Dans un Parc des Princes affichant une affluence record, les Parisiens ont battu des Marseillais plus en vergue que lors de leurs dernières sorties sur le score de 2 buts à 1. Les joueurs de la capitale plus solides que ces dernières semaines et emmenés par un excellent Jérémy Ménez rejoignent Montpellier en tête de la Ligue 1.
PSG-OM, un match toujours particulier mais aux enjeux divers en cette fin de saison. Le PSG se devait de l’emporter pour rester en course pour le titre tandis que l’OM, à la rue en championnat, avait pour principale ambition la défense de son honneur. Côté parisien, Carlo Ancelotti a sorti de son chapeau un 4-3-3 à la barcelonaise sans attaquant. Ménez, Nenê et Pastore constituent le trident offensif des Parisiens aligné à une reprise cette saison lors de la réception de Toulouse (3-1) début janvier. Derrière on retrouve au milieu Matuidi, Thiago Motta et le capitaine du soir Momo Sissoko. En défense, Mamad’ Sakho est une nouvelle fois sur le banc, remplacé par Milan Bisevac mais pour le reste c’est du classique. Côté marseillais, Didier Deschamps a décidé de se passer des services de Morel, très inquiétant lors de ses derniers matchs et d’aligner Azpilicueta arrière gauche et Fanni arrière droit. En l’absence de Diawara, blessé, c’est Mbia qui glisse derrière aux côtés de Nicolas Nkoulou. Benoit Cheyrou est titulaire au milieu où l’on retrouve également Alou Diarra, Valbuena, Amalfitano et Ayew, Remy occupant seul le front de l’attaque phocéenne.
Toutes les conditions sont réunies pour qu'on assiste à un gros match comme on l'adore. De toute façon Paris n’a pas vraiment le choix et est obligé de s’imposer s’il veut espérer arracher ce titre de champion en fin de saison qui le fuit depuis 1994.
21h00, les 22 acteurs pénètrent dans une arène du Parc des Princes chauffée à blanc. Des drapeaux rouges et bleus ont été distribués aux supporters parisiens, et un énorme tifo « ICI C’EST PARIS » déferle… sur la pelouse. Les dirigeants parisiens désirent théâtraliser les grosses affiches au Parc comme cela avait déjà été le cas face à Montpellier. Mais à défaut de pouvoir monter des tifos dans les tribunes, la direction a donc décidé de faire le spectacle sur la pelouse avant le coup d’envoi. On se croirait à un Stade Français – Stade Toulousain au Stade de France. C’est triste.
Une entame de match tonitruante
21h02, le spectacle débute. Conscients de leur difficulté en première mi-temps et de leurs mauvaises entames de matchs, les Parisiens partent pieds au plancher. Avec un pressing très haut et incisif, le PSG récupère facilement le ballon et parvient aisément à flirter avec les lignes défensives adverses en proposant beaucoup de mouvement. Un impératif lorsqu’on évolue sans véritable attaquant. Les cinq premières minutes n’ont d’ailleurs qu’un seul décor, la moitié de terrain olympienne. Pastore semble être dans le coup et allume la première mèche d’une reprise du droit qui passe largement au-dessus. Quelques minutes plus tard l’Argentin lance sur le côté gauche Nenê à la limite du hors-jeu. L’ancien monégasque couvert par Nkoulou contrôle le ballon et centre au deuxième poteau pour Jallet qui arrive lancé. La reprise du droit de Chris est contrée par Ayew et revient au point de penalty dans les pieds de Ménez qui d’un subtil intérieur du pied droit sans contrôle place le cuir au ras du poteau gauche de Mandanda. Imparable. Après 6 minutes de jeu le PSG ouvre le score sur sa première véritable occasion et se voit récompenser de sa très bonne entame de match. La soirée démarre fort.
