Les Girondins de Bordeaux se présenteront très probablement ce soir au Parc des Princes avec 5 défenseurs sur la pelouse au coup d’envoi. Une formation tactique en 5-3-2 très peu utilisée en Ligue 1 et en Europe mais qui s’est peu à peu imposée d’elle-même à l’entraineur des marine et blanc Francis Gillot.
Malgré un début de saison difficile, Bordeaux est aujourd’hui 9ème au classement et s’est complètement relancé dans la course aux places européennes. Désormais sur les talons de Marseille, les Aquitains doivent une grande partie de leur résurrection à un homme, Francis Gillot. L’ancien technicien doubiste a une nouvelle fois prouvé sa finesse technique, sa connaissance du ballon rond et son pragmatisme en passant en cours de saison d’une formation classique en 4-4-2 à une formation plus défensive en 5-3-2. Pari gagnant.
Les résultats avant tout
Depuis l’arrivée cet hiver du défenseur latéral brésilien Mariano en provenance de Fluminense, Francis Gillot a toujours aligné son équipe en 5-3-2. Une mise en place tactique plus défensive dont le principal but est de densifier l’axe du terrain pour récupérer plus facilement les ballons et exploser ensuite en contre-attaque jusqu’à la surface de réparation adverse. En phase offensive le XI Girondin passe en 3-5-2, les deux arrières latéraux Trémoulinas et Mariano jouent les pistons et montent d’un cran pour offrir des solutions sur les côtés, désertés par le milieu de terrain à trois. Ce nouveau système, bien que moins séduisant et spectaculaire que le précédent a le mérite d’offrir aux Bordelais une défense plus compacte et plus étanche comme en témoignent les chiffres : depuis le début de la phase retour, soit neuf matchs, Bordeaux a encaissé 9 buts –dont 4 au LOSC- et a réussi à préserver ses cages inviolées à 4 reprises, et le tout pour 14 buts marqués –dont 5 au LOSC,merci Ludo Obraniak…
Autrement dit, l’attaque girondine est loin d’être extraordinaire mais quand on ne prend pas de pions c’est tout de suite plus simple pour ramener des points à la maison. Marquer plus de buts que l’adversaire, la base du foot.
« Un système de jeu que je n’aime pas »
Au-delà de ces considérations défensives, Francis Gillot s’est surtout montré très pragmatique avec ce changement de système. Un pragmatisme qu’il viendrait presque à regretter comme il en a témoigné récemment : « C’est un système de jeu que je n’aime pas, mais c’est le meilleur pour nous, car on prenait trop de buts et on avait un problème de densité dans l’axe. C’est un système d’attente, plus défensif, ce n’est pas mon style. Je n’aurais jamais cru pouvoir avoir des résultats comme ça. Je me sens un peu ringard (Rires). »
L’entraineur bordelais connait très bien son groupe, qui n’a au passage, plus grand chose à voir avec celui qui avait marché sur l’eau en 2009, et il sait pertinemment que pour relancer son équipe il faut capitaliser sur les points forts et réduire les faiblesses de chacun. On ne va pas se le cacher les atouts bordelais sont peu nombreux : l’équipe est certes beaucoup plus solide défensivement mais peine terriblement à produire du jeu et à se procurer des occasions. Avec cette formation en 5-3-2 Francis Gillot a surtout mis en avant ses meilleurs éléments qui composent les joueurs clés de la réussite de ce système, à savoir les défenseurs latéraux et les milieux axiaux: Mariano, Trémoulinas, Obraniak, Plasil, Nguémo, autrement dit, les tauliers de l’équipe. Mariano et Trémoulinas ne sont certes pas les meilleurs défenseurs du championnat de France mais dans ce rôle de piston et couvert pas les 3 défenseurs centraux ils jouent sur leurs qualités à savoir la projection vers l’avant et l’apport offensif. De même, le rôle des milieux de terrain à la fois défensifs et relayeurs font briller les qualités premières d’Obraniak et du capitaine Plasil. Capables de venir gratter des ballons ils ont aussi cette faculté à stabiliser le jeu de l’équipe, à garder la balle quand il le faut, à écarter sur les ailes ou à se projeter vers l’avant soit individuellement soit avec un très bon jeu de passes. Le gardien est le dernier véritable point fort de cette équipe. Cédric Carasso a un peu moins de travail à faire avec cette nouvelle organisation. Face à 5 défenseurs il est bien difficile de combiner et de trouver des espaces dans l’axe pour les adversaires. En revanche avec l’absence de pressing haut, il y a davantage d’ouvertures pour les frappes de loin ainsi que pour les longs centres –Hoarau est donc fortement pressenti pour être titularisé ce soir. Deux phases de jeu où le portier aquitain est particulièrement à l’aise. Au moins les Parisiens sont prévenus, il faudra se méfier de ces qualités bordelaises.
