Leonardo, le directeur sportif du PSG s'est confié dans les colonnes de l’Équipe et du Parisien hier après-midi. Le rendez-vous avait déjà été repoussé à plusieurs reprises. La faute à quoi ou plutôt à qui ? Son quatrième enfant, Tiago, à la suite d'un accouchement interminable pour le couple. C'est donc en homme exténué que ce grand monsieur du football s'est présenté aux journalistes et s'est prêté au jeu des questions réponses.
Des émotions, de la stabilité, voilà ce qu'est venu chercher Leonardo
En arrivant au PSG, il savait qu'il s'attaquait à une lourde tâche : celle de remettre le PSG dans le gratin européen, dans l'élite, tout en préservant l'identité du club et tout ce qui s'y rattache.
Il n'est pas venu pour faire de la figuration ou être un simple « pantin » comme a pu le qualifier Larqué, il y a quelques jours de cela. Qu'il s'agisse de lui, des Qatariens ou de Jean Claude Blanc, ils ont tous un rôle à jouer. Nous ne sommes qu'au début de cette grande aventure et quelque chose de grand est en train de se construire : « On est là pour construire quelque chose ». Pourtant, nous sommes encore aux balbutiements, aux prémices de ce qui sera sûrement un fait marquant de l'histoire du club et du football. Aujourd'hui, « nous sommes encore fragiles », Paris doit devenir « stable ».
Leonardo ajoute « Je ne regarde pas mon image, je cherche des émotions ». Si il est venu chercher des émotions sur la trace de ses anciens pas, il est et il va être servi. Ce n'est pas pour rien que Paris est magique, ce n'est pas pour rien qu'il y a un tel engouement derrière ce club.
Le poste d'entraîneur, il ne l'intéresse pour rien au Monde, et par respect pour lui, les qatariens ne lui demanderont pas. Mais, dans le monde du football, rien est écrit et rien est figé : « Je ne dis pas que ça n’arrivera plus car à Milan, je n’étais pas programmé pour être entraîneur et je le suis devenu. Mais c’est sûr que je ne le ferai pas au PSG ». Selon lui, « ça n'aurait pas de sens ».
En ce qui concerne le camp des loges, Leonardo sait tout ce qu'il s'y passe. Les mauvaises rumeurs qui annonçaient qu'Angelo Castellazzi avait été engagé dans le staff dans le seul but de faire des rapports au brésilien sont totalement infondées comme la plupart des rumeurs qui circulent autour du club de la capitale : « je viens deux fois par semaine et je sais tout ce qu'il se passe. Je n'ai besoin de personne pour ça ». Il est comme les singes de la sagesse réunis en une seule personne : il voit tout, il entend tout, il dit tout.
La communication et le cas Ancelotti
Un manque de communication dans le vrai-faux départ de Kombouaré et dans la possible arrivée d'Ancelotti, voilà ce qui était reproché au brésilien ces derniers temps. Mais, comme il l'explique, il ne va tout de même pas réagir à chaque rumeur. Il s'avère que le brésilien est très occupé du fait de sa fonction et n'a pas de temps à perdre à commenter chaque buzz crée de toute pièce par les médias : « je ne vais pas toujours commenter les rumeurs ». Le PSG est entré « dans la cour des grands ». Il va falloir s'y habituer, « ces bruits vont arriver continuellement ».
En ce qui concerne Ancelotti, jamais le brésilien n'a réfuté le fait de l'avoir rencontré, ils sont amis : « mais on se connaît !». Voilà, comment une simple rencontre devient un haut lieu de rassemblement, durant laquelle les hautes décisions se prennent. Les medias l'ont fait. Alors, faut il les remercier ? Économiquement, oui, ils vendent des torchons et côté marseillais, cela doit faire un carton. Après footballistiquement parlant, et surtout humainement, non. Ces abérations ne deviennent plus tolérables. Nous ne sommes pas dans la fiction, ni dans un jeu de télé-réalité mais la vraie vie. Certaines personnes sont concernées.
Après, est ce que Leonardo veut d'Ancelotti, la réponse est évidente, comme il souhaiterait Neymar, Messi, etc : « Ancelotti, Benitez, Mourinho, Wenger, les grands joueurs, s’ils sont sans club, tout le monde les contacte. Si Messi quitte un jour Barcelone, où va-t-il aller? Seuls cinq ou six clubs peuvent l’accueillir. Pareil pour Neymar. On est entrés dans la boucle comme dans toutes les grandes affaires. Il faut s’y habituer. Beaucoup de joueurs veulent venir » explique t-il.