Ambiance 90’s sur la pelouse
Suite à l’ouverture du score parisienne, Le jeu se durcit considérablement. Les nerfs sont à vifs et les tacles et semelles se multiplient. Les dix minutes qui suivent le but nous ramènent au cœur des PSG-OM made in 90’s où l’antagonisme et la haine entre les deux clubs les plus populaires de France étaient à leur paroxysme. Une époque de coups, de vilains gestes et de tacles appuyés, révolue depuis plusieurs années mais qui a ressuscité l’espace de quelques minutes en ce dimanche pascal. Le spécialiste à ce petit jeu est bien sûr le capitaine parisien Momo Sissoko qui prend son carton jaune hebdomadaire pour avoir laissé trainer ses crampons sur les chevilles d’Ayew. Valbuena écopera de la même sanction pour un tacle en retard sur Jallet. Le jeu est heurté et plus rien ne se passe. Suite à l’ouverture du score, les Parisiens ont totalement changé d’attitude et se montrent curieusement timides, attendant dans leur camp les Marseillais. C’est dommage. Mais les Phocéens ne restent pas sur une série de 9 défaites en 10 matchs par hasard. En cruel manque de confiance et de créativité, les joueurs de la Canebière n’arrivent que très rarement à se montrer dangereux offensivement et à déstabiliser la défense parisienne. Malgré de bonnes intentions l’OM a de grandes difficultés à produire du jeu et à se procurer des occasions. On n’en signalera que deux au cours du premier acte: à la 27ème minute un centre d’Ayew dégagé par la tête d’Alex retombe dans les pieds d’Amalfitano qui, à l’entrée de la surface de réparation, arme une frappe du droit qui passe de peu à côté des cages du portier italien. Puis sur un nouveau centre d’Ayew venant de la gauche Alou Diarra effectue une reprise taclée, contrée in-extremis une nouvelle fois par Alex. Le défenseur brésilien veille au grain et Paris vire en tête à la mi-temps. Loin d’être flamboyants, les Parisiens ont le mérite d’être présents dans l’engagement et dans l’envie, à l’image d’un Jérémy Ménez auteur de précieux retours défensifs. Pourtant Paris va devoir montrer davantage d’allant offensif pour maintenir ces Marseillais à distance car la différence de 20 points au classement entre les deux équipes est loin d’être évidente sur la pelouse.
Une réaction de champion
Aucun changement de compositions de part et d’autre à la mi-temps, et aucun changement non plus en ce qui concerne la physionomie du match. Les Parisiens ont décidé de subir et les Marseillais peinent à se montrer dangereux si ce n’est sur le coté gauche où Ayew et Azpilicueta arrivent à créer des brèches en combinant habilement. Maladroits et imprécis techniquement, les Phocéens dominent mais on les sent en difficulté à chaque accélération parisienne. Sur l’une d’elle enclenchée par Jérémy Ménez, excellent dimanche soir, le numéro 7 parisien prend de vitesse la défense marseillaise dans l’axe du terrain et sert parfaitement Nenê qui croise trop sa reprise du gauche. A l’origine de chaque décalage, l’ancien romain est le principal danger parisien. Positionné au poste d’attaquant, il évolue en réalité comme un milieu de terrain en descendant très bas chercher les ballons et en se retrouvant aux abords de sa surface de réparation pour défendre. Un Ménez autant impliqué défensivement, du jamais vu depuis le début de la saison ! Mais le PSG devrait être bien plus à son aise dans cette rencontre. Pastore qui n’a été bon que le temps du premier quart d’heure ne pèse aucunement sur le jeu de son équipe. Le milieu de terrain parisien à trois besogneux d’Ancelotti est bien en place et gène les offensives axiales de l’OM mais a du mal à se projeter vers l’avant. L’absence d’attaquant capable de jouer en point de fixation empêche les Parisiens de tenir le ballon plus haut et l’OM monopolise la gonfle. La domination est timide mais va finir par accoucher d’un but. A la 59ème minute, Azpilicueta, très bon dimanche soir, effectue un centre lointain de son côté gauche. Maxwell peu inspiré tout au long de la rencontre se fait manger au duel aérien par Remy, Dédé Ayew reprend de la tête le service de son partenaire et trompe Sirigu. Le Parc se mut. La Desch’ exulte. Et on se dit que le pire peut encore arriver compte tenu des 45 dernières minutes de jeu.
Heureusement le PSG de cette année est doté d’une force de réaction qui n’a que très peu d’égal en France. Sur l’engagement, les Parisiens orientent le jeu vers la droite. A la suite d’une succession de remises en jeu, le club de la capitale obtient un corner. C’est l’artilleur en chef Nenê qui prend le soin de le frapper avec son pied gauche. Le corner est bien botté aux abords de la ligne des six mètres avec une trajectoire rentrante. Alex s’élève dans le ciel parisien, prend le meilleur au duel sur Diarra et de l’arrière du crâne dévie la gonfle dans le but marseillais avec l’aide du poteau. Encore plus malheureux que sur le premier but, Steve Mandanda va une nouvelle fois chercher le cuir au fond de ses filets. Le portier français n’aura eu aucun arrêt à effectuer mais repartira avec deux buts dans la musette. Sale soirée.
