
Le choix de Pastore, au soir du 6 août 2011, retentissait dans toutes les têtes du monde footballistique. Il a eu l'effet d'une bombe sans précédent. Nombreux ont été les journalistes à relayer l'information. Nombreux ont été ceux qui ont tentés désespérément d'expliquer la décision de l'argentin. Mercredi soir, au micro de canal+, le néo parisien est revenu sur son choix. Décryptons ensemble ce coup de génie qui a tant déchaîné la presse, qui a tant délayé certaines langues.
Le contexte général
L'été dernier, le PSG était racheté par Tamim bin Hamad al-Thani, l'émir héritier du trône au Qatar. Ses intérêts : apporter de la crédibilité à son pays en vue de la Coupe du Monde en 2022 et, promouvoir l'image du Qatar dans le monde du sport. Le sport est une véritable religion la-bàs. Au delà d'être un vecteur de développement, il est surtout un secteur d'activité pour lequel QIA (Qatar Investment authority ) qui est le fond d'investissement souverain de l'émirat du Qatar, investit fortement. A noter que Qatar Sports Investment (QSI) dont la présidence est assurée par Abdulla Khalid Al Qahtani, est une souche de QIA. Nasser Ghanim Al-Khelaïfi quant à lui est à la tête du club.
La principale raison de tant d'investissements dans le sport (dont le PSG) réside dans le fait que le sport constitue une véritable valeur refuge. Le Qatar veut disposer d'une visibilité intéressante et d'une notoriété relativement importante sur la scène internationale. Enfin, le Qatar, grâce au gaz, est comme une machine à créer de la valeur, des richesses, des dollars. Ce pays attire beaucoup de convoitises. Il a donc besoin de se protéger de certains pays et notamment de l'Arabie Saoudite. Ainsi, être un acteur majeur dans le sport lui assure une certaine sécurité. En choisissant le PSG et sa ville lumière, le prince du Qatar réalise une excellente opération notamment en terme promotionnel. Paris, étant la capitale mondiale du tourisme à l'empreinte du passé ancien, et une mégalopole à l'influence retentissante, elle offre d'importantes retombées aux qatariens.
Le contexte concurrentiel
Dans cette optique de développement, le Qatar veut frapper fort d'entrée de jeu. Alors quoi de mieux pour marquer les esprits qu'une arrivée et un début tonitruants. Le Qatar, après avoir racheté 70% des parts du PSG, a investi près de 86 millions d'euros dans le recrutement dont 42 millions pour le maître à jouer, Pastore. Peut-être faisait il partie d'un packaging incluant Sirigu. Toutefois, la somme reste colossale. Au delà des chiffres, et du nombre de zéros présent sur le chèque, elle est surtout symbolique. Il s'agit du plus gros transfert de l'histoire de la ligue 1, le deuxième plus gros transfert de l'été. C'est un message fort adressé aux grands d'Europe : dorénavant, nous pouvons rivaliser à notre tour avec vous sur le marché des transferts.
Pour le Qatar, si l'on met de côté l'aspect financier et économique de ce transfert, cette opération de communication (car ce n'est ni plus ni moins que de la communication) est une prouesse et une aubaine. Sur ce dossier, le club de la capitale était principalement en concurrence avec Chelsea et l'Inter Milan. Après des jours et des jours passés sur le net, des nuits passées sur les forums, en espérant secrètement l'arrivée de la pépite argentine, les supporters parisiens ont assistés le 6 août 2011, en grand format, à un fait marquant de l'histoire du club. Le PSG a remporté son combat au nez et à la barbe de ces grands noms d'Europe. Pastore rejoignait le club de la capitale pour la modique somme de 42 millions d'euros : « c'est très important pour moi. C'est une nouvelle étape dans ma carrière pour progresser […]. Je suis sûre que je serai très heureux».
Le projet, comme principale raison
Dans le sport en général et plus particulièrement dans le football, tout le monde s'est demandé pourquoi Pastore a choisi le PSG, alors que des grands clubs européens lui faisaient les yeux doux ? Pastore y répondait mercredi soir sur les ondes de la chaîne cryptée : « j'ai choisi Paris pour plusieurs raisons ». Pour le numéro 27 parisien, la première raison évoquée est le projet : « Tout d'abord parce qu'un beau projet se met en place ».
Le projet parisien, tout le monde le connaît : devenir ou plutôt redevenir un grand d'Europe. L'objectif ultime est, à moyen terme, de remporter la Coupe aux grandes oreilles. A court terme, la qualification en Ligue des Champions est primordial. Dans le même sens, le titre de champion de France est clairement visé. A contrario, ne pas atteindre cet objectif fixé serait vécu comme « un échec » (dixit Leonardo), étant donné le classement actuel et les forces en présence.
