectif est bien sûr de
finir la saison avec Paul Le Guen afin de maintenir l'équilibre d'un
groupe. C'est très important. Je rends des comptes à un conseil
d'administration, à un actionnaire principal. Si je n'étais pas en
osmose avec l'actionnaire, vous l'apprendriez.
Pour conclure sur ce sujet, comment autant de mensonges, si l'on vous
suit bien, peuvent-ils être dits sur la nature de votre ticket ?
Cela m'intrigue : qui raconte de telles bêtises à notre propos ? Je
crois qu'un certain nombre de gens aimeraient que Paul parte, persuadés
qu'il n'y arrivera pas compte tenu du passé et qui essaient de planter
un coin dans l'espace de notre relation. On en parle tous les deux. On
se marre de ça. Il a beaucoup d'humour. Nous avons une relation très
libre et très claire. Il n'est pas dupe et moi non plus, alors, entre
nous, cela marche bien.
On a très bien joué à Marseille. C'était magnifique ! Quand Paul dit
qu'il ne faut pas péter plus haut que son cul, cela veut dire que nous
ne sommes pas certains de finir champion de France, mais on ne sera pas
loin. Contre Toulouse puis Nice, on a dilapidé le crédit d'une victoire
historique à Marseille. Ce que nous sommes capables de faire à
Marseille, nous devons être capables de le refaire. Alors faisons-le !
Oui, nous avons un potentiel et un effectif suffisants pour faire un
bon parcours. Nous avons perdu cinq matchs de justesse que nous aurions
pu gagner. Si on avait au moins obtenu le nul lors de ces cinq
défaites, on aurait 22 points et on serait troisièmes. C'est notre
place ! Dans le premier tiers du tableau en tout cas, et largement !
C'est une année de transition. La saison prochaine, nous partirons à la
conquête du titre. Entre-temps, il faut emmagasiner cette culture de la
victoire.
C'est possible. Nous avons aujourd'hui 17 points à la 12e journée, ce
qui était le total de points à la 19e journée l'année dernière.
Cela viendra. Paul me dit : « On lui fait confiance, on le protège,
comme on a fait pour Hoarau. » Il a fait une bonne entrée à Nice.
Les effets de l'anesthésie pratiquée sur lui le 14 février dernier sont
dissipés, mais, à le suivre, je suis assez perdu. Il veut venir au PSG,
nous en sommes très honorés ; mais, pour l'instant, nous n'avons jamais
échangé avec lui ou son entourage. Sincèrement, c'est lui qui distille
ces informations et elles sont variables.
(Ironique.) Qui ? Les seules nouvelles que j'ai viennent
du médecin du PSG, Eric Rolland, qui l'a opéré. Il ne faut jamais
fermer la porte à ce type de proposition, mais, pour l'instant, elle
n'est même pas entrouverte.
publiée récemment. Rothen, Cayzac, Pauleta se sont tous livrés à coeur
ouvert…
Je ne les ai pas lus. Quand on est à l'intérieur d'un cercle, on
s'exprime à l'intérieur du cercle. Je ne suis donc pas très fan.
Je kiffe ! C'est passionnant, assez difficile, mais, pour l'instant,
mon tempérament ne me conduit pas à subir dans l'avenir une greffe
cardiaque. Je sais garder mes distances.
Le Parisien