Aujourd'hui, Paris est en ébullition. Entre l'arrivée imminente de David Beckham et le titre honorifique mais ô combien important pour le club de la Capitale de champion d'automne, il ne manquait plus que Kombouaré soit viré pour que le taux d'émotion possible atteigne une intensité paroxystique. Voilà qui est fait, et ça va être le bordel.
Choc. Incompréhension. Aujourd'hui, une seule question ressort : Pourquoi ? Sacré champion d'automne hier soir au terme d'une victoire arraché à Geoffroy Guichard, à la tête d'une équipe qu'il a tant bien que mal hissé au sommets de la Ligue 1 depuis 2 ans, Antoine Kombouaré ne sera plus l'entraîneur du PSG à compter d'aujourd'hui. Sans doute pas assez bling-bling pour des Qataris venus tout révolutionner à Paris, Kombouaré paye incontestablement le manque de beauté du jeu proposé par le club de la Capitale, souvent décrié par les actionnaires, mais aussi et surtout son statut de « petit » qui lui aura coûté la place d'une équipe qu'il dirigeait d'une main de fer. L'information, révélée par une dépêche AFP hier vers 13h30 stipulait que « L'éviction d'Antoine lui a été signifiée aujourd'hui par Leonardo », et que l'annonce officielle du renvoi de Kombouaré devrait être faite officiellement cet après midi par le club de la capitale. La fin d'un cycle pour le club de la Capitale, qui perd incontestablement l'un de ses meilleurs entraîneurs depuis sa création.
Un parcours exemplaire
Lorsqu'il arrive au PSG en 2009 pour succéder à son ancien coéquipier à Nantes et au PSG Paul le Guen, le Kanak débarque avec une étiquette de petit. En même temps, on ne peut pas dire que son parcours ait été des plus impressionants jusque là : une carrière de joueur modeste, avec en point culminant son passage au Paris Saint-Germain de 1990 à 1995, et une carrière d'entraîneur qui peine à décoller : Avant d'entraîner Valenciennes, le Kanak avait fait un passage éclair à Strasbourg, mais avait également dirigé la réserve du club de la Capitale. En gros, ce poste qui lui est offert a tout l'air de la chance de sa vie, l'opportunité immanquable pour montrer à la France entière qu'il peut faire de grandes choses. Ainsi donc, c'est le coeur léger (il venait d'assurer le maintien à Valenciennes la saison précédente) que Kombouaré paraphe son contrat de trois ans au PSG le 29 Mai 2009. Et les critiques ne vont pas tarder à fuser : sa première saison est timide, le PSG continue dans ses mauvaises habitudes. Les résultats ne sont pas là et c'est quasiment un miracle si ce PSG arrive, en fin de saison, à brandir la huitième coupe de France de son histoire, qualifiant ainsi le club pour la prochaine Ligue Europa. En 2009-2010, le PSG finit 13e, et ce sont les doutes qui dominent à l'aube de la saison 2010-2011.
Cependant, 2010-2011 s'avère être une excellente saison pour le club de la Capitale, l'une des meilleures depuis des années même. A l'intersaison, le club de la Capitale ne fait pas des folies, faute de moyens, mais signe quand même trois joueurs qui métamorphosent complètement le jeu du PSG : Siaka Tiéné, que Kombouaré avait déjà dirigé à Valenciennes, réalise une saison convaincante sur le côté gauche de la défense parisienne, Mathieu Bodmer, qui s'impose comme le patron de l'entrejeu Parisien depuis son arrivée et encore aujourd'hui, et surtout Nenê, le terrible milieu gauche Brésilien, qui va réaliser une saison monstrueuse en cette année anniversaire du club de la Capitale : un total de 20 buts et 15 passes décisives pour l'ex-Monégasque. Avec ces trois nouveaux joueurs, le PSG hisse grandement son niveau de jeu jusqu'à produire l'un des plus beaux du Championnat de France. Rapide et technique, il les emmènera jusqu'à la quatrième place de la Ligue 1 au terme d'une fin de saison en demie teinte pour les hommes d'Antoine Kombouaré. Bilan de cette saison plus que réussie : une belle 4e place au classement général, directement qualificative pour la prochaine Europa League, une finale de Coupe de France perdue face à Lille, une demie finale de Coupe de la Ligue et un beau parcours en Europa League (les parisiens ont été stoppés en 8e de finale par Benfica, ndlr). Kombouaré fait alors l'unanimité à Paris, autant dans le club que chez les supporters.
Le tournant : l'arrivée de QSI
Fort de cette saison réussie, Kombouaré commence la saison 2011-2012 par deux bonnes nouvelles : l'arrivée de Nicolas Douchez, histoire de faire une croix sur la série de passoire qui ont squatté les buts du PSG ces dernières années, et celle de Kévin Gameiro, obtenu au nez et à la barbe du FC Valence, pour compenser le manque d'efficacité offensive qui a coûté la Champion's League la saison passée. Si les matches amicaux ne se passent pas de la meilleure des manières (7 matches, 3 victoires, 3 défaites, 1 nul), Kombouaré garde espoir, car il sait qu'en coulisse se prépare le plus grand chamboulement dans l'histoire du PSG : l'arrivée d'investisseurs Qataris à la tête du PSG. Et en effet, le 31 Mai 2011, le fond d'investissement Qatar Sport Investments a racheté 70% des parts du club à Colony Capital. Inactif le premier mois, QSI commence le plus gros du chantier durant le mois d'Aout : 9 joueurs signent au PSG. L'effectif de Kombouaré est grandement étoffé, mais son poste est en danger. En effet, si les Qataris achètent des joueurs pour être efficaces sur le terrain, ils refont également l'organigramme du PSG : l'arrivée de Leonardo au poste de directeur sportif oblige Robin Leproux à s'en aller, et le prochain sur la liste des départs, il le sait, c'est Kombouaré. Dès lors s'enchaînent une série de rumeurs lancées par la presse lors des six premiers mois de championnat pour connaître la date du départ du Kanak et le nom de son remplaçant. Certains pariaient sur un départ en Novembre, après la défaite à Marseille, d'autres sur la fin de saison conformément aux déclarations de Leonardo sur le sujet. Perdu. Le 22 décembre, après une victoire à Saint-Etienne qui lui fait retrouver le fauteuil de leader, Kombouaré est remercié par Leonardo au terme de deux saisons et demie de dur labeur qui auront permis au PSG de redevenir un club de haut niveau. L'élimination en Europa League, objectif principal de QSI cette saison, a sûrement du jouer dans la balance. Qu'à cela ne tienne, il faut désormais lui trouver un remplaçant. Le nom de Carlo Ancelotti, évoqué depuis quelques mois par la presse, est en pôle position pour succéder au Kanak. Mais après tout, ce n'est que la suite logique des choses : seul un entraîneur avec une réputation internationale pouvait coller au projet PSG 2.0. Ce n'est indéniablement pas le cas d'Antoine Kombouaré, et ça lui a coûté son poste.