Alors, s'il est évident que le projet parisien a attiré le meneur de jeu argentin, c'est son association qui fait nettement pencher la balance. Il ne faut pas se voiler la face : les clés de la réussite de ce projet tiennent dans les mains ou plutôt dans les pieds de l'argentin. Le projet, en soi, a eu une réelle influence sur son engagement avec le club de la capitale. En venant au PSG, il savait pertinemment qu'il se verrait confier le jeu parisien, et par là même, la réussite du projet. C'est ainsi que Leonardo lui a vendu le projet, et c'est ainsi qu'il fallait le vendre. Et personne ne l'aurait mieux fait.
La force de l'équipe
Lorsque l'on écoute Pastore, on ne peut que se rendre à l'évidence : d'autres facteurs sont entrés en jeu. Le temps de jeu notamment. Il le confirme lui même. A chelsea, la concurrence est féroce. Dans le même temps, le PSG lui assure une place de titulaire avec les clés de la maison : « Chelsea ne pouvait pas me garantir le temps de jeu que je souhaitais, contrairement au PSG » confiait il en marge de son arrivée.
Il évoquait mercredi soir, la notion d'équipe et d'avenir, comme facteur qui a fait penché la balance du côté des rouges et bleus : « ensuite, parce que l'équipe est bonne et devrait grandir encore ». Alors voilà, toutes ces raisons peuvent être associées. Pastore, a entre ses mains le jeu parisien. A l'image de l'équipe, il est jeune et est promis à un grand avenir. Il a une réelle marge de progression. L'argentin et l'équipe doivent encore grandir ensemble. Il doit permettre à l'équipe de mûrir. On ne parle pas, ici, de Pastore dépendance. Mais, du fait de son poste de jeu, il doit influencer et diriger le jeu.
Le club de la capitale, avant son arrivée comptait déjà dans ses rangs des joueurs de qualité. L'équipe se composait de joueurs expérimentés (Sissoko), d'anciens du club (Ceara et Armand), d'un joueur passé par les principaux rivaux (Bodmer), de joueurs formés au club avec un devenir important (Sakho, Chamtôme), d'espoirs offensifs en équipe de France (Gameiro et Ménez), d'un brésilien décisif (Néné), de la relève de Makélélé (Matuidi) et de son ami et successeur de Buffon en sélection italienne (Sirigu). L'équipe est clairement attrayante surtout pour un jeune homme de 22 ans, qui s'en voit confier les rênes. Depuis l'arrivée de l'argentin, Diego Lugano a intégré lui aussi le club de la capitale. Evenement qui a dû le conforter dans son choix.
Pour son avenir, il est très important d'être dans une équipe qu'il apprécie et dans laquelle il s'y sent à l'aise. Celle là est promis à un bel avenir, même si elle va subir des modifications dans les mois voire les années à venir. Être le joueur qui permettra au PSG d'être sur « le toit de l'Europe » : rien de plus gratifiant et valorisant pour un joueur de football.
La ville est « magnifique »
Enfin, lorsque l'on évoque Paris, on évoque la capitale de la France, la capitale mondiale du tourisme, la ville lumière, la seule à ne jamais avoir été détruite, la tour Eiffel, des monuments prestigieux, une histoire différente des autres, un rayonnement à part entière. La liste pourrait être bien plus exhaustive. Mais, à vrai dire, ce ne sont pas les propos.
Le mieux est encore de connaître l'opinion de l'argentin : « Et puis, Paris est magnifique ». Il s'y sent bien, il l'a confirmé il y a quelques jours de cela : « je me sens comme chez moi aujourd'hui » confiait il le mois dernier.
Alors, vous me direz, les tentations pour un jeune homme de 22 ans sont nombreuses. Toutefois, et honnêtement, il faut se rendre à l'évidence, Pastore est incroyablement posé et mûre pour son âge. Il a réellement conscience de la valeur des choses. Et cela vaut bien plus que 42 millions d'euros. Cela n'a pas de prix. Son avenir est déjà tout tracé si les efforts sont faits en proportion et si le travail est effectué. L'investissement de sa part doit suivre en conséquence.
Mais, nul doute que Pastore, et ce dès dimanche, aura à cœur de montrer l'étendu de son talent et de justifier son choix. Une chose est sûre : « j'espère y rester longtemps » conclut « El Flaco ».
Certains qualifieront le choix de Pastore comme hasardeux et risqués. Nous, nous l'associerons au choix de Sophie dans le sens où il s'agit d'un tournant dans sa vie en tant qu'homme et en tant que joueur. S'offrait à lui la possibilité de jouer à Chelsea, l'Inter Milan et le PSG. La question se pose : quel choix faire ? Le projet, la ville et, l'équipe ont été déterminants.
Les mauvaises langues, aussi mauvaises soient elles, s'attellent déjà à discréditer le choix de Pastore et sa capacité à s’insérer et s'adapter à la dynamique parisienne. Au vue de sa déclaration, son choix est tout à fait cohérent et légitime. Alors, si vous doutez de lui et de son choix, tournez vous vers le Vélodrome dimanche soir, et tournez vous vers la fin de la saison. Les résultats et le classement parleront plus.