Un Marc Planus sur la voie de la rédemption
Avec ce pragmatisme, Francis Gillot a également réussi à colmater quelques brèches et à masquer certains points faibles de son équipe, à commencer par la défense centrale : les trois de derrière Planus, Ciani et Henrique (ou Sané) sont sur la phase descendante depuis de longs mois mais en les alignant ensemble dans ce schéma tactique ils parviennent plus ou moins à faire illusion. Planus en est le parfait exemple. Invisible depuis maintenant près de deux ans alors qu’il avait été appelé en équipe de France, le défenseur girondin revient un peu mieux ces dernières semaines. Reculé au poste de libéro en tant que dernier défenseur, il parvient mieux désormais à compenser son manque de vitesse et de réaction par son expérience et sa lecture du jeu aux côtés de ses deux camarades. Avec un axe du terrain plus densifié, un bloc équipe plus bas, Planus a plus de temps pour intervenir et se contente surtout d’un rôle en couverture. Positionné comme un Lugano en équipe nationale d’Uruguay, joueur le plus proche de son gardien, il est désormais beaucoup moins concerné par la construction du jeu, et ses relances maladroites se font beaucoup moins sentir sur le jeu de son équipe.
En ce qui concerne l’attaque il est plus difficile pour l’ami Francis de trouver des solutions au problème offensif de son équipe. Le problème a un nom. Ou plutôt quatre. Diabaté, Maurice-Bellay, Bellion et Gouffran. Même si replacé dans l’axe, ce dernier réalise une saison moins mauvaise que les précédentes en ayant déjà inscrit 9 buts en Ligue 1, l’ancien Caenais n’est pas le grand attaquant tant redouté par les défenses adverses comme pouvait l’être un Pauleta, un Laslandes ou même un Cavenaghi à un certain moment. Blessé, le principal danger offensif bordelais ne sera même pas du déplacement à Paris ce soir. Et que dire de Maurice-Bellay et Diabaté qui devraient être alignés ensemble en attaque ce soir. Si notre défense commence à craindre des attaquants au sens du but aussi aiguisé qu’un Dominique Arribagé où va-t-on ?
Au match aller, le PSG s’était fait accroché 1-1 à Chaban-Delmas, point de départ d’une très mauvaise série de 3 défaites affilées (Nancy, Marseille, Salzbourg) ; C’est une équipe girondine pourtant bien plus cohérente et avec davantage de certitudes sur sa solidité défensive qu’au mois de Novembre qui va se présenter ce soir au Parc des Princes. Les Parisiens devront faire face à un bloc-équipe bien regroupé et très certainement composé de 5 défenseurs. Ils auront sans grandes surprises la possession et devront faire le jeu pour trouver la faille dans ce 5-3-2 bordelais, un domaine où le PSG ne s’est jamais montré très à l’aise depuis le début de la saison. Mais il n’a pas le choix, il faut à tout prix gagner ce match pour reprendre la première place et aller au bout. Paris a le mérite d’être prévenu, l’équipe de Francis Gillot affiche une grande solidité derrière et peut se montrer très dangereuse en contre-attaque. Le match piège par excellence…