Au bout de 59 matchs joués face à Marseille, le Paris Saint-Germain ne s'est imposé qu'à 17 reprises, concédant 26 défaites. Sur le terrain comme en affaires, l'Olympique de Marseille gagne sur tous les tableaux. Le club de la capitale a perdu son lustre d'antant et court depuis 10 ans après le succès, tandis que le club phocéen s'est construit une situation enviable, de part de meilleurs résultats sportifs et d'une bonne stratégie commerciale.
Le bilan financier :
Si les deux clubs jouent dans la même division sportive, ils ne jouent pas au même niveau financier. L'OM distance nettement le PSG au regard du chiffre d'affaires. D'après le dernier rapport financier de la DNCG (Direction Nationale du Contrôle de Gestion), pour la saison 2008-2009, l'OM pesait 127,8 millions d'euros contre 100,8 millions pour le PSG. En termes de résultats, (au vu des résultats sportifs), il n'y a pas photo, Marseille a engistré une balance positive de 1,45M€ alors que Paris affichait 5,4M€ de perte d'exploitation.
PSG | OM | |
Droits audiovisuels | 37,952 M€ | 65,642 M€ |
Sponsors – Publicité | 22,174 M€ | 24,740 M€ |
Recettes matches | 24,979 M€ | 24,853 M€ |
Autres produits | 15,714 M€ | 12,609 M€ |
Les affluences :
Les 2 clubs les plus populaires de France, ne se valent pas tout à fait sur le plan des affluences, l'OM pouvant compter sur un potentiel spectateurs de 60.013, tandis que le Parc des Princes ne peut accueillir que 47.428 spectateurs. Il est donc normal de voir Marseille afficher une affluence moyenne supérieure ; 52.276 à Marseille contre 40.902 à Paris l'année passée. Pour autant, grâce à ses bons résultats, le PSG a fait jeu égal avec l'OM sur le plan du taux de remplissage : 86,24% au Parc contre 87,11% au vélodrome.
Le club phocéen est sur ce plan favorisé par la fidélité de ses abonnés, puisque le club olympien comptait la saison passée 42.500 abonnés, tandis que le club de la capitale ne pouvait compter que sur 21.000 cartés. Il est temps pour le club parisien de retrouver les sommets et proposer du spectacle à son public, pour mieux rivaliser sur ce plan avec l'OM.
Les coûts des stades :
Point commun des deux clubs, ils ne sont pas propriétaires de leurs stades. Le Parc des Princes et le Stade Vélodrome appartiennent respectivement à la ville de Marseille et à la ville de Paris. Organiser des matchs à domicile (locations incluses) aura coûté pendant la saison 2008-2000 un peu plus de 5 millions d'euros à Paris et environ 4 millions d'euros à Marseille. Mais il faut ajouter à cela la taxe sur les spectacles, une taxe communale calculée sur le produit de la billetterie. Une facture supplémentaire pour le PSG de l'ordre de 2 million d'euros, mais indolore pour l'OM, puisque le club en est exonéré.
Si Colony Capital emporte le marché de la rénovation du Parc, il sera le titulaire d'un bail emphythéotique administratif longue durée, lui permettant de facturer ces coûts de locations au Paris Saint-Germain, une opération juteuse pour le fonds de pension au vu de ces chiffres.
La billeterie :
L'année passée, malgré une affluence moindre, le PSG a pu faire jeu égal avec Marseille sur les recettes de la billeterie 25M€ contre 24,9M€ (Coupes d'Europe incluses). On en déduit que le PSG fait payer plus cher ses billets que le club olympien. Le club parisien impose des hausses régulières des tarifs et le Parc s'avère être aujourd'hui le stade le plus cher de France. L'année passée le coût moyen des abonnements au Parc était de 170€, contre 120€ au vélodrome, alors que pour les billets à l'unité, impossible de trouver une place au Parc à moins de 30€, tandis qu'au vélodrome les prix planchers tournent aux alentours de 16€.
La masse salariale :
La masse salariale représente le poste de dépense le plus important pour les 2 clubs, cependant Marseille domine largement Paris sur ce plan. En 2008/2009, elle représentait 75M€ pour l'OM (59% des dépenses), alors qu'au PSG elle représentait 54M€ (48% des dépenses). Malgré une volonté de réduction de la masse salariale, celle-ci augmente d'année en année au Paris Saint-Germain, la faute à des augmentations de salaires pour conserver ses cadres, à des retraites dorées pour certains joueurs. Mais de fait, il fait meilleur vivre à Marseille qu'à Paris…
La valeur marchande des joueurs :
Le principal actif d'un club, c'est la valeur de ses joueurs. Pour le site Transfermarkt, les 30 joueurs pros de l'effectif phocéen valent 148,4 millions d'euros, soit environ 5M€ par joueur. L'effectif parisien est quant à lui estimé à 95,5 millions d'euros. Mais le groupe pro ne comprend que 26 joueurs. En moyenne donc, un footballeur qui porte le maillot du PSG vaut environ 3,7M€, soit moins qu'à l'OM. Le Marseillais le plus cher serait Lucho Gonzalez, aujourd'hui estimé 20M€, tandis que le Parisien le plus coté serait Stéphane Sessègnon estimé à 15M€.
