Madame,
Je lis vos propos parus ce jour dans le Parisien et je m’étonne que ces quelques mois d’expérience, concernant la lutte contre les violences dans le sport, ne vous aient pas servis afin de faire preuve de plus de discernement.
Vous avez ordonné, à la suite de l’affaire de la banderole anti-chtis, la dissolution du groupe de supporters les « Boulogne Boys », n’avez-vous pas depuis mesuré l’inefficacité de cette mesure et surtout le fait qu’elle soit un non sens ?
De l’avis de beaucoup de gens, spécialistes, journalistes, ultras ou même simples supporters et ce de tous clubs, les associations de supporters en tribunes sont essentielles dans cette lutte. Ces groupes permettent en effet d’avoir un interlocuteur dans ces tribunes, pas toujours le bon mais ne vaut-il pas mieux un interlocuteur même peu influent que PAS d’interlocuteur du tout ?
Ces groupes permettent d’identifier les individus, de les connaitre et de savoir quels sont les fauteurs de troubles.
Ces groupes organisent la vie dans les tribunes, y sont impliqués au plus près, et c’est EUX seuls qui, dans les tribunes, sont au fait des réalités et de ce qu’il s’y passe.
Enfin, et cet aspect n’est pas des moindres, lorsque les choses se passent bien, ce sont CES groupes qui animent les matchs par de magnifiques tifos, qui coordonnent les chants, etc…
Aussi, lorsque vous dites que la dissolution de ces même groupes serait un message fort, réfléchissez bien à ces propos, ils signifient que les personnes identifiables jusqu’alors seront indépendantes, n’auront plus de groupe dont ils doivent respecter les règles, les dirigeants de ces groupes étant aussi là pour rappeler à l’ordre ceux qui seraient tentés de sortir du droit chemin….
Vous rejetez sans cesse la faute sur ces associations, sur les clubs, mais la faiblesse est avant tout celle des pouvoirs publics. Dans les stades, les clubs dépensent des sommes importantes pour la sécurité (stadiers, etc…) mais à l’extérieur, c’est aux forces de l’ordre de faire régner le calme.
Vous voulez des mesures fortes ? Utilisez les informations des renseignements généraux, qui connaissent très bien la plupart des individus violents, prononcez des interdictions de stade massives (et non pas 16 comme pour les incidents de dimanche dernier impliquant quasiment 300 personnes), ordonnez aux CRS d’empêcher a tout prix les confrontations lorsque cela est possible (et cela était possible dimanche, les tensions entre les 2 virages parisiens sont connues de tous, aussi, quand un groupe de 150 personnes se dirige du virage Boulogne vers le virage Auteuil en scandant des slogans belliqueux, les CRS auraient du s’interposer, empêchant ainsi la confrontation).
Bref, Madame Alliot-Marie, il est grand temps que vous preniez la mesure de vos actes, qui vont à l’encontre d’un apaisement et qui, surtout, ne sont pas adaptés pour pouvoir résoudre ce problème de violence.
Un supporter en colère