Aujourd'hui, par rapport aux saisons précédentes, la France attire des joueurs. Pourquoi ? La principale raison est le pouvoir d'influence qu'a le PSG depuis son rachat. Le projet parisien attire beaucoup de convoitises : « Jusqu’à maintenant, elle exportait des joueurs et des entraîneurs. Le PSG inverse la tendance ».
Une toute autre question se pose : a t-il proposé à Ancelotti le poste de Kombouaré ? « Non, il n’y a jamais eu de proposition directe. La situation est claire, Antoine la connaît depuis le début. Et elle n’a pas changé » admet le directeur de sportif. Enfin, pour finir avec Ancelotti, « c’est un grand nom, mais ça ne change rien à la situation de Kombouaré. On a le même objectif, on est en train de construire quelque chose ». La principale préoccupation de Leonardo est le projet, et il ne le perd jamais de vu. Voilà qui devrait calmer pour quelques temps les médias.
L'avenir Kombouaré
L'avenir de Kombouaré repose dans les mains de Leonardo et des qataris. Leonardo parle de la sincérité qui régit ses rapports avec le kanak. Les deux se disent en toute honnêteté les choses et partagent leur vision : « Je sais ce qu’il pense, il sait ce que je pense, on a eu dix mille échanges par rapport à notre vision du club. Il n’y a rien de caché. On a fait de bonnes choses, il y a des choses qu’on peut faire mieux. Ce qui a changé, c’est notre position en championnat. On est premiers, alors on est obligés de penser à gagner le titre. Si on ne finit pas premier, ce sera pire qu’aujourd’hui, alors on ne peut pas se cacher ». Pour résumer, si les résultats ne sont pas à la hauteur des attentes que suscitent le classement actuel et les investissements, nul doute qu'une décision sera prise. Pour l'heure, il n'en est pas question afin de préserver la dynamique actuelle, respecter le travail effectué et continuer à progresser.
Aujourd'hui, entre Leonardo et le PSG et entre Leonardo avec Kombouaré, tout se passe relativement bien. Cette histoire vient seulement de commencer et comme le dit le brésilien : « quand on se marie, on ne pense pas au divorce. Aujourd’hui, on veut tout gagner, et on a les moyens pour le faire. Mais ça va vite. Marseille a perdu trois matchs et certains demandaient la tête de l’entraîneur. Un joueur qui ne joue pas bien trois matchs se retrouve sur le banc, c’est la vie et ce n’est pas un problème. Aujourd’hui, on est tranquille, rien ne nous inquiète ». Pourquoi faire des histoires, là où il n'y a pas lieu d'en avoir. Les polémiques, il y en aura toujours. Aucune rupture n'est à envisager. Mais attention aux résultats, plusieurs contre-performances ou un jeu de faible qualité et Kombouaré pourrait voir son avenir compromis.
Le PSG ce n'est pas seulement Kombouaré ou Leonardo, c'est un ensemble, un collectif. Parfois, il faut savoir se sacrifier ou sacrifier quelqu'un pour obtenir des résultats d'ensemble beaucoup plus convenables. La star du PSG c'est le PSG. L'intérêt collectif et général prime sur l'intérêt personnel. Certes, la saison prochaine, il faut la préparer, c'est évident. Mais il faut surtout savoir vivre l'instant présent notamment en tant que coach, car à tout moment, on peut se voir mettre au placard. En outre, il a des préoccupations beaucoup plus proches, comme les entraînements, le collectif à travailler,etc. Kombouaré ne pense pas à la saison prochaine : « Même lui ne se pose pas cette question, un entraîneur pense à ce qu’il vit, pas à ce qu’il va devenir. Il pense au prochain match, à son travail. Il faut penser en grand ». Penser en grand, être dans la cour des grands. Décidément, le PSG a réellement franchi un pallier cette saison.
Enfin, Leonardo avoue avoir eu la possibilité de changer d'entraîneur. Par respect pour le travail entreprit et la personne, il ne l'a pas fait. Il n'en n'a pas ressenti le besoin : « Il ne faut pas dévaloriser Kombouaré, parce qu’il n’a vraiment rien de fragile. Il est très fort, il a des valeurs très fortes, il connaît le métier, il connaît le PSG. J’avais la possibilité de changer d’entraîneur cet été, personne ne m’a obligé à le garder ». Ce n'est pas parce que l'on a de l'argent, qu'il faut le jeter par les fenêtres. Le brésilien a beaucoup de considérations pour le kanak. Il connaît les limites à ne pas franchir. Il ne veut pas intervenir, ni interférer dans le travail de l'entraîneur : « non, j’ai été entraîneur et dirigeant, je connais la limite et je la respecte. C’est fondamental de respecter la ligne ».