En matière de transfert, Marseille et Paris suivent désormais une stratégie similaire. Les deux clubs misent moins sur la seule formation mais sur des joueurs prometteurs achetés à prix raisonnable qu'ils font éclore en espérant de juteuses plus-values. Marseille a ainsi touché deux fois le jackpot ces quatre dernières années avec Drogba et Ribéry. La vente de ces deux joueurs ont permis au club de faire des culbutes de 32 et 26 millions d'euros.
Bénéfices contre pertes :
A Marseille le soleil brille et la situation financière est saine, grâce aux ventes de joueurs (cf. ci-dessus) et aux retombées de la Champions League depuis 4 ans. L'année passée le club olympien a présenté un bénéfice de 1,5M€. Côté parisien, Colony Capital ne cesse d'éponger les dettes depuis son arrivée aux commandes du club : 19M€ en 2006/2007, 12,3M€ en 2007/2008 et 5,4M€ en 2008/2009.
Le club de la capitale est submergé de dettes ; à la fin de la saison 2008-2000, elles s'élevaient à 62 millions d'euros. Pour rembourser un prêt de 10M€, le PSG a convaincu un partenaire, Sportfive, de lui faire une avance équivalente en échange d'un contrat de dix ans… Et le club multiplie les techniques comptables : reports de paiement et perception par anticipation de l'argent des transferts.
Le sponsoring :
A Paris, ce n'est pas la direction du PSG qui s'en occupe, mais Sportfive, une filiale du groupe Lagardère. L'entreprise garantit au PSG de lui apporter au moins 20M€ de ressources de sponsoring et de publicité par an. Selon Le Parisien, les plus généreux sont Nike (5,5M€/an), Fly Emirates (3,25M€/an), mais aussi Affelou (960.000€/an) et Orange. Autant de contrats qui ont contribué pour 22% des recettes du club pour la saison 2008-2009.
L'OM, en revanche, gère tous ses partenariats en interne. Même si la direction s'en défend, le club ne se prive pas du soutien opportun des entreprises du giron de l'empire Louis-Dreyfus. Ainsi, Adidas et Direct Energie sont les premiers contributeurs du club. Ils versent au moins 3 millions d'euros au club tous les ans. Pour les autres partenaires, le ticket d'entrée est compris entre 300 et 600.000€
Le merchandising :
L'année dernière, le PSG a mis fin à un contrat avec Nike pour confier à sa filiale PSG merchandising l'exploitation de la marque et des trois magasins. Profit probable : 9M€ par an selon les dires de la direction du club à la DNCG. L'OM gagne moins d'argent (8,3 millions d'euros pour 2008-2009), mais semble avoir pris une longueur d'avance pour vendre en dehors de ses bases. Outre ses boutiques marseillaises, le club a ouvert l'année dernière un magasin en Algérie et souhaite faire de même à l'étranger et sur les terres de son ennemi, à… Paris.
Côté vente de maillots, le PSG et l'OM trustent les 2 premières places du classement avec 420.000 pour Marseille et 230.000 pour Paris l'année passée. Le club olympien dispose d'un réseau commercial bien plus important que son rival parisien : outre la force de vente d'Adidas, la marque OM est distribuée depuis peu dans 200 magasins Intersport. De son côté le club de la capitale doit se contenter de réseaux plus traditionnels. Alors que l'OM espère vendre 500.000 maillots cette année, le PSG doit faire face à la fronde d'une partie de ses supporters, qui renient le maillot de cette saison, non conforme au code couleurs du club.
Droits TV :
Le club Marseillais gagne plus de droits télévisuels que le Paris Saint-Germain. Pour l'année 2008/2009, l'OM a perçu 65,6M€ de droits contre 37,9M€ pour le PSG. Au vu de ses meilleures résultats, Canal+ diffuse plus de matchs de l'OM que ceux du PSG. Les affiches PSG-OM et OM-PSG rassemblent plus de 2,5 millions d'abonnés, soit plus de 40% du total de ses abonnés, les 2 meilleures audiences de l'année.
La différence se fait surtout par la manne financière que représente la Ligue des Champions, que l'OM dispute régulièrement, tandis que le PSG en est exclu, au vu de ses médiocres résultats. Alors pour rivaliser sur ce plan avec Marseille, Paris se doit de remonter rapidement sa situation sportive et pour cela Colony Capital doit investir dans le capital joueurs, mais en est-il capable…? Les supporters sont en tout cas circonspects sur la question…