Ménez, meilleur joueur sur la pelouse dimanche soir
Paris se redresse. L’OM est touché. Deux minutes après l’égalisation, le club phocéen doit repartir de l’avant s’il veut rentrer à la maison avec au moins le point du match nul. Les Parisiens sont toujours très solidaires et bien organisés derrière guettant la moindre contre-attaque pour porter l’estocade aux Marseillais. Marseille attaque. Paris défend mais défend bien. Tout le monde est au diapason. Ménez montre l'exemple et revient fréquemment dans ses 30 derniers mètres pour défendre. Plus impliqué que jamais, le natif de Longjumeau a sûrement réalisé sa meilleure prestation sous le maillot parisien. Tranchant en attaque et dévoué en défense, le clasico d’hier soir a avant tout été le sien. Le Parc ne s’y est d’ailleurs pas trompé en lui réservant une ovation lorsque celui-ci, épuisé, a demandé à sortir alors qu’il ne restait que cinq minutes à jouer. Souvent critiqué pour son individualisme et son manque d’engagement, Jérém’ a montré à tous ses détracteurs –et il en a un paquet!- qu’il était capable de grandes choses. Personne n’en a jamais douté, mais avec le talent qu’il possède il devrait être capable de réaliser à chaque match ce genre de performance.
Un dernier quart d’heure sous tension
La fin de match est complètement à l’avantage des Marseillais. Carlo tient à conserver ce résultat et renforce considérablement son milieu de terrain et sa défense en ne laissant qu’un seul véritable joueur à vocation offensive; Javier Pastore est remplacé sous les sifflets du Parc par Bodmer, Nenê fait place à Hoarau et Ménez à Mamad’. De son côté, Didier Deschamps sent bien que son équipe peut revenir au score et décide de changer ses cartouches offensives. Amalfitano est remplacé par Gignac, Valbuena par Brandao et dans le temps additionnel Jordan Ayew prend place sur le rectangle vert à la place d'Azpilicueta. Brandao ou Gignac qui fait perdre deux points aux Parisiens on n’ose même pas y croire. Aux sons des « Un BigMac pour Gignac ! Un BigMac pour Gignac ! » qui descendent des tribunes l’OM attaque mais se montre finalement peu dangereux. Si ce n’est sur une tête de Brandao bien repoussée par Sirigu et sur un raté improbable de Cheyrou face au but à quelques minutes du coup de sifflet final. Benoit Cheyrou ou n’avoir qu’on pied gauche. On sent alors que le plus dur est passé mais la fin de match est tendue. Brandao laisse trainer les crampons sur la jambe de Sirigu et récolte un carton jaune. Bisevac reçoit également sa petite biscotte pour contestations. Tandis que Momo Sissoko prend son carton jaune hebdomadaire pour un tacle trop appuyé sur Diarra. Ouais mais Momo tu l’avais déjà pris ton carton. Merde. Les Parisiens sont à 10 pour les cinq dernières minutes de la rencontre. Mais la rassurante charnière centrale Bisevac –Alex ne sera plus inquiétée et l’arbitre Antony Gautier siffle la fin de la rencontre. 22h52, le Parc explose. La Bonne Mère coule. Le clasico est parisien en ce printemps 2012.
Au cours d’une rencontre qui a eu du mal à s’emballer, le PSG a renoué avec la victoire en s’imposant juste-juste face au rival marseillais mais en étant devant au score pendant près de 85 minutes. Emmené par un très bon Jérémy Ménez qui vient sans doute d’assurer sa place dans la liste de Laurent Blanc pour l’Euro, Paris s’est montré ultra-réaliste. Deux frappes cadrées, deux buts. Solide défensivement mais manquant cruellement de maitrise, le PSG s’est arraché pour l’emporter. Les olympiens peuvent s’en vouloir car avec plus de précision, de réussite et d’impact offensif ils auraient pu remporter ce match. Les Parisiens ont sans doute gagné une des parties les plus importantes de cette fin de saison, et restent à la lutte pour le titre. Peu importe la manière, un clasico se gagne. Paris l’a fait. Paris a assuré et peut toujours rêver. C’est tout ce qui importe aujourd'hui.