Alors, Kombouaré a sa place, pour l'instant, dans l'organigramme. Mais il ne fait aucun doute, qu'en cas de mauvais résultats, d'une mauvaise gestion ou d'un jeu médiocre, une décision pourrait être prise.
Le collectif
La gestion des égos est une phrase qui ne devrait jamais être dite, qui ne devrait pas exister : « c’est la vie. tout le monde a un ego. Moi je ne suis pas candidat au prix Nobel de la Paix. Je ne cherche pas à faire le bon garçon et m’excuser à chaque fois. Vraiment la gestion des égos ça ne veut rien dire ». Avoir du caractère, c'est primordial, surtout lorsque l'on évolue au PSG : « un joueur peut se fâcher dans un match, c’est normal ». Alors tout ce que l'on a pu entendre et lire dans la presse ne sont que des amas de duperies. Perturber le PSG, le déstabiliser devient une fâcheuse habitude des médias. Attention à ne pas trop dire de bêtises. Un joueur fâché, ou agacé ce n'est pas la fin du Monde et ne dérange pas Leonardo, qui voit dans cette attitude une forme d'abnégation.
Pour ce qui est du jeu proposé, le PSG stagne : « au début les joueurs font ce qu’ils savent faire. Après, ils doivent faire ce qui est bon pour tout le monde. C’est plus difficile ». Le jeu parisien repose surtout sur ses individualités. Le collectif vient peu à peu mais il faut être plus « régulier ».
Pour ce qui est de la récente élimination en coupe de la ligue, cela fait mal, mais il faut savoir rebondir derrière une telle déception. Le plus important est de comprendre les raisons de l'échec pour ne pas commettre les mêmes erreurs : « si on a perdu, il faut savoir pourquoi ». Il explique également l'importance de l'abnégation : « On veut, on veut! On a perdu et ce n’est pas bon. Alors on va s’entraîner mieux et lutter. » Sa battre et combattre, voilà ce qu'il faut.
Leonardo, cela ne fait que quelques mois qu'il est là et il a déjà détecté le paradoxe de notre championnat. Les clubs se donnent les moyens de se qualifier pour l'Europe et lorsque ces clubs se qualifient, ils ne la jouent pas comme il se devrait : « il y a quelque chose de contradictoire en France. Tout le monde joue le championnat pour se qualifier pour une Coupe d’Europe. Et après, il faudrait gérer l’effectif dans cette épreuve en vue du championnat ? Je comprends que certaines équipes ne puissent pas tout jouer. Mais pas à Paris. Jamais ». Pour Leonardo, aucune compétition ne doit être négligée et lance un appel à son entraîneur concernant le onze affiché en coupe d'Europe.
Pastore, est un futur grand joueur, cela ne fait aucun doute. Il est jeune et doit encore progresser. Il a un potentiel et une marge de progression impressionnante : « c’est un joueur exceptionnel. J’ai zéro inquiétude ». Aujourd'hui, il fait face à un coup de moins bien, la fatigue. Pour Leonardo, tout ceci se passe dans la tête : « Il dit ça car il l’a entendu quatre fois et il y a cru ! Mais il va gérer ça ». La gestion de l'état physique se travail et se déroule surtout dans la tête. Nul doute que le brésilien lui accorde une totale confiance.
L'objectif premier, Leonardo le dit lui même : « Là, on est premiers et on va chercher à le rester et à être champions ».
Le dossier Beckham
Pour Leonardo, « Beckham est unique, il a fait une carrière incroyable, il est très heureux dans sa vie à Los Angeles, mais ce choix dépend beaucoup de sa famille. Je ne suis ni optimiste ni pessimiste. Mais cela montre que le PSG est entré dans ce monde. J’espère utiliser cela pour construire quelque chose d’important ». C'est du 50-50, même si le brésilien laisse sous-entendre que selon lui, il devrait venir : « Il ne dira pas non, on se parle, on discute… Il ne refusera pas le PSG, ce n’est pas comme ça qu’il faut voir les choses. Il faut tout prendre en compte et si ce n’est pas possible, ce n’est pas un échec ».
Alors, viendra, viendra pas ? Seul l'avenir nous le dira.
Leonardo a clairement voulu faire le point sur la situation et mettre les choses au clair sur les sujet bouillants qui tourbillonnent en ce moment au PSG. Une chose est certaine : l'objectif, c'est le titre !